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2-Aminoéthanol

Fiche toxicologique n° 146

Sommaire de la fiche

Édition : 2014

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme

    L’absorption percutanée du 2-aminoéthanol est assez importante in vivo. Pour les voies orale et respiratoire, les preuves de son passage dans l’organisme existent mais aucune quantification n’est disponible. Une fois absorbé, il est principalement distribué dans le foie, le cerveau, les reins et le cœur. Le 2-aminoéthanol est un intermédiaire normal du métabolisme chez l’homme et chez les mammi­fères. Il est principalement éliminé par les poumons (CO2) et dans les urines sous forme de métabolites.

    Chez l'animal

    L'absorption percutanée et le métabolisme du 2-aminoéthanol, marqué au 14C, ont été étudiés in vitro et in vivo chez des souris. In vitro, l'absorption du produit est lente et faible, avec seulement 5 % de la dose initiale ayant traversé la peau, 50 heures après l'application ; in vivo, le taux d'absorption est plus important, avec entre 15 et 20 % de la dose initiale absorbée [20].

    Aucune donnée n'est disponible concernant l'absorption par voie orale ou respiratoire, mais les effets systémiques rapportés lors des études subchroniques sont le signe d'une absorption.

    À la suite d'une administration intrapéritonéale, 49 % de la radioactivité initiale sont détectés dans le foie et 4,9 % dans le cerveau, la rate, les reins, le cœur et le diaphragme, en grande majorité localisés dans la fraction lipidique [10].

    Vingt-quatre heures après une application percutanée, le 2-aminoéthanol est principalement retrouvé dans le foie (26 % de la dose appliquée) ; moins de 3 % de la dose ini­tiale est détectée dans les reins, les poumons, le cerveau et le cœur. La substance est complètement métabolisée au niveau de la peau et dans l'organisme (surtout dans le foie) : le carbone radiomarqué est alors détecté dans la peau, les acides aminés hépatiques, les protéines et les phospholipides [20].

    Excrétion

    Le 2-aminoéthanol est un composé naturellement pré­sent dans l'urine : chez le rat, son niveau d'excrétion uri­naire est de 1,35 mg/kg pc/j [10]. Au cours des 24 heures qui suivent une application cutanée, l'élimination se fait via le CO2 exhalé (19 % de la radioactivité initiale), les urines (5,2 %) et les fèces (1 %). Les métabolites urinaires identifiés sont l'urée, la glycine, la sérine, la choline et l'acide urique [20].

    Chez le rat, à la suite de l'administration par voie orale d'une dose unique de 2-aminoéthanol, 33,3 - 333 ou 530 mg/kg pc, respectivement 6,3 - 36,7 et 47,8 % de la dose sont excrétés dans les urines, sur une période de 3 jours [1].

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [1, 10]

    La toxicité aiguë du 2-aminoéthanol est faible par les voies cutanée et respiratoire, et modérée par voie orale. Les symptômes observés aux doses létales sont essentiel­lement dus à l’alcalinité du produit, se traduisant par une irritation intense du tractus gastro-intestinal. À ces signes irritatifs sont associés des symptômes neurologiques et pulmonaires. Les propriétés corrosives du 2-aminoéthanol ont été mises en évidence pour la peau et les yeux ; aucun potentiel sensibilisant n’est observé.

    La DL50 par voie orale chez le rat est comprise entre 1089 (substance pure) et 1515 (solution à 20 %) mg/kg pc. Aux doses létales, les animaux sont léthargiques et demeurent prostrés, et présentent des symptômes neu­rologiques (convulsions tonico-cloniques, paralysie des nerfs moteurs, hypotonie), ainsi qu'une atteinte digestive (irritation intense du tractus gastro-intestinal avec foyers nécrotiques au niveau des muqueuses, hyperémie et hémorragies). Cette atteinte digestive est due, en grande partie, à l'alcalinité du produit. Les autopsies révèlent aussi un changement d'aspect des poumons. Les ani­maux meurent dans les 2 jours suivant l'administration.

    La DL50 par voie percutanée est comprise entre 2500 et 2880 mg/kg pc, respectivement chez le lapin mâle et femelle (produit appliqué sous pansement occlusif main­tenu 24 heures). Localement, on observe un érythème et un œdème sévères et les examens histologiques mettent en évidence une nécrose de l'épiderme et du derme super­ficiel. Les décès surviennent dans les 2 jours suivant l'ap­plication. L'examen anatomo-pathologique des animaux décédés montre, par ailleurs, un changement d'aspect du thymus et des poumons, et révèlent la présence d'hémor­ragies intestinales.

    Les essais d'inhalation n'ont pas permis de déterminer la CL50 chez le rat, aucune mortalité n'étant observée à la suite d'une exposition de quelques heures à une atmos­phère saturée en vapeurs de 2-aminoéthanol (8 heures, 1300 mg/m3). L'exposition de 6 cobayes à 580 mg/m3 pendant une heure entraîne la mort de 4 d'entre eux.

    Irritation, sensibilisation

    Le 2-aminoéthanol est un corrosif cutané et oculaire [1, 6]. Au niveau cutané, l'application pendant 4 heures, sous pansement occlusif, d'une solution à 20 %, entraîne l'ap­parition de brûlures chimiques chez tous les animaux. Au niveau oculaire, opacité cornéenne, nécrose, hémorragie et écoulements sont observés.

    De récentes études (test de maximisation et LLNA) montrent que le 2-aminoéthanol n'est pas sensibilisant par voie cutanée [1, 21].

    Toxicité subchronique, chronique

    Par voie orale, le 2-aminoéthanol entraîne seulement une diminution du poids corporel des animaux. À la suite d’expositions répétées par inhalation, les lésions rappor­tées sont essentiellement liées aux propriétés corrosives du produit au niveau du larynx, de la trachée et des poumons. Des atteintes hépatiques et rénales sont aussi rapportées aux plus fortes doses. Une exposition cutanée répétée est à l’origine d’atteintes hépatique, cardiaque et pulmonaire.

    À la suite de l'administration pendant 75 jours de 100, 300 ou 1 000 mg/kg pc/j de 2-aminoéthanol dans l'ali­mentation, aucun effet systémique n'est observé chez les rats exposés ; seule une diminution de la prise de nourri­ture et du gain de poids corporel est rapportée à la plus forte dose [1].

    Par inhalation, des rats ont été exposés pendant 28 jours (6 h/j, 5 j/sem) à un aérosol de 2-aminoéthanol (10, 50 et 150 mg/m3, diamètre moyen des particules 1,1 pm). Les seules lésions rapportées chez les animaux exposés sont liées aux propriétés corrosives de la substance et touchent l'appareil respiratoire. Une inflammation de la muqueuse, des foyers de nécrose et une métaplasie malpighienne sont observés au niveau du larynx, dès 50 mg/m3, chez les mâles et les femelles. Les animaux exposés à 150 mg/m3 présentent une légère métaplasie malpighienne et une inflammation de la trachée (unique­ment chez les femelles), ainsi qu'une légère hyperplasie des cellules muqueuses pulmonaires (quelques animaux) [1]. Pour des concentrations supérieures (162 mg/m3 pendant 30 jours), des lésions histologiques hépatiques (dégénérescence graisseuse, œdème, vacuolisation et congestion) et rénales (œdème de l'épithélium tubulaire) sont observées, auxquelles s'ajoutent anorexie, apathie, dyspnée, hausse de la température corporelle, tremble­ments, hémorragie pulmonaire et pneumonie [22]. Chez les chiens exposés à 250 mg/m3, la diminution des taux d'albumine et surtout de l'hémoglobine et de l'hémato­crite suggère un effet inhibiteur de la synthèse érythro­cytaire.

    L'application pendant 7 jours de 4 mg/kg pc de 2-aminoéthanol sur la peau de rat est à l'origine d'une dégénéres­cence graisseuse des cellules hépatiques, avec nécrose et des modifications non spécifiques au niveau du cœur et des poumons [23].

    Effets génotoxiques [1, 6]

    Le 2-aminoéthanol ne montre pas de potentiel géno­toxique.

    Les essais de mutagenèse in vitro sur plusieurs souches de Salmonella typhimurium et Escherichia coli, avec ou sans activation métabolique, se sont tous révélés néga­tifs. Le 2-aminoéthanol n'induit ni mutation génique sur Saccharomycescerevisiæ, cellules de lymphomes de souris ou sur fibroblastes pulmonaires de hamster, ni aberration chromosomique sur culture de cellules hépatiques de rat.

    In vivo, aucune augmentation du nombre de micronoyaux n'est observée dans les érythrocytes de souris, exposées par gavage à 375, 750 ou 1 500 mg/kg de 2-aminoéthanol pendant 24 ou 48 heures.

    Effets cancérogènes [24]

    Les données disponibles sont insuffisantes pour juger du potentiel cancérogène du 2-aminoéthanol.

    Un test de transformation cellulaire in vitro a été réalisé sur des cellules embryonnaires de hamster, exposées de 25 à 500 µL/mL de 2-aminoéthanol pendant 8 jours : aucun potentiel de transformation n'a été observé dans ces conditions.

    Aucune autre donnée relative au potentiel cancérogène du 2-aminoéthanol n'est disponible.

    Effets sur la reproduction

    Des effets sur la fertilité sont observés au cours d’une étude menée sur deux générations, aussi bien chez les mâles (effets sur le nombre de spermatozoïdes, les épididymes et la prostate) que chez les femelles (diminution du nombre d’implantations et de la taille des portées, augmentation des pertes post-implantatoires). En ce qui concerne le déve­loppement, le 2-aminoéthanol n’apparaît pas tératogène mais présente une fœtotoxicité dans une étude au proto­cole présentant des limitations méthodologiques.

    Fertilité

    Une étude sur deux générations a été réalisée chez le rat, exposé à 100, 300 ou 1000 mg/kg pc/j de 2-aminoéthanol mélangé dans l'alimentation. À la plus forte dose testée, des effets sur la fertilité et les performances reproduc­trices apparaissent chez les parents des générations F0 et F1. Chez les femelles, sont rapportées une diminution du poids des femelles pendant la gestation, une baisse du nombre de sites d'implantation et une diminution de la taille des portées, en lien avec une toxicité systémique ; chez les mâles, on note une diminution du nombre de spermatozoïdes (F0 seulement) ainsi que du poids des épididymes et de la prostate [1].

    Développement

    Au cours de l'étude deux générations mentionnée précé­demment, une augmentation des pertes post-implanta- toires est rapportée, en lien avec une toxicité systémique [1].

    L'administration par gavage de doses comprises entre 40 et 450 mg/kg/j de 2-aminoéthanol, à des rats femelles, du 6e au 15e jour de gestation, n'entraîne aucun effet sur les nouveau-nés, la taille des portées, le nombre de petits vivants, le taux de survie ou le sex-ratio. Les autopsies pratiquées ont révélé quelques cas d'auto- lyse, d'incisives plantées vers l'avant ou d'hydronéphrose (dilatation du bassinet) dans les groupes exposés à 40 et 450 mg/kg/j. Mais étant donné la faible incidence de ces effets et l'absence d'anomalie dans le groupe exposé à la dose intermédiaire (120 mg/kg/j), les auteurs ont consi­déré ces effets comme étant d'origine spontanée [27]. Une étude similaire rapporte des augmentations signifi­catives de la mortalité intra-utérine à la plus forte dose (500 mg/kg/j), de l'incidence d'hydronéphroses et des fœtus de petite taille à 300 mg/kg/j. Toutefois, la clas­sification inhabituelle de certaines anomalies (hydro­néphroses) et un effectif de groupe non réglementaire (nombre trop réduit d'animaux) limitent la pertinence des effets retenus [26, 28].

    À la suite de l'application percutanée de 0, 10, 25, 75 et 225 mg/kg/j de 2-aminoéthanol, sur la peau de rats femelles, du 6e au 15e jour de gestation, les paramètres liés à la reproduction examinés (taux d'implantation, nombre de résorptions, tailles des portées, nombre de fœtus vivants par portée, sex-ratio, poids des fœtus ou poids de l'utérus) ne sont pas modifiés, de plus aucune incidence sur l'appa­rition de malformations ou de variations externes, viscérale ou squelettique n'est observée [25, 26].

  • Toxicité sur l’Homme

    Chez l’homme, le 2-aminoéthanol est un irritant des voies respiratoires, de la peau et des yeux. Des eczémas sont éga­lement rapportés, ainsi que quelques rares cas de réactions bronchiques asthmatiformes.

    Toxicité aiguë [5, 10]

    Un cas ancien d'intoxication par inhalation chez un sala­rié remplissant des fûts avec du 2-aminoéthanol pur dans un local non ventilé aurait provoqué une hépatite aiguë incomplètement réversible. Une fausse route survenue lors de l'ingestion volontaire d'un produit nettoyant basique contenant 3,3 % de 2-aminoéthanol a provoqué une bronchoconstriction puis un syndrome de détresse respiratoire aiguë mortel [29].

    Les vapeurs sont irritantes pour les voies respiratoires supérieures et pour les yeux.

    Le 2-aminoéthanol liquide et ses solutions sont irritants pour la peau et pour les yeux. Des essais sur volontaires ont montré qu'un contact cutané avec le produit pur maintenu sur une compresse pendant 90 minutes entraî­nait un érythème marqué et une infiltration de la peau. L'application cutanée pendant 21 jours (23 heures/24) d'un mélange contenant 5,9 % de 2-aminoéthanol pro­voque un érythème faible à modéré (le rôle des autres composants ne peut cependant être éliminé).

    L'irritation oculaire peut survenir après contact avec des solutions diluées. Une étude de 500 cas de projections accidentelles dans les yeux montre qu'après un lavage immédiat, il apparaît une conjonctivite et une kératite superficielle réversible en quelques jours.

    Toxicité chronique [10, 21]

    La présence de 2-aminoéthanol dans de nombreux pro­duits d'usage courant et le faible nombre de réactions allergiques rapporté indiquent qu'il ne s'agit pas d'un allergisant fort. Cependant, dans certaines professions, des réactions cutanées eczématiformes sont notées avec des tests positifs à cette substance. C'est particulièrement le cas lors de l'utilisation de fluides de coupe contenant le 2-aminoéthanol comme agent anticorrosion. Une étude indique que chez des salariés de la métallurgie ayant une dermatose professionnelle, plus de 10 % présentent un test cutané positif au 2-aminoéthanol (à 2 %) contre 1,3 % chez le groupe témoin [30]. Des dermatoses de nature allergique sont rapportées dans d'autres profes­sions : assistant dentaire [31], coiffeur. Dans tous ces cas, le rôle de l'irritation (produit basique), de lésions cutanées
    traumatiques et de coexpositions à d'autres allergènes ne peut être ignoré.

    Des réactions asthmatiformes sont décrites chez des sala­riés exposés à des éthanolamines mais leur mécanisme allergique n'est pas certain.

    Dans une publication déjà ancienne, des bronchites chro­niques ainsi qu'une atteinte hépatique et une asthénie sont indiquées.

    Effets génotoxiques

    Aucune donnée n'est disponible chez l'homme à la date d'édition de cette fiche.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n'est disponible chez l'homme à la date d'édition de cette fiche.

    Effets sur la reproduction

    Aucune donnée n'est disponible chez l'homme à la date d'édition de cette fiche.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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