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Oxyde d’éthylène

Fiche toxicologique n° 70

Sommaire de la fiche

Édition : Décembre 2022

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [14, 15]

    L’oxyde d’éthylène est absorbé par inhalation et ingestion, largement distribué dans l’organisme, transformé par hydrolyse ou conjugaison et éliminé principalement dans l’urine. Il forme des adduits avec les macromolécules comme l’hémoglobine ou l’ADN, dont la mesure peut servir d’indicateur biologique d’exposition.

    Chez l'animal
    Absorption

    L'oxyde d'éthylène est rapidement et complètement absorbé par le tractus respiratoire du rat, de la souris et du lapin : le taux d’absorption est proche de 100 % chez la souris, après une exposition pendant 2 heures de 1 à 35 ppm [16].

    Même si aucune donnée n’est disponible pour la voie orale, les effets observés lors des études de toxicité aiguë et répétée confirment son absorption par le tractus gastro-intestinal des rongeurs.

    L'oxyde d'éthylène est rapidement et complètement absorbé par le tractus respiratoire du rat, de la souris et du lapin. Chez l'homme, la rétention alvéolaire moyenne est de 75 % de la concentration ambiante. L'oxyde d'éthylène est également absorbé par le tractus gastro-intestinal de l'animal.

    Après absorption, il est largement distribué dans les tissus des animaux (en particulier poumon, foie, reins, rate, cer­veau et testicules). Il n'y a pas de données sur sa distribu­tion dans le corps humain.

    Chez l'homme comme chez l'animal, l'oxyde d'éthylène serait détoxifié par 2 voies principales : hydrolyse par l'époxyde hydrolase et conjugaison avec le glutathion (voir fig. 1). La voie majeure de métabolisation dépend de l'espèce : la voie du glutathion est utilisée principalement chez la souris et le rat, et l'époxyde hydrolase chez le lapin et le chien. Les enzymes impliquées dans la conjugaison avec le glutathion (glutathion transférase T1) et l'hydro­lyse sont polymorphes chez l'homme avec variation d'ac­tivité selon les individus [12].

    L'oxyde d'éthylène est éliminé essentiellement dans l'urine (41 - 59 % de la dose chez le rat, 74 % chez la souris en 24 h). Chez le rat, 12 % de la dose inhalée sont expirés sous forme de CO2 et 1 % sous forme inchangée, 4,5 % sont retrouvés dans les fèces. Des métabolites urinaires, iden­tiques à ceux décrits pour l'oxyde d'éthylène, peuvent être formés après exposition à l'éthylène glycol (excrétion d'éthylène glycol) ou au chlorure de vinyle et à l'acrylonitrile entre autres (excrétion de N-acétyl-(2-hydroxyéthyl) cystéine) [12].

    L'oxyde d'éthylène se fixe aux macromolécules, des adduits à l’ADN et aux protéines ont été mesurés dans tous les organes ; la demi-vie des adduits de l’ADN (N7-(2- hydroxyéthyl)guanine) chez le rat est de 24 heures dans la rate, 10 heures dans les testicules et 12 heures dans le foie. Les adduits à l'hémoglobine, mis en évidence chez les rongeurs et l'homme, représenteraient une mesure de la charge corporelle et indirectement de l'exposition. La DFG (Deutsche Forschungsgemeinschaft) propose une valeur BAT (Biologischer Arbeitsstoff-Toleranz-Wert : valeur biologique tolérée en milieu professionnel) : l'exposition à 1 mL/m3 (1,83 mg/m3) correspondrait à 90 pg d'hydroxyéthylvaline dans les érythrocytes par litre de sang [13].

    Distribution

    Suite à une exposition par inhalation, l’oxyde d’éthylène est rapidement distribué dans les tissus des animaux : les concentrations les plus importantes sont retrouvées dans le foie, les reins et les poumons chez la souris [16], et dans la vessie, le foie, les globules rouges et glandes surrénales chez le rat [17].

    L'oxyde d'éthylène se fixe aux macromolécules. Des adduits à l’ADN ont notamment été détectés dans le foie, la rate et les testicules de souris [16] ; la demi-vie des adduits de l’ADN (N-(2-hydroxyéthyl)guanine) chez le rat est de 24 heures dans la rate, 10 heures dans les testicules et 12 heures dans le foie.

    Métabolisme

    L'oxyde d'éthylène peut être détoxifié soit :

    • par une hydrolyse enzymatique (par l'époxyde hydrolase) ou non enzymatique en éthylène glycol, transformé ensuite en acide oxalique, acide formique et CO2,
    • par une conjugaison avec le glutathion, aboutissant notamment à la formation de dérivés mercapturiques et d’acide thiodiacétique (voir fig. 1).

    La voie majeure de métabolisation dépend de l'espèce : la voie du glutathion est majoritaire chez la souris et le rat, et la voie de l'époxyde hydrolase majoritaire chez le lapin et le chien.

    Schéma métabolique

    Figure 1. Schéma métabolique de l’oxyde d’éthylène [14]

    Excrétion

    Chez la souris, une demi-vie d’élimination de 2-3 minutes a été déterminée après l’inhalation de 100 ppm pendant 4 heures ; dans les mêmes conditions expérimentales, la demi-vie chez le rat est comprise entre 10 et 13 minutes [18].

    L’oxyde d’éthylène et ses métabolites sont rapidement excrétés dans les urines. Chez la souris, 48 heures après l’inhalation de 100 ppm pendant 4 heures, 60 à 100 % de la radioactivité inhalée est retrouvée dans les urines.

    Les principaux métabolites sont l’acide 2-hydroxyéthylmercapturique (8,5 %), la S-2-hydroxyéthyl-L-cystéine (5,8 %), la S-carboxyméthyl-L-cystéine (1,9 %) et l’éthylène glycol (3,3 %) [19].

    Il en est de même chez le rat : 18 heures après une exposition à 100 ppm d’oxyde d’éthylène radiomarqué (pendant 6 heures), 60 % de la radioactivité est retrouvée dans les urines, 4,5 % dans les fèces, 12 % sous forme de CO2 et 1 % sous forme inchangée dans l’air expiré [17]. Les métabolites retrouvés sont l’acide 2-hydroxyéthylmercapturique (31 %) et l’éthylène glycol (6 %) [19, 20].

    Chez l'Homme

    L’oxyde d’éthylène est produit de manière endogène dans l’organisme.

    Chez l'Homme, l’oxyde d’éthylène est rapidement absorbé par les poumons, avec une rétention alvéolaire moyenne de 75-80 % de la concentration inhalée (travailleurs exposés de 0,2 à 24,1 mg/m3 d’oxyde d’éthylène) [21].

    L’absorption cutanée est confirmée par la survenue d’effets lors d’expositions cutanées à de l’oxyde d’éthylène, sous forme gazeuse ou liquide : les premiers signes d’intoxication observés chez les volontaires sont des vomissements, des diarrhées, des nausées et des maux de tête. Par ailleurs, un flux percutané de 0,125 mg/cm2-h a été déterminé in vitro (application d’une solution à 1 % sur de la peau humaine excisée) [22].

    La distribution de l’oxyde d’éthylène n’a pas été étudiée chez l’Homme.

    Comme chez l’animal, l'oxyde d'éthylène est métabolisé soit par hydrolyse (voie majoritaire) soit par conjugaison avec le glutathion. Il existe un polymorphisme des enzymes impliquées dans la conjugaison avec le glutathion (glutathion-S- transférase T1) et l'hydrolyse chez l'Homme entrainant une variabilité d'activité selon les individus [23] : ces variations de métabolisme sont probablement à l’origine des différences individuelles de sensibilité à la génotoxicité observée.

    L’oxyde d’éthylène est un agent alkylant direct. Il se fixe aux macromolécules. Des adduits à l’ADN et aux protéines ont été mesurés. Les adduits à l'hémoglobine, mis en évidence chez l'Homme, représenteraient une mesure de la charge corporelle et indirectement de l'exposition.

    Une demi-vie d’élimination de 42 minutes a été calculée [24]. Aucune accumulation d'oxyde d'éthylène chez l'Homme au cours d'une semaine de travail n'est donc à attendre [15].

    Suite à une exposition par inhalation, l’oxyde d’éthylène est majoritairement métabolisé (75-80 % dans la dose initiale) et éliminé dans les urines, 20 à 25 % étant éliminés dans l’air exhalé sous forme inchangée.

    Surveillance Biologique de l'exposition

    Deux indicateurs biologiques d’exposition ont été proposés pour la surveillance biologique des expositions à l’oxyde d’éthylène : les adduits à l’hémoglobine N-(2-hydroxyéthyl)valine ou HEV dans le sang et l’acide S-(2-hydroxyéthyl)mercapturique ou HEMA dans les urines.

    Pour le dosage de la N-(2-hydroxyéthyl)valine dans le sang, le prélèvement doit être réalisé après une exposition d’au moins 3 à 4 mois (durée de vie des érythrocytes d’environ 120 jours) (moment de prélèvement indifférent). Des valeurs biologiques d’interprétation professionnelles, basées sur la corrélation avec l’exposition externe sont établies par l’ACGIH et la Commission allemande DFG : BEI de l’ACGIH de 5000 pmol HEV/g de globine correspondant à une exposition à la TLV-TWA de 1 ppm, valeurs EKA de la DFG de 45 et 90 µg/L de sang pour une exposition à 0,5 et 1 ppm respectivement. Cet indicateur est non spécifique, il peut être formé lors du métabolisme d’autres substances (éthylène, 2-chloroéthanol, 2-hydroxyéthyl diazonium). Une valeur BAR de 60 pmol HEV/g de globine pour les non-fumeurs, correspondant au 95e percentile des concentrations observées dans la population générale, est également proposée par la DFG. Chez les fumeurs, des concentrations 5 à 10 fois supérieures peuvent être observées.

    Le dosage de l’acide S-(2-hydroxyéthyl)mercapturique dans les urines en fin de poste ou fin d’exposition est préconisé. Sa demi-vie d’élimination est courte (< 5 heures) et il reflète l’exposition de la journée de travail. La même valeur biologique d’interprétation issue de la population générale de 5 µg HEMA/g de créatinine, correspondant au 95e percentile des concentrations observées dans la population générale, chez les non-fumeurs, est proposée par les deux organismes cités ci-dessus. Cet indicateur est également non spécifique (métabolite commun du chlorure de vinyle, 1,2-dibromoéthane, acrylonitrile). Des valeurs plus élevées (95e percentiles jusqu’à 27 µg/g de créatinine) sont rapportées chez les fumeurs [26].

  • Toxicité expérimentale
  • Toxicité sur l’Homme
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