Pathologie - Toxicologie
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Toxicocinétique - Métabolisme [2, 12]
Les données de toxicocinétique disponibles indiquent que les composés solubles du chrome (VI) [Cr (VI)] ont un comportement identique entre eux et entre les espèces y compris l'homme (bien que les connaissances soient limitées) : ils sont bien absorbés par le tractus respiratoire, moins par le tractus gastro-intestinal et peu par voie cutanée, largement distribués dans l'organisme et éliminés dans l'urine et les fèces.
Chez l'animal
Absorption
Après exposition par inhalation, 20 à 30 % du Cr (VI) administré sont rapidement absorbés par le tractus respiratoire, une certaine quantité est éliminée des poumons par clairance mucociliaire dans le tractus gastro-intestinal ; le reste est éliminé plus lentement et des quantités significatives persistent dans les poumons plusieurs semaines (demi-vie d'élimination pulmonaire chez le rat : 120-150 h).
Après exposition orale, l'absorption est faible dans le tractus gastro-intestinal du rat et de la souris (1 à 3 %, jusqu'à 11 % en absence de nourriture) ou de l'homme (2-9 %) ; ceci serait dû à la réduction, par l'acidité gastrique, du Cr (VI) en Cr (III) qui est peu absorbé. Le cobaye, en revanche, absorbe jusqu'à 18 % de la dose orale, même en présence de nourriture.
L'absorption cutanée chez le cobaye varie de moins de 1 % à 4 % selon la dose appliquée.
Distribution
Après absorption, le Cr (VI) pénètre en partie dans les érythrocytes où il est réduit en Cr (III) qui se fixe sur l'hémoglobine et y persiste plusieurs semaines. Le Cr (VI) est rapidement éliminé du plasma ; il est largement et rapi
dement distribué à tout l'organisme ; sa présence dans les organes décroît après 24 h sauf dans la rate où la concentration augmente pendant plusieurs semaines par clairance des érythrocytes sénescents.Après expositions répétées, le chrome s'accumule dans les organes et tissus, en particulier les poumons, le foie, la rate, le duodénum, les reins, les surrénales et les testicules.
Une administration parentérale de 51Cr (VI) à des rates ou des souris gestantes provoque un transfert rapide de molécules radiomarquées aux fœtus avec une distribution générale après 1 h et une fixation spécifique au squelette après 24 h.
Métabolisme
Le Cr (VI) est réduit dans les organes et en particulier dans le foie en Cr (III) qui forme des complexes avec le glutathion et d'autres substances de faible poids moléculaire ; ces complexes sont éliminés par la bile. Lors de cette réduction se forme du Cr (V) intermédiaire réactif probablement responsable de la toxicité.
Excrétion
Chez l'animal, le Cr (VI) est éliminé sous forme de Cr (III) dans l'urine (20-67 % en 7 à 10 jours après inhalation chez le rat) et les fèces (jusqu'à 25 %).
Chez l'homme, l'excrétion est essentiellement urinaire (> 80 %) et faiblement fécale. L'élimination urinaire est tri- phasique (demi-vies d'élimination : 7 heures, 15 à 30 jours, 4 ans). Il y a accumulation du chrome au cours de la semaine et tout au long de l'année chez les personnes les plus exposées.
Le Cr (VI) peut également être éliminé de façon mineure dans les cheveux, les ongles, le lait et la sueur.
Surveillance Biologique de l'exposition
En raison de la réduction rapide du chrome hexavalent en chrome trivalent après absorption, les concentrations de chrome sanguin et urinaire reflètent la quantité totale de chrome absorbé. Elles ne sont pas spécifiques des expositions professionnelles au chrome VI car elles intègrent également les expositions au chrome III et au chrome métal (chrome élémentaire, chrome 0).
- Le dosage du chrome urinaire, prélèvement fait en fin de poste de travail et fin de semaine, est un bon indicateur de l'exposition récente de la semaine mais également de l'exposition ancienne à toutes les formes de chrome (VI, III et métal). Des prélèvements en début et fin de poste permettent une bonne évaluation de l'exposition de la journée au chrome soluble. Même après plusieurs mois d'arrêt d'exposition, la chromurie peut rester supérieure aux valeurs de la population générale.
- Le dosage du chrome sur sang total ou sur sérum en fin de poste et fin de semaine refléterait pour le chrome sérique l'exposition récente (des deux jours précédents) et pour le chrome sanguin total l'exposition à long terme mais également l'exposition récente au chrome. Ce paramètre est bien corrélé au chrome urinaire.
- Le dosage du chrome intraérythrocytaire serait spécifique de l'exposition au chrome hexavalent. En l’absence de donnée suffisante, ce dosage ne peut être proposé en routine.
Des valeurs biologiques d’interprétation en population professionnellement exposée et en population générale ont été établies pour le chrome urinaire.
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Toxicité expérimentale
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Toxicité sur l’Homme