Eléments de prévention médicale (octobre 2013)
I.Examen médical initial
Il n’existe pas de prescription légale spécifique. L’usage des solvants organiques liquides est très répandu et se réalise dans des conditions très variées de doses, de durées, de mesures de protection. Il n’est pas possible de proposer des contre-indications formelles ou relatives sans tenir compte de l’évaluation du risque. Il convient de repérer les facteurs de susceptibilité individuelle.
II. Examen médical périodique
Des examens biométrologiques (voir Biotox) sont envisageables pour la surveillance de l’exposition à de nombreux solvants, dimethylformamide, ethers de glycol, styrène… La pratique de tests psychotechniques, utiles pour apprécier une dégradation intellectuelle liée à une encéphalopathie aux solvants, dans le cadre d’un diagnostic clinique, n’est pas une méthode de surveillance médicale adaptée de médecine du travail.
L’information du salarié sur les risques liés à l’inhalation et au contact cutané (en particulier lors du lavage des mains qui est donc à proscrire) et sur les interactions avec les substances psycho-actives est nécessaire.
Le programme de protection individuelle comporte trois étapes :
Avant et pendant le travail
Première étape. Utilisation de moyens de protection individuelle : vêtements protecteurs (avec une mention particulière pour les gants), crèmes et/ou gels de protection.
Le port de vêtements protecteurs, et essentiellement des gants, est capital (toutefois ces gants peuvent être eux-mêmes source d'irritation ou d'allergie).
La nature des gants doit être adaptée à la gestuelle, aux produits utilisés et à l'environnement de travail. Le gant doit être choisi, "prescrit".
En complément, on peut y associer l'application au travail de crèmes protectrices qui ne protègeront pas de l'allergie, mais limiteront l'irritation et faciliteront le nettoyage cutané.
Après le travail
Deuxième étape. Nettoyage adéquat du tégument, et en particulier des mains, parfois de manière répétitive au cours de la journée.
L'hygiène cutanée et le nettoyage adéquat des mains sont des étapes importantes. L'utilisation de produits de nettoyage adaptés, les moins irritants possibles, sera conseillée.
Sont à proscrire les savons trop agressifs (pH trop alcalin), trop abrasifs. Diverses firmes spécialisées ont développé des formulations très actives sur les salissures, formulations dont le pouvoir irritant est par ailleurs réduit.
De même, le lavage avec des solvants organiques est à proscrire et la vigilance doit être renforcée lors des lavages répétitifs.
Troisième étape. Soins du tégument : emploi de crèmes ou d'onguents à vocation "réparatrice", émolliente et/ou anti-inflammatoire. Le "traitement" des mains après le travail, pour éviter la sécheresse et un état de rugosité de la peau, doit être développé avec utilisation de crèmes et d'émollients. Cette pratique évitera ou limitera l'irritation.
III. Cas particulier du maintien dans l’emploi du salarié porteur d’une maladie professionnelle
Le maintien au poste est la règle ; la survenue d’une telle maladie professionnelle doit conduire à des mesures de correction.
Pour le cas du syndrome ébrieux, il convient toutefois de rappeler le risque à long terme d’encéphalopathie aux solvants, dont la survenue progressive est liée à l’exposition chronique, sans le plus souvent qu’une maladie professionnelle 84 ait été diagnostiquée et indemnisée.
Pour les affections cutanées, la reprise de l’exposition au produit expose au risque de récidive.