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Iode

Fiche toxicologique n° 207

Sommaire de la fiche

Édition : Avril 2023

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [16]

    L’iode pénètre par voies respiratoire, digestive et cutanée en cas de lésions. Une fois réduit, il est principalement distribué dans la thyroïde, les glandes salivaires et l’estomac puis éliminé principalement dans les urines sous forme d’iodures. Le dosage de l’iodurie des 24 heures peut être utile à la surveillance biologique des expositions.

    Chez l'animal
    Absorption

    L’iode pénètre dans l’organisme par voies pulmonaire (environ 30 à 75% de l’iode inhalé sont absorbés, en fonc­tion de la forme et de la taille des particules ou aérosols), digestive de façon rapide et complète, et faiblement par voie cutanée si la peau est intacte; la pénétration percu­tanée est très augmentée en cas de peau lésée. L’iode, réduit en iodure, se distribue dans l’organisme surtout dans la thyroïde (30 % de l’iode sanguin parviennent à la thyroïde), les glandes salivaires et l’estomac.

    Excrétion

    L’iode est filtré par le glomérule et éliminé principalement par voie urinaire sous forme d’iodures (rapidement dans les premières heures, puis atteint un plateau dès 24 à 48 heures) et, pour une moindre part, dans les fèces, la salive et la sueur.

    Surveillance Biologique de l'exposition

    La mesure de la concentration d’iode dans un échantillon urinaire dont la mise en œuvre en milieu de travail est plus pratique que la mesure de l’iodurie des 24 heures, est souvent préférée pour la surveillance biologique de l’exposition à l’iode. Cependant, en raison de sa grande variabilité intra-individuelle, au cours d’une journée et d’un jour à l’autre, son interprétation est plus aisée au niveau d’une population qu’au niveau individuel.

    La concentration urinaire médiane d’iode sur un échantillon urinaire est retenue comme indicateur pour estimer le statut en iode d’une population, une concentration médiane de 100-200 µg/L correspondant à un statut adéquat (moment de prélèvement non spécifié) [17]. L’association entre la prise d’iode et la survenue de désordres thyroïdiens dans la population est décrite par une courbe en forme de U et des effets sanitaires peuvent être observés pour des concentrations urinaires d’iode à la fois en-dessous et au-dessus de cet intervalle. Au niveau individuel, des mesures répétées de la concentration urinaire d’iode seraient nécessaires pour une évaluation acceptable du statut en iode.

    Par ailleurs, aucune relation quantitative reproductible entre l’exposition à l’iode et la concentration urinaire d’iode n’a été établie.

    En 2015, la commission allemande DFG a conclu qu’il n’est pas possible d’établir de valeur biologique d’interprétation professionnelle. De plus, chez les sujets de la population générale, la concentration urinaire d’iode est très variable selon la zone géographique, les apports individuels étant influencés notamment par la teneur en iode des sols, la concentration dans l’eau de boisson associée, les habitudes alimentaires. La commission a ainsi jugé impossible de définir une valeur de référence issue de la population générale.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale [18, 19]
    Toxicité aiguë

    La toxicité aiguë est faible chez le rat, la souris et le lapin. Les effets aigus et chroniques sont identiques à ceux observés chez l’Homme.

    Les DL50 sont très élevées chez la souris, le rat et le lapin, puisque situées entre 10 et 22 g/kg. Les signes de toxicité aiguë ou chronique observés sont identiques à ceux rap­portés chez l’Homme.

    Effets génotoxiques

    Un test in vitro se serait révélé positif à forte dose chez le rat.

    Un test de mutagenèse sur cultures cellulaires de rat se serait révélé positif à forte dose.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n’est disponible chez l’animal.

    Effets sur la reproduction

    Des effets foetotoxiques ont été observés chez le rat.

    Deux expériences effectuées sur la rate gestante (1100 mg/kg et 2750 mg/kg du 1er au 22e jour de la ges­tation) ont mis en évidence une diminution de poids des animaux à la naissance et une plus grande mortalité de ceux-ci.

  • Toxicité sur l’Homme [19-22]

    L'exposition à l’iode par ingestion peut causer des atteintes digestives sévères puis rénales. Les vapeurs sont très irritantes pour les muqueuses oculaire et respiratoire. Des brûlures extensives sont possibles lors de contacts cutanés. En cas de projection oculaire, des lésions cornéennes sont possibles. L’exposition chronique entraine des signes d’irritation cutanéo-muqueuse, nasale et pulmonaire, d’inflammation des glandes salivaires et de la parotide. Un effet sensibilisant a été rapporté. Aucune donnée n’est disponible sur les effets génotoxiques, cancérogènes ou sur la reproduction.

    Toxicité aiguë

    L’iode peut se révéler dangereux par toutes les voies d’ex­position.

    L’ingestion se traduit essentiellement par des signes de causticité pour le tube digestif: brûlures de la bouche et le long de l’œsophage ; gastro-entérite avec vomissement et diarrhée, parfois hémorragie digestive.

    Des contrôles fibroscopiques ont montré qu’une ulcéra­tion était rare au niveau de l’œsophage (environ 5 % des cas). Les sténoses tardives ne semblent pas fréquentes.

    Selon l’importance de l’effet local, peuvent survenir col­lapsus, cyanose, coma, asphyxie par fausse route au cours du vomissement ou insuffisance rénale fonctionnelle.

    Une atteinte rénale organique peut apparaître après quelques jours d’évolution.

    Les signes les plus sévères apparaissent après absorption d’iode sous forme solide ou de solutions concentrées. L’importance de la symptomatologie est moindre lorsque l’estomac est plein avant ingestion.

    Les vapeurs d’iode sont extrêmement irritantes pour les muqueuses. Sensation de brûlure oculaire et larmoie­ment, irritation des voies aériennes supérieures et de la bouche sont ressenties à des concentrations de l’ordre de 1 ppm. Aux plus fortes doses peuvent survenir une irrita­tion pulmonaire importante et un œdème.

    Les projections cutanées entraînent des brûlures ayant tendance à s’étendre du fait de la fixation du produit aux protéines tissulaires. Ces lésions sont longues à cicatriser.

    Les projections oculaires sont suivies d’une desquamation de l’épithélium cornéen qui cicatrise rapidement. Il ne semble pas y avoir de lésion définitive.

    Toxicité chronique

    En dehors des phénomènes d’irritation de la peau et des muqueuses, il est décrit un ensemble de signes liés à l’ex­position chronique à l’iode. L’«iodisme» est surtout en rapport avec des traitements médicaux prolongés et caractérisé par :

    • une hypersalivation, une rhinorrhée ;
    • une irritation du larynx, de la cavité buccale et des bronches ;
    • une parotidite et une inflammation des glandes sous-maxillaires ;
    • des céphalées, de l’insomnie et une nervosité ;
    • une perte de poids.

    Des éruptions cutanées sont possibles et quelques cas de sensibilisation ont été décrits.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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