Description clinique de la maladie indemnisable (septembre 2006)
I. Ostéomalacie ou nécrose du maxillaire inférieur
Définition de la maladie
L'ostéomalacie est une déminéralisation squelettique par insuffisance de fixation phosphocalcique sur la trame protéique de l'os.
La nécrose est la mortification des os (et des cartilages).
La pathologie due au phosphore, appelée aussi mal chimique des allumettiers, a été un fléau au XIXème siècle jusqu'à l'interdiction du phosphore blanc dans les allumettes en France en 1898. Cette pathologie avait aussi été retrouvée chez les ouvriers fabriquant des grenades au phosphore. La maladie atteignait une proportion considérable des ouvriers allumettiers («les manufactures de France étaient autant de foyers d'empoisonnement»).
Diagnostic
Sur le plan clinique, on notait des fractures spontanées dues à la déminéralisation des différents os du squelette.
Au niveau local, les émanations de phosphore engendraient plus particulièrement la nécrose des maxillaires inférieurs. Les lésions débutaient au niveau des dents cariées par des odontalgies persistantes non soulagées par l'extraction dentaire (la dent s'éliminant parfois spontanément), puis apparaissait un gonflement gingival volumineux, extensif au cou et à la face, une salivation abondante, une haleine fétide, de la fièvre et enfin des abcès avec des fistules multiples. Un séquestre osseux se formait fréquemment apportant une déformation profonde et définitive, souvent aggravée par les mutilations chirurgicales.
Des signes généraux, anorexie, asthénie, douleurs abdominales complétaient le tableau.
Des nécroses hépatiques et rénales ont aussi été observées en intoxication aiguë.
Traitement
C'est la prévention qui a fait disparaître la maladie. Le traitement préventif des caries dentaires était un élément important de cette prévention.
Facteurs de risque
Ils sont essentiellement individuels et consistent en une mauvaise hygiène dentaire.
Estimation théorique du risque en fonction de l'exposition
C'est l'utilisation de phosphore blanc, l'importance de l'exposition et l'absence de mesures de précaution qui expliquaient le risque.
II. Dermite aiguë irritative ou eczématiforme
Définition de la maladie
Cet intitulé recouvre l’ensemble des manifestations cutanées aiguës touchant le derme et l’épiderme, que l’origine en soit l’irritation et/ou l’allergie.
Il insiste sur la nécessité du caractère récidivant de ces manifestations cutanées à chaque exposition.
Le sesquisulfure de phosphore provoque des dermites aiguës ou chroniques appelées «phosphorides».
Diagnostic
L’allergie des allumettiers est devenue inexistante. Les lésions décrites étaient irritatives ou allergiques, surtout au niveau de la face antéro-latérale des cuisses (allumettes dans les poches).
Les aspects aigus dermatologiques peuvent être très divers :
- dans le cas de l’irritation : placard érythémateux avec brûlures et parfois aspect caustique ;
- dans le cas de l’allergie : eczéma aigu érythémato-papulo-vésiculeux, prurugineux.
Evolution
De manière habituelle, les manifestations aiguës disparaissent rapidement sauf si une nouvelle exposition, utilisation ou contact se réalise.
Traitement
Outre l’éviction ou la réduction des contacts responsables, le traitement de l’irritation est essentiellement local : crème, pommade ou onguents seront utilisés en fonction de la sécheresse de la peau. L’utilisation d’un corticostéroïde faible est habituellement conseillée, en particulier dans la phase aiguë.
Facteurs de risque
Les dermites d’irritation sont habituellement multifactorielles. A côté des facteurs exogènes (microtraumatismes, irritants chroniques, environnement de travail…), il existe des facteurs endogènes qui peuvent expliquer la susceptibilité individuelle.
III. Dermite chronique irritative ou eczématiforme
Définition de la maladie
Cet intitulé recouvre l’ensemble des manifestations cutanées touchant le derme et l’épiderme dont l’évolution clinique est devenue chronique.
Il recouvre ainsi le passage à la chronicité de toute dermatose irritative et/ou allergique en insistant sur le caractère récidivant lié à la répétition des contacts au sesquisulfure de phosphore.
Le sesquisulfure de phosphore provoque des dermites aiguës ou chroniques appelées «phosphorides».
Diagnostic
L’allergie des allumettiers est devenue inexistante. Les lésions décrites étaient irritatives ou allergiques, surtout au niveau de la face antéro-latérale des cuisses (allumettes dans les poches).
Les aspects chroniques de l’atteinte de la peau vont associer hyperkératose, rugosité cutanée, crevasses.
Le sesquisulfure de phosphore pourra entraîner le plus souvent des placards érythémateux et infiltrés pouvant mimer le mycosis fungoïde. On parle aussi parfois d’eczéma de contact allergique lymphomatoïde.
Evolution
Après un certain temps d’évolution, les dermatites d’irritation peuvent mimer de réels eczémas de contact allergiques.
Traitement
Outre l’éviction ou la réduction des contacts responsables, le traitement de l’irritation est essentiellement local : crème, pommade ou onguents seront utilisés en fonction de la sécheresse de la peau. L’utilisation d’un corticostéroïde faible est habituellement conseillée, en particulier dans la phase aiguë.
Facteurs de risque
Les dermites d’irritation sont habituellement multifactorielles. A côté des facteurs exogènes (microtraumatismes, irritants chroniques, environnement de travail…), il existe des facteurs endogènes qui peuvent expliquer la susceptibilité individuelle.