Retour au travail après une chirurgie de l’épaule : Evolution de la douleur et des mouvements des bras

Le retour au travail après une chirurgie de la coiffe des rotateurs de l’épaule est un processus complexe. Or, peu d’études se sont intéressées à la question de l’évolution de la douleur et des mouvements de l’épaule opérée durant les mois suivant la reprise du travail. Ainsi, l’objectif de cette étude était d’observer, à différents temps après le retour au travail, l’évolution de la douleur et de la gêne fonctionnelle de l’épaule opérée ainsi que les sollicitations des deux épaules au cours de l’activité de travail. Méthode: 10 participants (5 men et 5 women) opérés de la coiffe des rotateurs ont complété des cahiers de suivi de la douleur et de la gêne de l’épaule opérée (échelle de 0 à 10) juste après la reprise du travail (cahier 1 = moyenne des 4 semaines suivantes), ainsi qu’au cours des 4 semaines du 5ème mois post-reprise (cahier 2). Par ailleurs, pour chaque participant, un accéléromètre (Axivity™) a été placé sur chaque bras, le haut du dos et la cuisse droite lors d’une journée de travail standard effectuée environ 1 mois (J1) et 12 mois après la reprise du travail (J2) afin d’étudier les postures de travail et les sollicitations des épaules. Différents indicateurs biomécaniques ont été calculés au moyen du logiciel Acti4 (NRCWE). Résultats: Les niveaux de douleur et de gêne ont significativement (p<0.001) diminué entre le cahier 1 (respectivement, 2.73 ± 0.34 et 3.30 ± 0.86) et le cahier 2 (respectivement, 1.05 ± 0.18 et 1.23 ± 0.18). Au cours du travail, le temps d’élévation du bras opéré (entre 0 et 30° et entre 30 et 60°) était significativement plus important à J2 par rapport à J1 (respectivement, p=0.003 et p=0.026). Il a également été observé une diminution significative du 50ème percentile de l’accélération du bras non opéré entre J1 et J2 (p=0.036). Les indicateurs biomécaniques caractérisant les postures du corps (temps passé assis/debout, inclinaison du dos, …) ne présentaient pas de différence significative entre J1 et J2 (p>0.05). Conclusion: Les niveaux perçus de douleur et de gêne de l’épaule opérée ont diminué au cours des 5 mois suivant la reprise du travail. Au cours de l’activité de travail, ce résultat s’est traduit par une utilisation plus prononcée de l’épaule non opérée en début de reprise, puis vers une mobilisation plus importante de l’épaule opérée un an plus tard (abandon de stratégies gestuelles compensatrices au fil du temps). Le retour au travail après une intervention de la coiffe des rotateurs est donc un processus dynamique qu’il convient de suivre suffisamment longtemps.