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Travail en horaires atypiques

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  4. Effets sur la santé et accidents (rubrique sélectionnée)

Effets sur la santé et accidents

On y distingue deux grandes catégories : le travail de nuit et posté et les autres horaires atypiques. Ils engendrent en effet des risques spécifiques pour la santé par des mécanismes différents et des conditions d’exposition variables.

Les effets du travail de nuit

Travail de nuit, comprendre les effets sur la santé

Travail de nuit - Comprendre les effets sur la santé (anim-387)

 

Le travail de nuit est un facteur de risque pour les travailleurs. En effet, l’organisme est soumis à un rythme dit circadien, programmé par des horloges internes, et qui agissent sur de nombreuses activités physiologiques dont la prise alimentaire, les sécrétions hormonales et l’alternance de la veille et du sommeil.

L’existence de ces rythmes biologiques traduit la nécessité pour certaines activités physiologiques de se produire à un moment précis de la journée et pas à d’autres. L’horloge biologique est influencée par des facteurs extérieurs comme la lumière, l’exercice, les prises alimentaires qui, sous influences contradictoires, peuvent provoquer des états de désynchronisation. Cette perturbation des rythmes biologiques peut engendrer des effets sur la santé. L’ANSES a produit un rapport d’expertise collective qui fait état des connaissances scientifiques sur ces effets. Ils y sont catégorisés selon leur risque en trois groupes : avérés, probables et possibles.

Les risques avérés

Ils correspondent aux troubles du sommeil, et aux troubles métaboliques.
Le travail posté et/ou de nuit est souvent associé à une diminution de la durée du sommeil ce qui aboutit à un déficit chronique de sommeil (réduction de 1 à 2 heures de sommeil par jour). Le sommeil en journée est de moins bonne qualité (plus court, morcelé, perturbé par des éléments extérieurs comme le bruit par exemple) et donc moins réparateur. Les troubles du sommeil se traduisent par une somnolence, et une diminution de la vigilance pouvant être à l’origine d’accidents survenant la nuit. Ces derniers sont plus importants lors du trajet « aller » avant le poste du matin, et lors du trajet « retour » après le poste de nuit. Les accidents du travail sont plus nombreux lors du travail de nuit : plusieurs grandes catastrophes industrielles, comme Tchernobyl, Bhopal, Three Mile Island par exemple, ont eu lieu la nuit.

De plus, les postes longs (plus de 9 heures) ont un risque accidentel accru.

Le syndrome métabolique (qui est défini comme la présence chez un même individu d’une augmentation d’au moins trois paramètres parmi les cinq suivants : le tour de taille, la pression artérielle, les triglycérides, le cholestérol et la glycémie) est également un effet avéré du travail de nuit et ce d’autant plus que les paramètres associés sont nombreux.

Les risques probables

Ils sont représentés par les effets sur la santé psychique, sur les performances cognitives, sur la prise de poids et l’obésité, ainsi que le diabète de type 2 et les maladies coronariennes (ischémie coronaire et infarctus du myocarde).

Les troubles de l’humeur, l’augmentation de la dépression, de l’anxiété, de l’irritabilité, ainsi que des troubles de la personnalité sont fréquemment rapportés par les travailleurs de nuit. A leur origine, pourraient être incriminés l’altération du système circadien, le manque de sommeil et aussi les facteurs de risques psychosociaux liés à cette organisation du travail. La baisse des performances cognitives (mémoire, langage) serait surtout attribuable à la privation de sommeil. Lors du travail de nuit, la désynchronisation de l’horloge circadienne associée au manque de sommeil seraient à l’origine de la prise de poids et de l’obésité ainsi que du diabète de type 2. Le travail de nuit exposerait à un risque cancérogène que l’expertise collective a considéré comme également probable. Le Centre International de Recherche sur le Cancer (Circ) avait classé en 2007 le travail de nuit dans le groupe des cancérogènes probables pour l’homme (catégorie 2A) et a réaffirmé cette classification en 2019. Les cancers concernés sont : sein, prostate et colon/rectum. Cette classification actualisée du Circ se base sur des "indications limitées de cancer chez l'Homme", des "indications suffisantes de cancer chez l’animal de laboratoire" et des ’indications expérimentales fortes chez l’animal de laboratoire ».

Les risques possibles

Les dyslipidémies, l’hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux sont des effets possibles du travail de nuit. En effet, il existe de nombreuses imprécisions et limites méthodologiques concernant les études scientifiques à leur sujet ce qui ne permet donc pas de conclure de façon plus affirmative quant à l’existence d’un lien avec le travail de nuit.

Autres effets

Des effets sur la vie sociale et familiale
  • Limitation de la vie sociale (difficultés à organiser des rencontres amicales et difficultés d’accéder aux activités sociales culturelles, sportives, associatives…).
  • Limitation du temps de rencontre et de partage dans le couple.
  • Déséquilibres dans le fonctionnement familial (diminution de la fréquence et de la durée des interactions familiales…).
  • Diminution de la qualité des relations parents-enfants.
     
Des risques au cours de la grossesse

Le travail posté et/ou de nuit augmenterait le risque d’avortement spontané, d’accouchement prématuré et de retard de croissance intra utérin.

Des troubles digestifs

Des difficultés de digestion se manifestant par des douleurs de l’estomac et des ballonnements peuvent se rencontrer chez le travailleur de nuit.

Cas particulier organisation du travail de nuit en 2x12 heures

En comparaison avec les postes de 8 heures, des effets spécifiques sur la santé ont été mis en évidence chez les salariés, notamment du secteur de la santé, soumis à ces postes longs.

On observe en effet une augmentation :

  • du risque d’endormissement au travail et de la fatigue,
  • de la somnolence diurne,
  •  du risque de troubles métaboliques,
  • de l’insatisfaction au travail et de l’intention de quitter son travail,
  • de la prise de poids,
  • des pratiques addictives,
  • des pathologies lombaires,
  • des erreurs,
  • de la survenue d‘accidents de travail et de trajet,
  • une diminution des performances au travail dont la qualité des soins.

 

Les effets des horaires atypiques sans nuit

De façon générale, les travailleurs en horaires atypiques sont davantage soumis à des polyexpositions. Ils ont des comportements et un état de santé plus dégradés et sont plus touchés par l’isolement social et des soucis d’articulation vie professionnelle - vie personnelle. Des effets collatéraux sont également mentionnés sur la vie sociale et familiale.

Les astreintes

Cette forme de travail prévoit une mise à disposition du salarié depuis son domicile avec réponse au téléphone voire déplacements si nécessaire.

 

L’imprévisibilité des appels téléphoniques est un frein à la déconnexion du salarié car elle maintient une charge mentale, le travailleur se sentant obligé d’être sur le qui-vive en permanence. Cette absence de mise à distance du travail affecte également le temps consacré à la vie de famille et à la vie sociale. Cette non-déconnexion agit également sur les niveaux de stress et, en conséquence, affecte la quantité et la qualité du sommeil, soit directement, soit indirectement via le stress et l’appréhension liés à l’éventualité d’être dérangé.

Le travail du dimanche 

Travailler le dimanche implique une perte des liens sociaux familiale et amicale ainsi qu’une diminution du temps de loisir qui vont au-delà de celles qui peuvent être observées un jour de semaine, en raison du caractère synchronisateur de ce jour.

 

Le dimanche apparaît comme la journée la plus à risque pour l’accidentologie au travail. Cette sinistralité s’explique par la présence le dimanche de plus de jeunes travailleurs, alors qu’il y a moins de titulaires et de management. Parfois, un travail le dimanche constitue un second travail et donc engendre davantage de fatigue.

 

Travailler le dimanche affecte également le sommeil. En effet, la valeur « récupératrice » du dimanche est différente de celle d’un autre jour de repos. La qualité du repos n’est pas la même un jour en semaine : plus de bruit, activités familiales à assurer…

Enfin les salariés travaillant le dimanche déclarent aussi une santé perçue plus dégradée.

Le travail en horaires flexibles, variables ou imprévisibles

La flexibilité a des conséquences négatives sur le sentiment de sécurité des travailleurs, et cette insécurité est à l’origine de stress et de problèmes de santé.

 

Le travail flexible peut avoir des avantages pour les salariés quand celui-ci permet des arrangements entre salariés afin de concilier au mieux la vie au travail et hors travail. En d’autres termes, la flexibilité est positive quand les salariés ont le contrôle sur celle-ci. Ainsi, ce n’est pas la variabilité qui est nocive mais l’absence de contrôle sur le système horaire.

 

Le travail flexible subi est, en outre, associé à une mauvaise santé cardiovasculaire, à de la fatigue et à des effets sur la santé mentale.

 

L’imprévisibilité des horaires de travail est moins bien vécue par les femmes, car elles assument encore la majorité des contraintes familiales. En effet, cela leur demande d’anticiper leur organisation, ce qui peut augmenter leur charge mentale. Une grande variabilité des horaires a par exemple été associée à l’épuisement émotionnel chez des infirmières.

Le travail en horaires coupés (ou fractionnés) et le travail du soir

Ce type d’horaires fait référence à un temps de travail fragmenté par des coupures de durée variable entre deux périodes de travail. Cette organisation du travail est rarement choisie et souvent subie.

 

La dissonance entre horaires de travail fractionnés et vie familiale et sociale est particulièrement péjorative. Les salariés soumis à des horaires fractionnés travaillent aux moments où sont programmées de multiples activités sociales et familiales.

 

Un des effets sanitaires des horaires fractionnés est la dette de sommeil. La somnolence associée à cette dette de sommeil est également source d’une sinistralité augmentée.

 

Outre la coupure entre les deux périodes de travail, peu propice au repos et à la déconnexion, des effets spécifiques ont été constaté pour le travail du soir.

Travailler le soir augmente :

  • les problèmes de santé, notamment dû au retard de l’heure du diner. L’intervalle de temps entre le diner et le coucher semble être une variable particulièrement sensible : un intervalle de temps court semble associé à des risques de cancers du sein et de la prostate,
  • les accidents du travail (blessures, chutes, …).

 

Effets de la pluriactivité

Etre pluriactifs, c’est travailler pour plusieurs employeurs ou exercer plusieurs professions.

 

Selon des scientifiques réunis en congrès à Berlin en 2002 différents profils de pluriactifs existent :  le « boulimique » (travailleur très diplômé qui combine volontairement deux activités), « l’entrepreneur prudent » (qui attend que son activité soit prospère pour cesser sa première activité), le « prolétaire survivant » (qui n’a pas le choix), et le profil idéal du « visionnaire futuriste » (qui a fait ce choix volontairement avec une combinaison favorable des emplois). Les effets sur la santé vont être différents selon les profils. Par exemple, les pluriactifs vulnérables, dont la pluriactivité ne résulte pas d’un choix, ont une santé physique et mentale plus dégradées que les autres.

 

Le risque premier de ce type de travail, commun à tous les pluriactifs hors temps partiel, est l’exposition à des horaires longs et, par conséquent, à des troubles du sommeil et de la vigilance diurne. Ce déficit de sommeil expose potentiellement plus à des erreurs ou à des accidents hors et au travail. Cette sinistralité plus élevée chez les pluriactifs s’explique aussi par le stress, des comportements précipités liés à la charge de travail et un plus faible investissement du management pour des employés qui n’occupent pas un temps plein.

 

D’autres effets sur la santé sont également associés à la pluriactivité : mortalité augmentée, diabète, hypertension, pathologies cardiovasculaires et augmentation de l’indice de masse corporelle. Par ailleurs, la non-flexibilité des horaires, pour certains, peut entrainer une moindre satisfaction au travail.

Effets des horaires longs

Les horaires longs sont des horaires de travail correspondant à une durée hebdomadaire de 40 heures ou plus.

 

Ces postes en horaires longs peuvent présenter des avantages financiers (paiements des heures supplémentaires) et quand ces horaires sont pratiqués dans le cadre de « débordements » des horaires prévus par choix des salariés, c’est en général pour permettre une meilleure autorégulation de la charge de travail et une certaine flexibilité. Par exemple, c’est ainsi avoir la possibilité de faire une coupure en fin de journée pour s’occuper de ses enfants, et ensuite avoir la possibilité de retravailler quand ils sont couchés.

 

Les recherches bibliographiques récentes montrent que le travail en horaires longs est à l’origine d’effets sur la santé : troubles psychiques (dépression, anxiété, suicides…), troubles du sommeil, addictions, anomalies lors de la grossesse et d’autres altérations de l’état de santé général. Les horaires longs sont aussi suspectés d’être à l’origine de la mort par surmenage ou Karoshi, de maladies coronariennes ou incidents coronariens et d’accidents vasculaires cérébraux.

 

Les horaires longs peuvent être également incriminés dans la survenue d’accidents, et en particulier d’accidents de travail et de trajet, du fait de la fatigue et des troubles cognitifs qu’ils semblent pouvoir engendrer.

Pour en savoir plus

 

Mis à jour le 14/11/2023