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Bisphénol A

Fiche toxicologique n° 279

Sommaire de la fiche

Édition : Juin 2022

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [2, 3, 10 à 12, 14]

    L’absorption du bisphénol A est rapide et importante après exposition orale et cutanée. Il est distribué dans les tissus, franchit la barrière placentaire et passe dans le lait mater­nel. Les métabolites sont majoritairement éliminés dans les fèces ; moins de 10 % sont éliminés sous forme inchangée.

    Chez l'animal
    Absorption

    Après exposition orale, l'absorption dans le tractus gastro­intestinal est rapide et importante, cependant aucune quantification n'a été réalisée. Le pic des molécules radio­marquées dans le sang est atteint 5 minutes après expo­sition orale au 14C]-bisphénol A pour les faibles doses (10 mg/kg) et après 15 minutes pour les plus fortes (100 mg/kg) ; la concentration maximale augmente linéairement avec la dose. Les taux de bisphénol A dimi­nuent ensuite, avec un rebond à 3 heures (100 mg/kg) ou 6 heures (10 mg/kg) en lien probablement avec un cycle entéro-hépatique.

    Il n'y a pas d'étude de la toxicocinétique du bisphénol A après exposition par inhalation ; toutefois, compte tenu du coefficient de partage et de certains signes de toxicité systémique, une forte absorption du bisphénol A est éga­lement attendue par voie inhalatoire.

    Après exposition cutanée in vitro (peau humaine dermatomée), le bisphénol A pénètre rapidement dans la peau [11]. Les récentes études disponibles suggèrent un taux d'absorption percutanée compris entre 10 et 60 %, enca­drant une valeur plus probable de 27 % [10, 11].

    Distribution

    La distribution du bisphénol A dans l'organisme n'a pas été étudiée spécifiquement. Chez des rates exposées 14 jours après la mise bas, on retrouve, 8 heures après l'ex­position, 77 % de la dose administrée dans le lait, le sang, le plasma, les tissus et la carcasse, et le reste dans le foie, les reins et les poumons ; le transfert vers les petits par le lait est limité (moins de 0,01 % dans les carcasses des petits après 2 à 24 heures). 10 minutes après l'exposition des rates gestantes, le bisphénol A est détecté dans le foie et les reins des fœtus, il atteint sa concentration maxi­male en 20 minutes puis diminue en 6 heures jusqu'à 5 % de son maximum en suivant la baisse de concentration dans le sang maternel.

    Métabolisme

    In vitro, des hépatocytes de rat en culture, incubés avec du bisphénol A pendant 2 heures, produisent un métabolite majeur identifié comme du bisphénol A-glucuronide et deux métabolites mineurs, le 5-hydroxybisphénol A et le bisphénol A-sulfate, formés uniquement à forte dose et suggérant une saturation métabolique.

    In vivo, le taux de bisphénol A-glucuronide sanguin est inversement proportionnel à la dose (96 à 76 % pour des doses orales de 10 à 100 mg/kg) dans les 10 premières minutes suivant l'exposition ; le composé parental repré­sente 2 à 8 %. Après un temps plus long (45 minutes pour les mâles et 18 heures pour les femelles), 100 % du bisphénol A est sous forme glucuronide pour la faible dose dans les 2 sexes comparé à 68 % (mâles) et 98 % (femelles) à la forte dose. Le composé parental représente 11 % (mâles) et 2 % (femelles) ; sa présence dans le sang longtemps après l'exposition peut être due soit au cycle entéro-hépatique soit à un clivage intestinal du conjugué (après exposition sous-cutanée le composé parental n'est pas détecté).

    Excrétion

    Le bisphénol A, après exposition orale du rat, est éliminé essentiellement sous forme glucurono-conjuguée (simple ou double), majoritairement dans les fèces (61-63 % et 71-75 % de la dose respectivement) et dans une moindre mesure dans les urines, plus par les femelles que par les mâles (19-20 % et 8-10 % de la dose respectivement). Le composé parental éliminé dans les urines représente 2 à 10 % de la dose selon la souche de rat. Un métabolite mineur, le bisphénol A-sulfate a été détecté dans les fèces (4-5 % de la dose (mâles) et 2-4 % (femelles)). Une excré­tion dans le lait maternel du bisphénol A et/ou de ses métabolites a également été montrée. L'élimination est rapide, la majorité de la dose absorbée est éliminée en 72 heures. La demi-vie d'élimination est de 9,7 heures après exposition orale. Dans la carcasse, on retrouve après 7 jours entre 0,03 % et 0,35 % de la dose orale ; dans les tis­sus (foie et reins), il reste moins de 0,02 %.

    Chez le singe, exposé par voie orale à 100 µg/kg de [14C]-bisphénol A, les molécules radiomarquées sont éliminées dans l'urine (82-84 % de la dose après 7 jours) et dans les fèces (2,14 % mâles et 3,08 % femelles). L'excrétion uri­naire est maximale pendant les 12 premières heures et complète en 24 heures [15].

    De nombreux métabolites, formés par oxydation, ont été mis en évidence in vitro en présence d'activateurs méta­boliques (4-méthyl-2,4-bis(p-hydroxyphényl)pent-1-ène, isopropyl-hydroxyphénol, glutathionyl-phénol, glutathionyl 4-isopropylphénol, et bisphénol A dimères) ; cepen­dant, à ce jour, ils n'ont pas été retrouvés in vivo.

    Chez l'Homme

    Les études de toxicocinétique chez l'homme, par voie orale, indiquent une absorption importante, une biotrans­formation au premier passage et une élimination rapide du bisphénol A via les urines[3, 12].

    Chez des volontaires exposés à une faible dose par voie orale (54-88 mg/kg [H3-bisphénol A), seul le bisphénol A- glucuronide est mesuré dans le plasma. Le pic plasma­tique de la molécule conjuguée est atteint en 80 minutes et sa concentration plasmatique diminue de façon expo­nentielle avec une demi-vie de 89 minutes. Son volume de distribution suit celui de l'eau intra- et extracellulaire, sans fixation évidente aux protéines plasmatiques. Le glu­curonide est libéré par le foie dans la circulation systé­mique et excrété dans l'urine ; il n'a pas été mis en évidence de cycle entéro-hépatique comme chez les ron­geurs. La concentration urinaire atteint un pic 6 heures après administration puis diminue rapidement avec une demi-vie de 5 heures. Il n'y a pas de différence d'excrétion entre les sexes. Quelques études montrent la présence, chez l'homme, d'une sulfatation du bisphénol A.

    Cette substance exerce une faible activité œstrogénique, son dérivé glucurono-conjugué aucune. Après administra­tion orale chez l'homme, la conjugaison et l'élimination sont rapides et quasiment totales ; la concentration san­guine de bisphénol A libre disponible pour une fixation aux récepteurs oestrogéniques est donc très faible (< 1,25 µg/L) [12].

    Surveillance Biologique de l'exposition

    Le dosage du bisphénol A libre et conjugué dans les uri­nes, en fin de journée de travail, paraît être le paramètre à privilégier pour la surveillance biologique des salariés exposés. Ce paramètre reflèterait l'exposition des heures précédant le prélèvement. Certains auteurs ont montré une corrélation entre les taux de bisphénol A urinaire avant et/ou après le poste et les concentrations atmosphériques de bisphénol A. Il existe de grandes varia­bilités inter- et intra-individuelles des taux de bisphénol A urinaires ; c'est pourquoi le recueil des urines de 24 heures est préconisé par certains.

    Le dosage du bisphénol A libre ou total dans le sang a pu être proposé mais il existe très peu de données pour ce paramètre ; de plus, étant donnée la demi-vie sanguine très courte et la très faible quantité retrouvée dans le sang, ce paramètre n'est pas utilisable en milieu professionnel.

    On se méfiera d'une contamination lors du prélèvement, tout particulièrement lors du dosage du bisphénol A libre.

    Une valeur biologique d'interprétation en population profesionnellement exposée a été établie pour le BPA urinaire (voir § recommandations).

  • Toxicité expérimentale
  • Toxicité sur l’Homme
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