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4,4'-Diisocyanate de diphénylméthane

Fiche toxicologique n° 129

Sommaire de la fiche

Édition : Juillet 2024

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [1, 22, 23]

    Le 4,4’-MDI est absorbé par inhalation et, à faible taux, par voie cutanée. Il se dépose en grande partie localement ; après absorption, le 4,4’-MDI est hydrolysé en 4,4’-méthylènedianiline (4,4’-MDA), acétylée dans le foie et éliminée principalement par voie urinaire sous forme de 4,4’-MDA mono-acétylée.

    Chez l'animal
    Absorption

    Il n’y a pas d’information sur le devenir du 4,4’-MDI chez l’animal après exposition orale [24].

    Des rats ont été exposés pendant 6 heures à 3,7 mg/m3 de 4,4’-MDI radiomarqué (par inhalation) : les auteurs ont estimé entre 25 et 32 % la dose absorbée, 168 heures après la fin de l’exposition [25].

    Le 4,4’-MDI est faiblement absorbé par voie cutanée. Chez des rats mâles exposés à 15 ou 165 mg/kg de 4,4’-MDI radiomarqué sur la peau pendant 8 heures (sous pansement occlusif), moins de 1 % de la dose déposée est détectée dans les urines, fèces ou tissus, 120 heures après le début de l’exposition [26].

    Distribution

    Après inhalation, le PMDI se dépose au niveau du nez et des alvéoles pulmonaires où il est absorbé ; le 4,4’-MDI (aérosol, rat, nez seul pendant 15 minutes) se dépose essentiellement dans les poumons et se distribue, en concentration moindre, dans les muscles, le foie, les reins et le tractus gastro-intestinal [27].

    Suite à une exposition à 2 mg/m3 de 4,4’-MDI radiomarqué (inhalation, exposition tête seule, pendant 6 heures), les niveaux de radioactivité les plus élevés sont mesurés dans les tractus respiratoire et gastrointestinal, ainsi que dans tous les tissus examinés (8 heures après l’exposition). Selon les auteurs, la présence de radioactivité dans le tractus gastrointestinal pourrait résulter d’une ingestion liée au toilettage des animaux pendant l’exposition et/ou à la clairance mucociliaire [25].

    Dans l’étude cutanée citée précédemment, aucune radioactivité n’est détectée dans les tissus 120 heures après le début de l’exposition cutanée [26]. Dans une étude plus ancienne (rats femelle, application de 11-15 mg/kg de 14C 4,4’-MDI sur la peau pendant 24 heures ou de 29-30 mg/kg 14C 4,4’-MDI pendant 48 heures), de faibles quantités de radioactivité sont détectées dans la langue, les poumons, le foie et les reins (≤ 1 % pour ces 2 organes) ; 9 à 12 % des molécules de 14C 4,4’-MDI déposées restent dans l’épiderme [28].

    Après exposition de rates gestantes (19e jour de gestation, 20 mg/m3 pendant 6 heures, corps entier), la 4,4’-MDA est retrouvée sous forme conjuguée dans le sang maternel, le placenta, le sang fœtal et le liquide amniotique [27].

    Métabolisme

    Suite à l’inhalation de 4,4’-MDI, la principale voie métabolique consiste en sa combinaison avec différentes macromolécules de l'organisme (protéines, glycoprotéines, glutathion), ou l’eau, produisant ainsi des adduits dans la circulation sanguine [5]

    Le 4,4’-MDI restant, non fixé aux macromolécules, peut subir une hydrolyse acide et former la 4,4'-méthylènedianiline (4,4'-MDA). Au niveau du foie, la 4,4'-MDA peut ensuite être acétylée en N-acétyl-MDA ou réagir avec des molécules de MDI libre et former ainsi des polyurées (MDI-polyurée). Suite à l'ingestion de 4,4’-MDI, cette voie serait la voie métabolique principale [5].

    Suite à une exposition par inhalation, 5 métabolites urinaires ont été détectés dont 4 identifiés comme des composés N-acétylés et N-acétylhydroxylés [25, 27]. Il s’agit du :

    • N,N′-diacétyl-4,4′-diaminobenzhydrol,
    • N,N′-diacétyl-4,4′-diaminophénylméthane,
    • N-acétyl-4,4′-diaminophénylméthane,
    • N,N′-diacétyl-4,4′-diaminobenzophénone.

    Des adduits à l’hémoglobine ont été mesurés chez le rat après exposition répétée pendant 12 mois à un aérosol de 4,4’-MDI (adduits à la 4,4’-MDA). Le taux d’adduits diminue de 40 % après 1 semaine de récupération (sans exposition).

    Excrétion

    Chez le rat, 4 jours après exposition par inhalation (0,06 ou 0,4 mg/m3 de 4,4’-MDI pendant 15 min), 70 % de la dose absorbée sont éliminés (57 % dans les fèces et 13 % dans l’urine) ; 23 % restent dans la carcasse dont moins de 1 % dans les organes [27].

    Suite à l’exposition pendant 6 heures à 2 mg/m3 de 4,4’-MDI radiomarqué, les rats mâles ont excrété la majorité de la radioactivité dans les fèces (80 %) et seulement 5 % dans les urines (≤ 1 % de chaque métabolite), 168 heures après l’exposition [25].

    Après exposition cutanée de rats à du 14C 4,4’-MDI, 20 % des molécules radiomarquées absorbées sont éliminées dans les fèces et moins de 1 % dans l’urine en 24 heures [28].

    Comme pour les résultats obtenus par inhalation, les quantités importantes de radioactivité retrouvées dans les fèces sont attribuables au toilettage des rats entrainant l’ingestion de la substance [5, 27].

    Chez l'Homme

    Même si le métabolisme du 4,4’-MDI est peu connu chez l’Homme, il serait semblable à celui de l’animal.  

    Par voie cutanée, entre 0,01 et 0,02 % de la dose appliquée de 4,4’-MDI (0,8 mg/cm², pendant 8 heures) est absorbée et retrouvée dans les urines [29].

    Chez des travailleurs exposés au 4,4’-MDI par inhalation durant la fabrication de polyuréthane, des métabolites et des adduits ont été mesurés dans l'urine. La majorité des isocyanates inhalés semblent être excrétés par cette voie dans les heures suivant l'exposition.

    Des adduits à l’hémoglobine et à l’albumine ont été identifiés chez respectivement 27 et 64 % de travailleurs exposés au 4,4’-MDI [30].

    Chez des ouvriers exposés au MDI, la demi-vie plasmatique de la 4,4’-MDA est de 21 jours et la demi-vie urinaire de 70-80 heures [5].

    Surveillance Biologique de l'exposition

    La MDA totale urinaire, diamine dérivée, (après hydrolyse) en fin de poste est un indicateur de l'exposition de la journée de travail. La corrélation avec les concentrations atmosphériques de MDI est inconstante, notamment en raison de l’importance de la pénétration cutanée. Cet indicateur n’est pas spécifique, il résulte également d’une exposition à la MDA.

    Des valeurs biologiques d’interprétation (VBI) professionnelles et issues de la population générale sont disponibles pour cet indicateur.

    Certains adduits du MDI à l’albumine ou à l’hémoglobine constituent des biomarqueurs spécifiques mais ne sont pas proposés en routine pour la surveillance biologique des travailleurs exposés.

  • Toxicité expérimentale
  • Toxicité sur l’Homme
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