Toxicité aiguë [1, 10]
La toxicité aiguë du 2-aminoéthanol est faible par les voies cutanée et respiratoire, et modérée par voie orale. Les symptômes observés aux doses létales sont essentiellement dus à l’alcalinité du produit, se traduisant par une irritation intense du tractus gastro-intestinal. À ces signes irritatifs sont associés des symptômes neurologiques et pulmonaires. Les propriétés corrosives du 2-aminoéthanol ont été mises en évidence pour la peau et les yeux ; aucun potentiel sensibilisant n’est observé.
La DL50 par voie orale chez le rat est comprise entre 1089 (substance pure) et 1515 (solution à 20 %) mg/kg pc. Aux doses létales, les animaux sont léthargiques et demeurent prostrés, et présentent des symptômes neurologiques (convulsions tonico-cloniques, paralysie des nerfs moteurs, hypotonie), ainsi qu'une atteinte digestive (irritation intense du tractus gastro-intestinal avec foyers nécrotiques au niveau des muqueuses, hyperémie et hémorragies). Cette atteinte digestive est due, en grande partie, à l'alcalinité du produit. Les autopsies révèlent aussi un changement d'aspect des poumons. Les animaux meurent dans les 2 jours suivant l'administration.
La DL50 par voie percutanée est comprise entre 2500 et 2880 mg/kg pc, respectivement chez le lapin mâle et femelle (produit appliqué sous pansement occlusif maintenu 24 heures). Localement, on observe un érythème et un œdème sévères et les examens histologiques mettent en évidence une nécrose de l'épiderme et du derme superficiel. Les décès surviennent dans les 2 jours suivant l'application. L'examen anatomo-pathologique des animaux décédés montre, par ailleurs, un changement d'aspect du thymus et des poumons, et révèlent la présence d'hémorragies intestinales.
Les essais d'inhalation n'ont pas permis de déterminer la CL50 chez le rat, aucune mortalité n'étant observée à la suite d'une exposition de quelques heures à une atmosphère saturée en vapeurs de 2-aminoéthanol (8 heures, 1300 mg/m3). L'exposition de 6 cobayes à 580 mg/m3 pendant une heure entraîne la mort de 4 d'entre eux.
Irritation, sensibilisation
Le 2-aminoéthanol est un corrosif cutané et oculaire [1, 6]. Au niveau cutané, l'application pendant 4 heures, sous pansement occlusif, d'une solution à 20 %, entraîne l'apparition de brûlures chimiques chez tous les animaux. Au niveau oculaire, opacité cornéenne, nécrose, hémorragie et écoulements sont observés.
De récentes études (test de maximisation et LLNA) montrent que le 2-aminoéthanol n'est pas sensibilisant par voie cutanée [1, 21].
Toxicité subchronique, chronique
Par voie orale, le 2-aminoéthanol entraîne seulement une diminution du poids corporel des animaux. À la suite d’expositions répétées par inhalation, les lésions rapportées sont essentiellement liées aux propriétés corrosives du produit au niveau du larynx, de la trachée et des poumons. Des atteintes hépatiques et rénales sont aussi rapportées aux plus fortes doses. Une exposition cutanée répétée est à l’origine d’atteintes hépatique, cardiaque et pulmonaire.
À la suite de l'administration pendant 75 jours de 100, 300 ou 1 000 mg/kg pc/j de 2-aminoéthanol dans l'alimentation, aucun effet systémique n'est observé chez les rats exposés ; seule une diminution de la prise de nourriture et du gain de poids corporel est rapportée à la plus forte dose [1].
Par inhalation, des rats ont été exposés pendant 28 jours (6 h/j, 5 j/sem) à un aérosol de 2-aminoéthanol (10, 50 et 150 mg/m3, diamètre moyen des particules 1,1 pm). Les seules lésions rapportées chez les animaux exposés sont liées aux propriétés corrosives de la substance et touchent l'appareil respiratoire. Une inflammation de la muqueuse, des foyers de nécrose et une métaplasie malpighienne sont observés au niveau du larynx, dès 50 mg/m3, chez les mâles et les femelles. Les animaux exposés à 150 mg/m3 présentent une légère métaplasie malpighienne et une inflammation de la trachée (uniquement chez les femelles), ainsi qu'une légère hyperplasie des cellules muqueuses pulmonaires (quelques animaux) [1]. Pour des concentrations supérieures (162 mg/m3 pendant 30 jours), des lésions histologiques hépatiques (dégénérescence graisseuse, œdème, vacuolisation et congestion) et rénales (œdème de l'épithélium tubulaire) sont observées, auxquelles s'ajoutent anorexie, apathie, dyspnée, hausse de la température corporelle, tremblements, hémorragie pulmonaire et pneumonie [22]. Chez les chiens exposés à 250 mg/m3, la diminution des taux d'albumine et surtout de l'hémoglobine et de l'hématocrite suggère un effet inhibiteur de la synthèse érythrocytaire.
L'application pendant 7 jours de 4 mg/kg pc de 2-aminoéthanol sur la peau de rat est à l'origine d'une dégénérescence graisseuse des cellules hépatiques, avec nécrose et des modifications non spécifiques au niveau du cœur et des poumons [23].
Effets génotoxiques [1, 6]
Le 2-aminoéthanol ne montre pas de potentiel génotoxique.
Les essais de mutagenèse in vitro sur plusieurs souches de Salmonella typhimurium et Escherichia coli, avec ou sans activation métabolique, se sont tous révélés négatifs. Le 2-aminoéthanol n'induit ni mutation génique sur Saccharomycescerevisiæ, cellules de lymphomes de souris ou sur fibroblastes pulmonaires de hamster, ni aberration chromosomique sur culture de cellules hépatiques de rat.
In vivo, aucune augmentation du nombre de micronoyaux n'est observée dans les érythrocytes de souris, exposées par gavage à 375, 750 ou 1 500 mg/kg de 2-aminoéthanol pendant 24 ou 48 heures.
Effets cancérogènes [24]
Les données disponibles sont insuffisantes pour juger du potentiel cancérogène du 2-aminoéthanol.
Un test de transformation cellulaire in vitro a été réalisé sur des cellules embryonnaires de hamster, exposées de 25 à 500 µL/mL de 2-aminoéthanol pendant 8 jours : aucun potentiel de transformation n'a été observé dans ces conditions.
Aucune autre donnée relative au potentiel cancérogène du 2-aminoéthanol n'est disponible.
Effets sur la reproduction
Des effets sur la fertilité sont observés au cours d’une étude menée sur deux générations, aussi bien chez les mâles (effets sur le nombre de spermatozoïdes, les épididymes et la prostate) que chez les femelles (diminution du nombre d’implantations et de la taille des portées, augmentation des pertes post-implantatoires). En ce qui concerne le développement, le 2-aminoéthanol n’apparaît pas tératogène mais présente une fœtotoxicité dans une étude au protocole présentant des limitations méthodologiques.
Fertilité
Une étude sur deux générations a été réalisée chez le rat, exposé à 100, 300 ou 1000 mg/kg pc/j de 2-aminoéthanol mélangé dans l'alimentation. À la plus forte dose testée, des effets sur la fertilité et les performances reproductrices apparaissent chez les parents des générations F0 et F1. Chez les femelles, sont rapportées une diminution du poids des femelles pendant la gestation, une baisse du nombre de sites d'implantation et une diminution de la taille des portées, en lien avec une toxicité systémique ; chez les mâles, on note une diminution du nombre de spermatozoïdes (F0 seulement) ainsi que du poids des épididymes et de la prostate [1].
Développement
Au cours de l'étude deux générations mentionnée précédemment, une augmentation des pertes post-implanta- toires est rapportée, en lien avec une toxicité systémique [1].
L'administration par gavage de doses comprises entre 40 et 450 mg/kg/j de 2-aminoéthanol, à des rats femelles, du 6e au 15e jour de gestation, n'entraîne aucun effet sur les nouveau-nés, la taille des portées, le nombre de petits vivants, le taux de survie ou le sex-ratio. Les autopsies pratiquées ont révélé quelques cas d'auto- lyse, d'incisives plantées vers l'avant ou d'hydronéphrose (dilatation du bassinet) dans les groupes exposés à 40 et 450 mg/kg/j. Mais étant donné la faible incidence de ces effets et l'absence d'anomalie dans le groupe exposé à la dose intermédiaire (120 mg/kg/j), les auteurs ont considéré ces effets comme étant d'origine spontanée [27]. Une étude similaire rapporte des augmentations significatives de la mortalité intra-utérine à la plus forte dose (500 mg/kg/j), de l'incidence d'hydronéphroses et des fœtus de petite taille à 300 mg/kg/j. Toutefois, la classification inhabituelle de certaines anomalies (hydronéphroses) et un effectif de groupe non réglementaire (nombre trop réduit d'animaux) limitent la pertinence des effets retenus [26, 28].
À la suite de l'application percutanée de 0, 10, 25, 75 et 225 mg/kg/j de 2-aminoéthanol, sur la peau de rats femelles, du 6e au 15e jour de gestation, les paramètres liés à la reproduction examinés (taux d'implantation, nombre de résorptions, tailles des portées, nombre de fœtus vivants par portée, sex-ratio, poids des fœtus ou poids de l'utérus) ne sont pas modifiés, de plus aucune incidence sur l'apparition de malformations ou de variations externes, viscérale ou squelettique n'est observée [25, 26].