Que faire en cas d'exposition ? Guide de lecture
Définition d'un sujet exposé
Un sujet exposé (ou sujet contact) est une personne ayant eu un contact physique avec un cas de FHV possible ou confirmé, vivant ou décédé, ou un contact direct avec des fluides ou tissus biologiques, à partir du début de la fièvre du cas confirmé et ce quel que soit le niveau de risque (voir évaluation du risque) (R1).
Lors de mission dans des pays où ces virus sont endémiques, exposition à des animaux atteints ou piqûre de tiques ou de moustiques.
Principales professions concernées
Personnels de soins en charge de patients infectés.
Laboratoires de recherche et des structures de soins accueillants des patients atteints ou suspects de FHV.
Missions dans les pays endémiques.
Dépeçage d’animaux malades ou retrouvés morts dans certains pays (notamment en forêt équatoriale).
Professions agro-pastorales, vétérinaires, employés des abattoirs.
Animaleries de recherche: risque devenu minime à partir des primates non humains du fait des contrôles sanitaires actuels.
Conduite à tenir immédiate
Le diagnostic de certitude nécessitant un délai de réponse, des mesures de sécurité doivent être prises entre le moment de la suspicion clinique de l'infection et celui où le laboratoire confirme ou infirme le diagnostic : en milieu de soins, s'assurer de la mise en place de mesures complémentaires d'hygiène autour du cas index : association de précautions complémentaires de type "gouttelettes" et de type "contact".
Recenser d'éventuelles autres personnes exposées.
- En cas d'exposition accidentelle au sang ou à un fluide biologique, se référer aux préconisations du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) faites, pour Ebola en cas d'AEV (Accident d'Expostion Virale) à partir d'un cas "suspect", "possible" ou "confirmé" (R2) :
- En cas d'effraction cutanée ou de projection sur la peau, même saine : nettoyer à l'eau et au savon puis désinfection à l'eau de javel à 0,5 % de chlore pendant 10 minutes (soit 2,5 % diluée au 1/5ème). En cas de projection sur le visage ou les yeux : rincer abondamment avec eau ou sérum physiologique.
- Consulter un médecin référent ou un médecin de garde aux urgences le plus tôt possible.
Évaluation du risque
Selon les caractéristiques de la source et le type d'exposition
S'assurer du diagnostic chez la source.
Cas possible (R1) :
- séjour en zone d'endémie ou d'épidémie, connue ou présumée, actuelle ou passée ;
- exposition au risque (contact avec les malades, des primates non humains, des rongeurs, etc.) avérée ou possible, en zone rurale, lors de soins ou au laboratoire ;
- délai entre cette exposition et la date d'apparition des premiers symptômes compatible avec la durée maximale d'incubation de la FHV ;
- signes cliniques évocateurs ou compatibles avec le diagnostic présumé de FHV.
Toute suspicion de FHV doit faire l’objet d’une validation clinico-épidémiologique par une infectiologue qui organisera la prise en charge en filière dédiée. Ensuite, elle doit être évaluée par le CNR des FHV pour convenir des explorations virologiques à mettre en œuvre avant d’être déclaré à l’ARS concernée.
Produit biologique :
- Pour les virus à transmission inter-humaine : tous les liquides biologiques du patient.
- En plus, en pays d'endémie : urines, excréments de rongeurs, carcasses d'animaux, produits d'avortement...
Type d'exposition
Compte-tenu de la létalité, même une exposition à un inoculum faible doit être considérée comme potentiellement infectante.
- Pour les virus à transmission inter-humaine (Filovirus, Arenavirus et certains Bunyavirus) : par contact avec le sang ou les liquides biologiques. Aucun cas humain prouvé d'infection par transmission aérienne. Transmission par les gouttelettes possible.
- En plus, uniquement en pays d'endémie : contact direct avec les animaux ou leurs carcasses, leurs produits d'avortements ou en inhalant des poussières ou aérosols souillés par les urines ou excréments d'animaux réservoirs (rongeurs, primates, chauve-souris).
Spécificité de l'exposition au laboratoire
Risque de transmission par inhalation d’aérosols dans les laboratoires effectuant des cultures virales. Le risque lié à la mise en suspension des virus lors de l’ouverture des tubes de sang ou de liquides biologiques dans les laboratoires de routine est faible.
Selon les caractéristiques du sujet exposé
- Risque majoré en cas d'immunodépression.
- Port correct de la tenue de protection et respect scrupuleux des règles d'hygiène.
Prise en charge du sujet exposé
Mesures prophylactiques
Efficacité non évaluée d’une prophylaxie par la ribavirine après exposition aux virus de Crimée-Congo, de Lassa ou autres Arenavirus.
Suivi médical
S'assurer de l'absence de symptôme;
Compte tenu de la période d’incubation, un suivi médical pendant toute la durée de la période d'incubation, maximum 21 jours (voir tableau 2) est nécessaire, avec prise de la température deux fois par jour et hospitalisation immédiate en cas d’apparition de fièvre avec isolement contact et gouttelettes.
Pas d’isolement nécessaire avant l’apparition de la fièvre.
En cas de grossesse
Information du personnel assurant le suivi de la grossesse.
Pour l'entourage du sujet exposé
Rapports sexuels strictement protégés de la période d’incubation jusqu’à la fin de la convalescence, et en ce qui concerne les infections à Filovirus et Arenavirus pendant au moins 3 mois après la guérison clinique.
Vérifier l’absence de co-exposition possible chez des proches (voyage).