Eléments de prévention médicale (juillet 2017)
I. Examen médical initial
Il n’y a pas de contenu légal. Cependant, le risque allergique lié au latex étant majeur, il doit inciter le médecin à bien connaître les situations de travail et l’état clinique du salarié. Le salarié qui doit porter des gants en latex doit être averti du risque médical.
Le médecin recherchera la notion d’antécédents allergiques personnels et familiaux… en particulier la notion d’incident lors d’interventions chirurgicales, lors de prise alimentaire (allergie croisée avec le kiwi, l’avocat, la banane, la châtaigne…), lors de l’utilisation d’objets en caoutchouc naturel (ballons gonflables, préservatifs...).
Les tests cutanés à l’embauche sont à proscrire. Toutefois, une histoire clinique évocatrice doit inciter à une orientation en milieu spécialisé pour confirmation éventuelle de l’allergie.
Par ailleurs, lors de l’examen clinique, la découverte de sécheresse cutanée ou irritation doit inciter le médecin à renforcer la prévention et les démarches d’entretien cutané.
II. Examen médical périodique
L’interrogatoire et l’examen clinique permettent de rechercher des manifestations rythmées ou non par le travail :
- manifestations cutanéo-muqueuses : urticaire, conjonctivite,
- rhinite d’allure allergique,
- toux ou dyspnée pouvant faire évoquer un asthme.
Les examens complémentaires seront déterminés par la symptomatologie décrite par le patient.
Il n’y a pas d’indicateur biologique d’exposition pour les salariés exposés au latex.
Dans l’approche multidisciplinaire du problème de santé sur les lieux de travail, la prévention des dermatoses professionnelles est prioritaire. En dehors de l’action collective visant à la suppression ou la réduction du contact cutané, le service de santé du travail a un rôle important reposant essentiellement sur l’hygiène et la protection… l’information et le conseil trouvent ici toute leur place.
Le programme de protection individuelle comporte trois étapes :
Avant et pendant le travail
Première étape. Utilisation de moyens de protection individuelle : vêtements protecteurs (avec une mention particulière pour les gants), crèmes et/ou gels de protection.
Le port de vêtements protecteurs, et essentiellement des gants, est capital (toutefois ces gants peuvent être eux-mêmes source d'irritation ou d'allergie).
La nature des gants doit être adaptée à la gestuelle, aux produits utilisés et à l'environnement de travail. Le gant doit être choisi, "prescrit".
En complément, on peut y associer l'application au travail de crèmes protectrices qui ne protègeront pas de l'allergie, mais limiteront l'irritation et faciliteront le nettoyage cutané.
Après le travail
Deuxième étape. Nettoyage adéquat du tégument, et en particulier des mains, parfois de manière répétitive au cours de la journée.
L'hygiène cutanée et le nettoyage adéquat des mains sont des étapes importantes. L'utilisation de produits de nettoyage adaptés, les moins irritants possibles, sera conseillée.
Sont à proscrire les savons trop agressifs (pH trop alcalin), trop abrasifs. Diverses firmes spécialisées ont développé des formulations très actives sur les salissures, formulations dont le pouvoir irritant est par ailleurs réduit.
De même, le lavage avec des solvants organiques est à proscrire et la vigilance doit être renforcée lors des lavages répétitifs.
Troisième étape. Soins du tégument : emploi de crèmes ou d'onguents à vocation "réparatrice", émolliente et/ou anti-inflammatoire. Le "traitement" des mains après le travail, pour éviter la sécheresse et un état de rugosité de la peau, doit être développé avec utilisation de crèmes et d'émollients. Cette pratique évitera ou limitera l'irritation.
III. Cas particulier du maintien dans l’emploi du salarié porteur d’une maladie professionnelle
La notion d’allergie au latex dans certains postes de travail, en particulier en milieu de soins, pose très souvent une obligation de reclassement avec éviction de l’allergène. Chaque cas doit être un cas particulier, parfois discuté en consultation médicale pluridisciplinaire (dermatologue, médecin du travail).
La recherche d’aménagement du poste, suppression de l’allergène, port de moyens de protection… doivent toujours être effectués. Ne pas oublier de supprimer le latex également dans l’entourage professionnel.
Durant l’apprentissage ou en fonction de l’âge, une réorientation professionnelle serait à conseiller (prise en charge dans le cadre de la maladie professionnelle).
En cas de déclaration de maladie professionnelle indemnisable avec nécessité de changement d’emploi, le médecin du travail peut aider le salarié dans sa réorientation. L’indemnisation (IPP) doit intégrer les conséquences professionnelles.