Description clinique de la maladie indemnisable (septembre 2006)
Les mycoses cutanées sont habituellement classées selon le site de localisation des lésions et le type de champignons.
I. Mycoses de la peau glabre
La peau glabre correspond aux zones du corps qui ne sont pas recouvertes de poils.
Définition de la maladie
- Dermatophyties de la peau glabre ou dermatophyties corporelles (herpès circiné)
Elles sont le plus souvent dues à des dermatophytes zoophiles, principalement Microsporum canis (dont les hôtes habituels sont les chats et les chiens) dans près de 75% des cas.
Les lésions forment des macarons arrondis, érythémato-squameux, d'extension centrifuge. La bordure annulaire plus érythémateuse, parfois papulo-vésiculeuse ou papulo-pustuleuse avec un centre plus clair est hautement évocatrice. Les lésions peuvent confluer, donnant un aspect polycyclique. L'atteinte des follicules pileux entraîne une folliculite pustuleuse.
- Dermatophytie chronique des mains (Tinea Manuum)
Les principaux agents en cause sont Trichophyton rubrum, Trichophyton interdigitale et Epidermophyton floccosum. L'atteinte du dos de la main ressemble aux dermatophyties de la peau glabre.
Par contre, l'atteinte palmaire est différente. Sur un fond érythémateux ou de couleur normale, une fine desquamation est notée, accentuée aux plis de flexion, d'aspect " farineux". Le grattage à la curette provoque une desquamation fine.
Cette forme clinique peut être associée à une atteinte des espaces interorteils et des plantes de pieds.
- Dermatophytie des plis inguinaux (eczéma marginé de Hebra)
Les agents responsables sont les mêmes que pour le Tinea Pedis.
Elle est souvent associée à un Tinea Pedis et est favorisée par un climat chaud. Les hommes sont plus fréquemment atteints que les femmes.
Les lésions, siègent aux plis inguinaux sous forme de placards érythémato-squameux, bien rarement limités, à bordure circinée, infiltrée, vésiculeuse. Parfois des pustules sont notées.
Diagnostic
Le diagnostic doit être confirmé par un prélèvement mycologique, avant la mise en route d'un traitement spécifique, afin de confirmer la mycose et identifier le germe. Il est effectué sur la bordure active de la lésion avec recueil des squames. Il comprend un examen direct qui est positif s'il montre la présence de filaments mycéliens ou de pseudomycélium (pas les levures) et une mise en culture pendant environ 6 semaines, qui permet l'identification du champignon et donc la prescription d'un traitement spécialement adapté à l'agent causal.
Evolution
En l’absence de traitement, l’évolution se fait vers l’extension des lésions.
Traitement
Un traitement antifongique local suffit le plus souvent pendant 1 à 4 semaines.
Si les lésions sont très étendues, dues à un champignon très résistant (ex. : Trichophyton rubrum) ou résistantes au traitement local, le traitement par voie générale devient nécessaire.
II. Mycoses du cuir chevelu
Définition de la maladie
Les kérions de Celse (ou Tinea barbae) sont des folliculites pustuleuses avec des nodules très inflammatoires, rouge sombre de la barbe, plus ou moins suintants et croûteux accompagnées d’une chute de cheveux. Les principaux agents sont Trichophyton verrucosum et Trichophyton mentagrophytes.
La teigne tondante microsporique est une autre forme d'atteinte des cheveux. L'agent en cause est de type Microsporum (notamment Microsporum canis). Les lésions forment des plaques érythémato-squameuses du cuir chevelu, avec cheveux cassés courts (de 3 à 5 mm de leur émergence) et engaînés d'un dépôt grisâtre. Les cheveux s'arrachent facilement. L'association à un herpès circiné est fréquente.
Diagnostic
Le diagnostic doit être confirmé par un prélèvement mycologique, avant la mise en route d'un traitement spécifique, afin de confirmer la mycose, et identifier le germe. Il est effectué sur la bordure active de la lésion, avec recueil des squames, examen des cheveux arrachés, découpage d'ongle.
Il comprend un examen direct qui est positif s'il montre la présence de filaments mycéliens ou de pseudomycélium (pas les levures) et une mise en culture pendant environ 6 semaines, qui permet l'identification du champignon et donc la prescription d'un traitement spécialement adapté à l'agent causal.
Evolution
En l’absence de traitement, l’évolution se fait vers l’extension des lésions.
Traitement
Un traitement local est nécessaire associant une lotion antifongique, un shampooing et un décapage préalable des lésions croûteuses avec des kératolytiques. De plus, il faut un traitement par voie générale.
Facteurs de risque
Facteurs d’exposition
Cette affection touche plus particulièrement les fermiers en contact avec du bétail mais aussi le personnel de laboratoire.
III. Mycoses des orteils
Définition de la maladie
Dermatophyties des espaces interorteils et Tinea Pedis (pied d'athlète)
C'est la forme la plus fréquente de dermatophytie. Les principaux agents responsables sont Trichophyton rubrum, Trichophyton mentagrophytes (interdigitale) et Epidermophyton floccosum.
Environ 10 % de la population serait concernée. Dans certaines industries et centres sportifs, la prévalence atteindrait 80 % de sujets infectés.
Les lésions peuvent être aiguës, érythémato-suintantes et/ou squameuses, au niveau des espaces interorteils, particulièrement le 4ème espace interorteil, et prurigineuses. Souvent, une fissure se forme au fond du pli.
Une forme plus chronique squameuse et hyperkératosique peut s'étendre aux plantes de pied, réalisant aux pieds l'équivalent du Tinea Manuum des mains. C'est le Tinea Pedis.
La surinfection bactérienne est fréquente au niveau des plis. Les bactéries pourraient jouer un rôle comme facteurs copathogènes.
Dans les formes chroniques, l'atteinte des ongles des orteils est associée à l'intertrigo des espaces interorteils formant une onychomycose.
Candidoses des orteils. Elles sont dues principalement à Candida albicans.
Elles se localisent entre les orteils (intertrigo interorteil candidosique), sous forme de lésions érythémato-squameuses ou suintantes, avec un enduit blanchâtre.
Diagnostic
Le diagnostic doit être confirmé par un prélèvement mycologique, avant la mise en route d'un traitement spécifique, afin de confirmer la mycose, et identifier le germe. Il est effectué sur la bordure active de la lésion, avec recueil des squames, découpage d'ongle. Il comprend un examen direct qui est positif s'il montre la présence de filaments mycéliens ou de pseudomycélium (pas les levures) et une mise en culture pendant environ 6 semaines, qui permet l'identification du champignon et donc la prescription d'un traitement spécialement adapté à l'agent causal.
Evolution
En l’absence de traitement, l’évolution se fait vers l’extension des lésions.
Traitement
Intertrigos candidosiques
Le traitement antifongique local suffit associé à l'éviction des facteurs favorisant la macération.
Onychomycoses à dermatophytes
En cas d'atteinte distale de moins de 50 % de l'ongle, un traitement local suffit.
Si la matrice de l'ongle est atteinte, un traitement par voie générale est nécessaire.
Facteurs de risque
Facteurs d’exposition
Le port de chaussures (bottes et chaussures de sécurité notamment favorisant l'hypersudation, la macération et l'occlusion), les douches communautaires et piscines favorisent la survenue de cette infection.
Facteurs individuels
Certaines affections (diabète…) prédisposent à cette infection.
IV. Atteintes des doigts et des orteils
Définition de la maladie
Les candidas peuvent entraîner des lésions unguéales (onyxis) périunguéales (périonyxis). En général l'atteinte débute par un périonyxis. Les replis sus et périunguéaux deviennent érythémateux, tendus, luisants et douloureux, parfois squameux. La pression de cette zone peut faire soudre du pus. Un ou plusieurs doigts peuvent être atteints. L'atteinte unguéale est isolée ou secondaire à un périonyxis ou à un traumatisme ayant entraîné un décollement de l'ongle (onycholyse traumatique surinfectée).
Elle associe de manière variable une onycholyse distale, une hyperkératose sous-unguéale et un enduit épais et crémeux du lit de l'ongle.
Les moisissures sont plus rarement en cause dans les périonyxis.
Les dermatophytes ne sont jamais responsables de périonyxis, ils donnent des lésions unguéales variables selon le site initial d'invasion :
- soit le lit unguéal : onychomycose distolatérale (c'est la forme la plus fréquente) ;
- soit la tablette unguéale : leuconychomycose superficielle ;
- soit le repli postérieur : leuconychie sous-unguéale proximale.
Les signes cliniques peuvent être isolés ou s'associer :
- hyperkératose sous-unguéale (plus rarement proximale) ;
- onycholyse ;
- leuconychie distale ou centrale (en ilots) ou proximale (au niveau de la lunule).
- fusées marron jaunes ;
- mélanonychies superficielles disparaissant au grattage ;
- effritement de l'ongle pouvant aller jusqu'à la destruction de la tablette unguéale partielle ou complète ;
- onychomadèse.
Diagnostic
Le diagnostic est affirmé par le prélèvement mycologique nécessaire dans tous les cas (découpage d'ongle atteint, raclage à la curette, prélèvement de gouttelette purulente). Il comprend un examen direct et une mise en culture d'environ 6 semaines.
Les diagnostics différentiels sont nombreux. Ils sont évoqués sur l'anamnèse (sur les facteurs déclenchants, l'évolution des lésions), l'examen clinique de tout le tégument (recherche de lésions cutanées évocatrices, de lésions unguéales spécifiques d'une dermatose), les examens complémentaires (prélèvement mycologique et bilan allergologique) et la réponse thérapeutique. Ce sont essentiellement le psoriasis, la dermatite de contact allergique et le lichen plan.
Evolution
L’évolution en l’absence de traitement se fait vers l’aggravation et l’extension des lésions.
Traitement
Onychomycoses à dermatophytes
En cas d'atteinte distale de l'ongle de moins de 50 %, le traitement local suffit.
Dans les autres cas, notamment en cas d'atteinte de la matrice de l'ongle, il faut associer un traitement général de trois mois.
Périonyxis et onyxis à candida
Le traitement local doit le plus souvent être associé à un traitement général.
Facteurs de risque
Facteurs d’exposition
Les milieux humides et sucrés favorisent la survenue de ces infections.
Facteurs individuels
Certaines affections (diabète…) prédisposent à ces infections.