Eléments de prévention technique (décembre 2010)
Prévention collective
Les actions sur le réservoir animal sont souvent difficiles à mettre en œuvre : contrôle de la densité des petits mammifères, lutte contre les arthropodes. Les importations de rongeurs et de lagomorphes, domestiques et sauvages, vivants ou morts, ou de leur peau, sont soumises à une autorisation des Directions des Services vétérinaires.
En élevage, le déparasitage des nouveaux animaux, l’antibioprophylaxie des autres animaux lors d’infection déclarée dans l’élevage sont deux mesures utilisées.
Sur le plan vétérinaire, la tularémie est une maladie à déclaration obligatoire : obligation de déclarer tout rongeur ou lagomorphe vivant ou mort suspect de tularémie, ainsi que toute mortalité élevée de lièvres ou de lapins de garenne. La déclaration n’entraîne pas de mesure de police sanitaire.
Les locaux ne doivent pas permettre l’intrusion des rongeurs sauvages.
Les vestiaires des personnels devront être à double compartiment permettant de séparer vêtements de ville et vêtements de travail. Des conteneurs étanches doivent être utilisés en cas de ramassage d’animaux morts.
Pour les travaux en laboratoire, le germe doit être manipulé dans les laboratoires de niveau de confinement 2 dans lesquels la protection collective repose sur la réduction du risque à la source : ventilation, postes de sécurité microbiologique, identification et protection des manipulations les plus à risque d’aérosolisation (centrifugations, agitation …), nettoyage et désinfection des locaux.
Prévention individuelle
Les équipements dépendent des activités concernées et de l’évaluation des risques au poste de travail. Ils reposent sur le port de bottes et éventuellement le port de tenues imperméables. Les gants sont indispensables pour tout contact avec un animal sauvage mort. En cas de suspicion de tularémie sur un animal, sa manipulation devra faire ajouter un appareil de protection respiratoire de type FFP2.
Pour prévenir les piqûres de tiques, le port de vêtements couvrants et l’utilisation de répulsifs sur les zones découvertes sont utiles, mais d’efficacité limitée dans le temps. Les principales molécules reconnues efficaces sur les tiques sont le diéthylméthylbenzamide (DEET) et l’IR 35/35 (N-butyl-N-acétyl-3-éthylaminopropionate), le port de vêtements imprégnés par la perméthrine peut également être utile en cas d’expositions itératives.
Les équipements de protection individuelle réutilisables doivent pouvoir être nettoyés facilement et régulièrement (sous la responsabilité de l’employeur ou de l’exploitant).
La prévention individuelle est basée sur des principes d’hygiène et d’organisation du travail :
- porter des gants pour tout contact avec les animaux (vivants ou morts) ou les objets susceptibles d’être contaminés,
- transporter les cadavres animaux dans un conteneur étanche,
- se laver les mains après tout contact susceptibles d’être contaminant avec une eau propre et du savon et dans tous les cas avant de manger, boire ou fumer et en fin de poste,
- nettoyer, désinfecter immédiatement toute plaie ou excoriation cutanée et la protéger par un pansement imperméable (désinfectant conseillé par le médecin du travail),
- rincer l’œil à l’eau claire et propre en cas de projection oculaire (un collyre antiseptique peut être éventuellement conseillé par le médecin du travail),
- signaler tout incident (blessure, projection oculaire, chute dans l’eau…) au médecin du travail.
Au retour de la forêt, l’inspection minutieuse du corps à la recherche de tiques est particulièrement importante (aisselles, aires inguinales, cuir chevelu, creux poplité…). Plus la tique est découverte tôt (moins de 12 h) plus le risque de transmission de la maladie est faible.
L’ablation de la tique ne nécessite pas d’utiliser préalablement des produits spécifiques. Il suffit de l’enlever grâce à une pince à échardes désinfectée ou un tire-tiques. Le point d’inoculation doit être désinfecté après ablation.
Pour les travaux en laboratoire, les bonnes pratiques doivent être respectées : ne pas boire, manger ou fumer à son poste ou dans le laboratoire, éviter le port de cheveux longs, le port de bijoux, ne pas pipeter à la bouche…
Sur le plan vétérinaire, tout animal suspect d’infection doit être isolé et manipulé avec précaution et les mesures de protection individuelles adaptées. Avant toute autopsie d’un cadavre animal, le pelage devra être humidifié avec de l’eau de Javel pour limiter le risque d’inhalation.