Prévention
La prévention des TMS passe par un dépistage préalable des situations de travail à risque, puis par une intervention ergonomique. Un diagnostic médical précoce est également important.
La démarche de prévention des TMS repose sur 3 principes fondamentaux que sont l'approche globale pour prendre en compte tous les facteurs de risque, la participation de tous les acteurs de l'entreprise et le partage des connaissances ainsi que des compétences.
La démarche de prévention des TMS repose principalement sur une phase d'intervention qui comporte 4 étapes : mobiliser, investiguer, maîtriser et évaluer.
Schéma de la phase d'intervention
Des outils sont disponibles à ces différentes étapes
Mobiliser
La prévention des TMS nécessite un engagement de la direction. Celle-ci doit en effet :
- comprendre les enjeux et adhérer à la démarche de prévention,
- dégager les moyens nécessaires (humains, financiers, temporels)
- associer les différents services, les représentants du personnel, le CHSCT et/ ou les instances représentatives du personnel ainsi que le service de santé au travail
- Faire appel si nécessaire à des partenaires externes à l’entreprise (CARSAT/CRAM/CGSS, IPRP, ergonomes consultants, ARACT…)
Cette étape permet de motiver tous les acteurs, de les informer et de leur faire comprendre les enjeux de la démarche. Elle conduit aussi à faire de l’intervention une véritable conduite de projet, avec une instance de pilotage et la constitution de groupes de travail, la définition d’objectifs précis, d’échéances et de critères d’évaluation de l’efficacité. Elle doit être entretenue tout au long de la démarche.
Agir ensemble est une condition indispensable à la réussite de la démarche de prévention.
Investiguer
Connaître le risque
L'objectif est de rechercher des données sur la santé des salariés et celle de l'entreprise. Ce recueil d'information permet de mieux connaître le risque et de déterminer les situations de travail à analyser en priorité (secteurs ou postes de travail à risque). Ce travail, réalisé avec la contribution des services de santé au travail, peut se faire :
- par des entretiens avec les salariés,
- par l'analyse des données existantes sur la santé des salariés ou à partir d'un recueil prospectif au moyen d’outils tels que le questionnaire nordique, et le protocole clinique SALTSA, avec la contribution du médecin du travail,
- par l'analyse des données de l'entreprise.
Le taux de turnover, l'absentéisme, les types de contrats, la répartition par âge, le fonctionnement global du processus de production sont des exemples d'informations à recueillir permettant de mieux comprendre la santé de l'entreprise. Les sources d'informations sont diverses : entretiens, rapport annuel du CHSCT, bilan social, rapport annuel du médecin du travail…
Analyser les situations de travail et identifier les facteurs de risque
L'objectif est de dépister les situations de travail à risque et d’en rechercher les causes. L'identification des facteurs de risque au poste de travail doit s'accompagner d'une compréhension des mécanismes qui expliquent leur présence. Cela nécessite :
© P.Delapierre/INRS/2019
- d'analyser le travail réel au moyen d’entretiens et d’observations afin de décrire finement la succession chronologique des actions effectuées par le salarié et, éventuellement, d’identifier les écarts avec le travail prescrit
- d'effectuer des mesures permettant d'évaluer le dimensionnement du poste ainsi que l'environnement physique (éclairage, niveau sonore, ambiance thermique….)
- d'évaluer, grâce à des mesures et/ou à partir du ressenti des salariés sur leur travail, les contraintes biomécaniques, psychosociales et liées à l'organisation pour identifier des leviers d’action permettant de réduire le risque de TMS
Analyse de l'activité, mesures de dimensionnement et d'environnement physique
Le recueil de ces données est le propre de toute étude ergonomique.
Evaluation des sollicitations biomécaniques
L'évaluation des sollicitations biomécaniques doit porter sur :
- la répétitivité des gestes
- le maintien prolongé de la posture
- les efforts excessifs
- les amplitudes articulaires extrêmes
La gestuelle est considérée comme répétitive si :
- des mouvements identiques ou comparables du membre supérieur sont effectués toutes les 10 à 15 s (check-list de l'OSHA, 1997)
- le temps de cycle est inférieur à 30 s (norme EN 1005-5, 2007)
- la même activité est exercée pendant au moins 50 % du temps de travail (norme EN 1005-5, 2007)
- la fréquence des actions techniques par membre est supérieure à 40 par minute (norme EN 1005-5, 2007)
En ce qui concerne la posture, il faut éviter particulièrement :
- l'extension répétée et / ou prolongée du cou
- le travail au-dessus du niveau des épaules
- les positions extrêmes du poignet en extension ou en flexion
- le maintien d'une même posture plus de 4 secondes
- les prises d'objet au-delà de la zone d'atteinte de confort
En ce qui concerne l'effort de préhension, il peut être quantifié à partir de l'enregistrement de l'activité électrique des muscles fléchisseurs (avant-bras) ou estimé grâce à des échelles d'évaluation (voir chapitre "outils d’analyse des risques").
Evaluation des facteurs psychosociaux et organisationnels
Les entretiens et l’utilisation d’outils tels que l’outil RPS/DU (Voir brochure « Evaluer les facteurs de risques psychosociaux : l’outil RPS-DU ») permettent d’évaluer les facteurs psychosociaux. Il s’agira en particulier de s’intéresser aux facteurs d’intensification du travail (fluctuation de la production, gestion des aléas, combinaison d’actions (ex : assemblage associé à un contrôle qualité), à la charge cognitive, aux exigences émotionnelles, en particulier dans les activités de services, aux rapports sociaux avec les collègues et la hiérarchie, à la perception qu’ont les salariés de leur avenir (insécurité de la situation de travail).
Les facteurs organisationnels sont identifiés comme des déterminants des contraintes biomécaniques et psychosociales. Les horaires et le rythme de travail, l’organisation de la polyvalence, de la rotation des postes, les modes de communication, la définition des modes opératoires, la façon dont les salariés sont affectés sur différents postes en fonction de leur âge, de leur genre, de leur expérience, de leurs capacités fonctionnelles, l’organisation de la formation continue, l’accompagnement des nouveaux embauchés, les procédures d’accompagnement à la reprise après un arrêt de travail, sont autant d’informations pertinentes pour identifier des pistes de solutions dans l’étape "maitriser".
Maîtriser le risque
La prévention des TMS passe par des actions ergonomiques qui visent à modifier les situations de travail afin de réduire les contraintes qui pèsent sur les salariés.
Pour cela l'entreprise doit mettre en place, grâce à un travail d'équipe, des solutions suite aux pistes de prévention identifiées antérieurement.
Il est nécessaire de planifier cette prévention (définir les priorités et établir l’échéancier) car les actions engagées doivent être effectuées sans précipitation, et d’indiquer les modalités de suivi.
Cette prévention repose conjointement sur :
- la réduction des sollicitations professionnelles (biomécaniques, psychosociales et organisationnelles)
- l'information - formation des entreprises et de leurs salariés
- le maintien des capacités fonctionnelles
Réduction des sollicitations professionnelles
Les contraintes de travail peuvent être réduites en agissant en amont sur :
- La conception des équipements de travail (chaines, postes, outils, …)
- La conception des produits de fabrication
- La conception de l’organisation
Concernant les équipements de travail, la norme NF EN ISO 14738 (X 35-104, 2008) sur les prescriptions anthropométriques relatives à la conception des postes de travail sur les machines fournit des recommandations pour le dimensionnement des postes.
La norme NF EN 12464-1 (X 90-003-1, 2011) sur l'éclairage des lieux de travail fournit des recommandations pour l'éclairement moyen à maintenir (éclairement requis au moment du premier entretien du luminaire) selon la tâche.
Les mesures de prévention collective doivent être privilégiées. Les actions au stade de la conception permettent de réduire, voire de supprimer le risque à la source. Dans la pratique, les situations sont plus souvent des situations de reconception. Dans tous les cas, le retour d’expérience des salariés est essentiel à prendre en compte et un travail itératif s’avère souvent indispensable avant l’implantation durable des solutions.
Exemples de solutions de prévention
- Courber l'outil plutôt que le poignet.
- Choisir les machines les moins vibrantes possibles.
- Réduire l'effort en améliorant la conception et en utilisant des aides techniques.
- Ralentir la cadence et réduire les manutentions lourdes.
- Aménager les postes de travail en s'appuyant sur les normes.
- Alterner les tâches, à condition que le salarié ne refasse pas les mêmes gestes d'un poste à l'autre.
- Mettre à disposition des équipements de protection individuelle permettant de répartir les forces de pression sur le genou et d'amortir le contact avec un sol dur.
- Favoriser l'entraide, donner des marges de manœuvre aux salariés.
- Diminuer les facteurs de stress, favoriser les pauses collectives pour encourager les temps d’échanges, éviter le travail en situation d’isolement géographique ou social.
- Reconnaitre et valoriser les compétences et l’expérience.
- Améliorer la maintenance pour prévenir pannes et dysfonctionnements.
Il est souvent nécessaire d'agir à différents niveaux de l'entreprise car un problème de TMS sur un poste peut trouver son origine bien en amont de celui-ci voire même chez un fournisseur.
Par exemple, dans une unité de production de fil à suturer, le dépôt de résine sur l'embout de fil à suturer pour faciliter son introduction dans le chas de l'aiguille peut être excessif et donc nécessiter un surcroît d'effort pour réaliser cette tâche. De même, le non-respect, par un fournisseur, des cotes de pièces destinées au montage de fixations de ski se traduit par l’augmentation des forces exercées lors du montage de ces fixations.
A l’inverse, la suppression d’un risque de TMS sur un poste peut avoir un impact négatif sur d’autres postes dans l’entreprise. Seule une vision globale de la situation permet d’éviter le déplacement du risque.
Information et formation
L'information et la formation sont également des leviers importants dans la maîtrise du risque de TMS.
Un salarié informé des risques qu'il encourt est une "sentinelle" efficace pour prévenir les risques de TMS. En effet, plus les pathologies sont diagnostiquées précocement, plus les conséquences sont réduites pour la santé des salariés et plus faibles sont les coûts directs et indirects supportés par les entreprises.
De même, le signalement précoce de dysfonctionnements permet d’accroître la réactivité en matière de solutions de prévention et de favoriser l’implication des salariés dans la démarche de prévention.
La formation concerne non seulement la prévention des risques de TMS à différents niveaux dans l’entreprise (salariés, encadrement, responsable sécurité, dirigeant d’entreprise) mais aussi l’accompagnement dans l’évolution des pratiques professionnelles. Prévoir un temps d’apprentissage adapté pour les nouveaux embauchés, favoriser la transmission des savoir-faire par les seniors, accompagner la polyvalence par une montée en charge progressive, accompagner les changements de process, d’organisation, de produits par des actions formatives s’avèrent bénéfiques pour prévenir le risque de TMS.
Maintien des capacités fonctionnelles
Le maintien des capacités fonctionnelles au moyen d’une activité physique régulière et d’exercices d’échauffement avant la prise de postes à forte exigence physique ne peut constituer à lui seul une réponse de prévention en première intention. Il doit être envisagé comme une mesure complémentaire dès lors que la réduction des contraintes dans l’activité de travail est effective.
Evaluer
L'évaluation de l'intervention fait partie intégrante de la démarche de prévention. Elle doit être prévue dès l'initiation de la démarche, de façon à mettre en place des indicateurs de suivi pertinents, en cohérence avec les objectifs poursuivis. Ces indicateurs concernent l'état de santé des salariés vis-à-vis des TMS. Toutefois, ils ne suffisent pas à eux seuls à évaluer l'efficacité des mesures mises en place.
D'autres indicateurs en relation avec le processus d'implantation de la démarche de prévention et en lien avec les sources d’exposition au risque et la santé de l'entreprise complètent le suivi. Ils permettent d'apprécier l'évolution de la démarche à court, moyen et long terme.
TMS Pros
TMS Pros est une offre de service mise à disposition des entreprises par l’assurance maladie - risques professionnels pour les aider à prévenir les TMS et les lombalgies.
TMS Pros s’appuie sur quatre étapes essentielles :
- Suis-je concerné ?
- Par quoi commencer ?
- Comment agir ?
- Quels résultats pour mon entreprise ?
Des outils et des actions spécifiques à l'entreprise
À chaque étape, TMS Pros met à disposition une méthode et des outils qui permettent de définir des actions de prévention adaptées à la situation de l'entreprise.
En fonction des différentes causes de TMS identifiées, les actions peuvent porter sur :
- la conception des outils ou des produits
- le matériel
- l’aménagement des postes
- l’organisation du travail
La formalisation d’un plan d’actions et leur évaluation permettent de mener à bien le projet et d’atteindre les objectifs fixés.
Les trois conditions de réussite
- Engagement et volonté de changement
- Définition d’objectifs clairs et ambitieux qui s’appuient sur un point de situation (coûts, situations à risques…)
- Association des compétences adéquates et mobilisation de tous les salariés susceptibles de contribuer à l’analyse des situations et à la proposition de solutions (CDI, CDD, Intérim…).
Pour en savoir plus
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Publications
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Dépliant 12/2023 | ED 6387
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Brochure 10/2019 | ED 860
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Fiche 09/2013 | ED 79
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Brochure 12/2013 | ED 6154
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Dépliant 11/2018 | ED 865
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Vidéo Durée : 11min
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Liens utiles