Toxicité aiguë [11 à 16]
Les intoxications aiguës se traduisent par des signes digestifs, neurologiques et des altérations hépatiques et rénales. L'inhalation provoque une irritation des muqueuses oculaire et respiratoire. Le contact cutané est modérément irritant et les projections dans l'œil induisent des effets irritants réversibles.
La DL50 par voie orale chez le rat, comme chez la souris et le lapin, est comprise entre 64 et 105 mg/kg. Quelle que soit l'espèce, les principaux signes de l'intoxication sont oculaires (larmoiement), neurologiques (somnolence, ataxie, tremblements, convulsions) et digestifs (diarrhée). L'examen anatomo-pathologique des animaux décédés montre une hyperémie des poumons et de différents organes et des lésions hépatiques (foyers nécrotiques dans la région périportale) et rénales (nécrose de l'épithélium des tubes contournés et prolifération du tissu interstitiel). Ces deux types de lésions sont également retrouvés chez des rats après administrations orales répétées de produit (4 jours à 25 mg/kg/jour ou 10 jours à 14 mg/kg/jour).
La CL50 par inhalation chez le rat est de 1 060 ppm pour une exposition d'une heure, de 165 ppm pour 4 heures et de 76 ppm pour 8 heures ; la sensibilité des cobayes, lapins et singes est voisine. En plus des symptômes observés après ingestion, l'inhalation provoque une irritation des muqueuses (yeux et voies aériennes supérieures) qui est marquée pour les concentrations supérieures à 40 ppm. Si les expositions sont répétées, une certaine accoutumance se développe ; 150 ppm entraîne toutefois la mort de tous les animaux exposés 7 heures/jour, 5 jours/semaine pendant 2 semaines. Selon certains experimentateurs, des modifications hépatiques et rénales sont encore visibles sur des rats exposés pendant 5 semaines à 7 ppm. Dans ces mêmes conditions, la concentration de 2 ppm semble n'entraîner aucune atteinte clinique, biologique ou histologique.
La DL50 par voie percutanée chez le lapin est de 45 mg/kg, avec des signes toxiques semblables à ceux que l'on observe après ingestion.
Du fait de son importante toxicité cutanée, l'effet irritant du produit n'a pas pu être correctement apprécié chez le lapin. Sur l'œil de celui-ci, la réaction est modérément sévère, avec un œdème de la conjonctive et, au niveau de la cornée, une hyperémie et une opacification qui disparaissent en 48 heures ; l'œil est complètement normal après une semaine.
Toxicité subchronique, chronique [11 à 13]
Les effets de faibles doses répétées sont généralement modérés avec une atteinte de l'état général et des altérations hépatique et rénale ainsi qu'une irritation des voies respiratoire et des muqueuses oculaires.
Des rats ont reçu pendant 15 semaines dans leur eau de boisson des doses de 2-propène-1-ol correspondant à une ingestion quotidienne de 0,15 à 70 mg/kg de produit. Jusqu'à 12 mg/kg par jour, on ne remarque aucune atteinte particulière (clinique, biologique ou histologique). À 29 mg/kg par jour, on observe une augmentation du poids relatif du foie, des reins et/ou de la rate. À 42 mg/kg par jour, les animaux perdent en plus du poids. À 70 mg/kg par jour, apparaissent des foyers nécrotiques dans le foie.
Pour un traitement prolongé 8 mois, la dose quotidienne de 0,05 mg/kg n'entraîne aucune anomalie. À 2,5 mg/kg par jour, on retrouve les lésions caractéristiques du foie et des reins.
Chez des rats exposés 7 heures/jour, 5 jours/semaine, pendant 12 semaines à des concentrations atmosphériques allant de 20 à 60 ppm on a observé :
- à 20 ppm, un retard de croissance ;
- à 40 ppm, une augmentation du poids relatif des poumons et une irritation des voies aériennes supérieures qui régresse après les premières expositions ;
- à 60 ppm, une augmentation du poids relatif des reins, une irritation oculaire persistante, une suffocation qui régresse après les premières expositions et une mortalité de 10 % des animaux.
Pour une exposition prolongée 6 mois (7 heures/jour, 5 jours/semaine), la dose de 2 ppm reste sans effet chez le rat.
Effets génotoxiques [13]
Certains métabolites de l'alcool allylique ont des propriétés génotoxiques.
Le 2-propène-1-ol est mutagène pour plusieurs souches de Salmonella typhimurium dans les conditions du test d'Ames ; une activation métabolique n'augmente pas cette mutagénicité. Le produit est, en revanche, inactif sur Aspergillus et sur Streptomyces.
L'acroléine, premier métabolite du 2-propène-1-ol, et l'aldéhyde glycidique, qui dérive de l'acroléine par époxydation, sont des mutagènes reconnus.
Effets cancérogènes [13]
On ne dispose pas de donnée sur d'éventuels effets cancérogènes de l'alcool allylique.
Il n'existe pas de donnée publiée sur un éventuel potentiel cancérogène du 2-propène-1-ol.
L'aldéhyde glycidique, quant à lui, est un cancérogène cutané reconnu pour l'animal de laboratoire (développement de papillomes et de carcinomes par application cutanée chez la souris et le rat).
Effets sur la reproduction [11, 13]
Les essais réalisés ne permettent pas de se prononcer sur les risques pour la reproduction de l'alcool allylique.
L'injection intra-amniotique de 2-propène-1-ol chez des rates au 13e jour de gestation, à des doses allant de 100 à 1 000 mg/fœtus, entraîne une augmentation des résorptions fœtales proportionnelle à la dose. L'acroléine est 100 fois plus active dans ce test.
L'injection de 2-propène-1-ol dans des œufs de poule n'exerce pas d'effet tératogène sur les embryons ; mais, pour des doses embryotoxiques, on observe une opacification de la cornée.