Recommandations
Des mesures sévères de prévention et de protection s’imposent lors de l’exposition au trioxyde de diantimoine.
Au point de vue technique
Stockage
- D’une manière générale, les récipients seront tenus soigneusement fermés et étiquetés. On se conformera aux indications du fabricant.
Manipulation
- Instruire le personnel des risques présentés par les produits, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d'accident.
- Entreposer dans les locaux de travail des quantités ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
- Prévenir toute inhalation de poussières. Effectuer en appareil clos toute opération industrielle qui s'y prête. Prévoir une aspiration des poussières à leur source d'émission ainsi qu'une ventilation générale des locaux. Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour certaines opérations exceptionnelles de courte durée ; leur choix dépend des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d'un filtre anti-aérosols de type P2. Pour des interventions d'urgence, le port d'un appareil respiratoire autonome isolant est nécessaire.
- Contrôler fréquemment et régulièrement la concentration dans l'air des particules de trioxyde de diantimoine (voir Méthodes de détection et de détermination dans l'air).
- Éviter tout contact des produits avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du personnel des équipements de protection individuelle : vêtements de travail, masques, lunettes de sécurité et gants étanches (par exemple en caoutchouc nitrile, caoutchouc butyle, chlorure de polyvinyle, polychloroprène classiquement recommandés pour les substances sous forme solide 2 et d'après les fiches données de sécurité). Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage. L'employeur assurera l'entretien et le lavage fréquent des vêtements de travail qui devront rester dans l'entreprise.
- Prévoir l'installation de douches de sécurité et de fontaines oculaires dans les ateliers où les produits sont manipulés de façon constante.
- Ne pas boire ou manger dans les ateliers. Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : passage à la douche, lavage soigneux des mains après manipulation et changement de vêtements après le travail, rangement séparé des vêtements de ville et des vêtements de travail.
- Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du trioxyde de diantimoine sans prendre les précautions d'usage [40].
- Ne pas rejeter à l'égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le trioxyde de diantimoine.
- En cas de déversement accidentel, récupérer immédiatement la substance, en évitant de générer des poussières, dans des récipients prévus à cet effet, propres et secs, résistants et étanches, dans des conditions de sécurité équivalentes à celles décrites ci-dessus.
- Conserver les déchets dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation.
Au point de vue médical
- Lors des visites initiale et périodiques, rechercher plus particulièrement des signes d’atteintes respiratoire et cutanée et à l’interrogatoire des éventuelles co-expositions actuelles ou passées susceptibles d’entraîner des pathologies respiratoires. L’examen clinique initial pourra être complété par des examens complémentaires (EFR, ..) pour étudier ces fonctions.
- La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
- Surveillance biologique de l’exposition [39]
- Le dosage de l’antimoine urinaire serait le paramètre à privilégier pour la surveillance biologique des salariés exposés au trioxyde de diantimoine.
- Pour une exposition au trioxyde de diantimoine, la Commission allemande (DFG) propose une valeur EKA (Expositionsäquivalente für Krebserzeugende Arbeitsstoffe) pour l'antimoine urinaire en fin de poste de travail, après plusieurs postes (mais sans la chiffrer). Des taux urinaires non nuls d’antimoine sont retrouvés dans la population générale non professionnellement exposée.
Conduite à tenir en cas d’accident :
- En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
- En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Si une irritation oculaire apparait, consulter un ophtalmologiste et le cas échéant, signaler le port de lentilles.
- En cas d'ingestion, appeler rapidement un centre anti poison. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, pas tenter de provoquer des vomissements. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. En cas de symptômes, consulter rapidement un médecin.
- En cas d'inhalation massive, appeler rapidement un centre anti poison. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). En cas de symptômes, consulter rapidement un médecin.