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Biotox Mercure et composés

  • Nature du dosage : Mercure sanguin
Autres dosages disponibles pour « Mercure et composés » :
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Version : Novembre 2022

Généralités sur la substance

  • Nom de la substance

    Mercure et composés
  • Famille chimique

    Métaux
  • Numéro CAS

    7439-97-6
  • Composé(s)

    • Chlorure mercurique (7487-94-7)
    • Sulfure mercurique (1344-48-5)
    • Oxyde mercurique (21908-53-2)
    • Sulfate mercurique (7783-35-9)
    • Méthylmercure (22967-92-6)
  • Fiche(s) toxicologique(s)

  • Fiche(s) Métropol

    • -

Renseignements utiles pour le dosage Mercure sanguin

Valeurs biologiques d'interprétation (VBI) issues de la population générale adulte

Mercure sanguin inorganique : 0,5 µg/L (95ème percentile chez les adultes de plus de 20 ans), NHANES 2017-2018 [G4]

Mercure sanguin total : 4,4 µg/L (95ème percentile chez les adultes de plus de 20 ans), NHANES 2017-2018 [G4]

Mercure plasmatique : 1 µg/L (95ème percentile) [Cesbron et al., 2013]

Mercure sanguin : 5 µg/L (95ème percentile) [Nisse et al., 2017]

Mercure sanguin : 5 µg/L (HBM-I allemande) [Schulz et al., 2011]

Valeurs biologiques d'interprétation (VBI) pour le milieu de travail

  • VBI françaises (VLB règlementaire, VLB ANSES)

    ---------valeur non déterminée---------

  • VBI européennes (BLV)

    Pour une exposition au mercure éléments et aux composés divalents inorganiques : Mercure sanguin : 10 µg/L [SCOEL, 2007]

  • VBI américaines de l'ACGIH (BEI)

    ---------valeur non déterminée---------
  • VBI allemandes de la DFG (BAT, EKA, BLW)

    Pour une exposition aux dérivés organiques du mercure : Valeur EKA de la Commission allemande : voir fiche substance "Renseignements utiles sur la substance" (DFG, 2009) [G2]

Moment du prélèvement

  • Dans la journée

    fin de poste
  • Dans la semaine

    fin de semaine

Facteur de conversion

  • 1 µmol/L = 201 µg/L

Coût du dosage

  • ICP-MS : de 18 € à 81 €, prix moyen 35,75 €
  • ETAAS : 46 €
  • ICP-SM/CCT : 32,4 €

Renseignements utiles pour le choix d'un indice biologique d'exposition

Toxicocinétique - Métabolisme

Il existe une mention de l'ACGIH et de la DFG signalant le risque de passage percutané pour les composés organiques et inorganiques.

Mercure métal et composés inorganiques. L'absorption de mercure dépend de la spéciation (ou espèce chimique), de la solubilité du composé dans le milieu biologique considéré, ainsi que de la granulométrie du composé.

En milieu professionnel, la principale voie d'entrée du mercure métal et composés inorganiques dans l'organisme est pulmonaire (vapeurs et poussières) dont 80 % sont absorbés. L'absorption digestive du mercure métal est négligeable (inférieure à 0,01 %) et l'absorption cutanée est faible (< 3 %). Certains composés minéraux du mercure tel le chlorure mercurique, très solubles, peuvent être absorbés par voie digestive (jusqu'à 15 %) et cutanée.

Le passage dans le sang où il est distribué de façon équivalente entre globules rouges et plasma et la distribution du mercure sont très rapides (quelques minutes après le début de l'exposition). Le mercure s'accumule rapidement dans les reins et le système nerveux central. La demi-vie du mercure sanguin est biphasique (de 2 à 4 jours et de 15 à 70 jours respectivement).

Le mercure inorganique est excrété par voies rénale (8 à 40 %) et fécale (jusqu'à 80 %), faiblement par la sueur, la salive, les phanères et l'air expiré. Après le début de l'exposition il existe une période de latence en relation avec le stockage progressif du mercure dans le rein et l'excrétion urinaire ne commence à s'élever pour atteindre un plateau qu'entre 10 jours (forte exposition) et 6 mois (faible exposition) ; l'excrétion persiste longtemps après l'arrêt de l'exposition, la demi-vie d'élimination urinaire varie de 13 à 100 jours (médiane de 63 jours).

Les dérivés organiques du mercure (ex : méthylmercure) sont absorbés par voies digestive (pour plus de 90 %), mais aussi pulmonaire (pour près de 60 %) et cutanée. Dans le sang le mercure organique est presque complètement intra-érythrocytaire (90 %) ; il se distribue dans tout l'organisme pour se concentrer dans le système nerveux central.

Les dérivés organiques du mercure sont transformés en mercure inorganique, très faiblement pour les dérivés alkylés, plus rapidement pour les dérivés alcoxylés et arylés et éliminés par voies biliaire et fécale pour près de 90 % de la dose absorbée (la demi-vie d'élimination du méthylmercure est comprise entre 35 et 189 jours ; elle est de l'ordre de 7 jours pour l'éthylmercure ; cycle entérohépatique) et plus faiblement par les urines (< 30 %) (dérivés alcoxyalkylés et arylés).

Indicateurs biologiques d'exposition

- Mercure métal et composés inorganiques

Le dosage du mercure urinaire, au mieux le matin avant la prise de poste, permet d'apprécier l'exposition des derniers mois. Cet indicateur doit être utilisé avec précaution lorsque la durée d'exposition est inférieure à 6 mois (état d'équilibre atteint après 10 jours en cas de forte exposition à 6 mois en cas d’exposition faible). Il est bien corrélé à l'intensité de l'exposition, c'est également le mieux corrélé aux effets sur la santé. Le mercure urinaire est essentiellement inorganique et peu influencé par les apports alimentaires (le méthylmercure est faiblement métabolisé en mercure inorganique, éliminé par voie rénale).

Il existe de grandes variations journalières des taux de mercure urinaire pouvant aller jusque 20 à 30 % (taux maximal le matin, minimal le soir), même pour des niveaux d'exposition très faibles ; pour cette raison un dosage anormalement élevé doit être confirmé par une deuxième analyse. Les prélèvements effectués entre 14 et 16 heures après la fin de l'exposition seraient mieux corrélés à l'excrétion des 24 heures.

Le BEI de l'ACGIH pour le mercure urinaire est basé sur la relation avec les effets sur la santé (effets rénaux et neurologiques centraux). Pour des concentrations urinaires de mercure inférieures à 20 µg/g. de créatinine, il n'y a généralement pas d'anomalies biochimiques rénales ou des troubles psychométriques observés.

Le HSE a fixé une Biological monitoring guidance value (BMGV) à 20 µmol/mol de créatinine (soit 35 µg/g. de créatinine pour le mercure urinaire) pour une exposition au mercure inorganique.

D'après les données biométrologiques du HSL (263 prélèvements de 2012 à 2015), le 90ème percentile des valeurs de mercure urinaire (moment non précisé) est de 3,1 µmol/mol de créatinine (soit 5,5 µg/g. de créatinine) chez des sujets professionnellement exposés.

Le dosage du mercure inorganique dans le sang (sur sang total) en fin de poste et fin de semaine de travail est un indicateur de l'exposition de la semaine précédente au mercure et est bien corrélé au taux atmosphérique. Ce dosage, fortement influencé par l'exposition aux dérivés organiques, n'est utilisable que chez les individus dont la consommation de poisson est peu importante (apport de mercure organique). Les amalgames dentaires peuvent interférer avec ce dosage, surtout pour de faibles niveaux d'exposition. Ce dosage est aussi intéressant lors d'une exposition accidentelle aiguë.

Le BEI de l'ACGIH pour ce paramètre a été supprimé en 2012.

Le dosage du mercure dans le plasma est utile pour la surveillance de l'exposition au mercure métal ou inorganique (amalgames dentaires) mais les données sont encore peu nombreuses.

Au total, pour une exposition ancienne et constante, le dosage du mercure urinaire est à privilégier ; pour une exposition fluctuante, le dosage du mercure sanguin est préférable (le prélèvement réalisé avant le poste permet de diminuer le risque de contamination). Pour une meilleure interprétation, le dosage du mercure urinaire ne devrait être utilisé qu'après 6 mois d'exposition puisque les concentrations urinaires de mercure atteignent un état d'équilibre en 10 jours (forte exposition) à 6 mois (faible exposition).

- Mercure organique

Le dosage du mercure sur sang total est le meilleur témoin de l'intensité de l'exposition au mercure organique et reflète la charge corporelle. Pour interpréter ce dosage, la consommation de poissons (surtout le thon, l'espadon) doit être prise en compte. Ce taux est bien corrélé au risque d'intoxication. Chez les personnes professionnellement exposées au méthylmercure il est recommandé de maintenir la mercuriémie en dessous de 100 µg/L.

La Commission allemande propose une valeur EKA pour le mercure sanguin lors d'une exposition au mercure organique, sans valeur chiffrée, ni moment de prélèvement défini.

Le dosage du mercure urinaire n'a que peu d'intérêt pour la surveillance biologique de l'exposition au méthylmercure car ce dernier est éliminé par les selles.

Le mercure dans les cheveux est un bon indicateur de l'exposition au mercure organique.

Interférences - Interprétation

Parmi les sources extra-professionnelles de mercure peuvent être citées :

- les amalgames dentaires au mercure qui constituent une source extra-professionnelle importante de mercure inorganique, susceptible d'entraîner une élévation des concentrations urinaires dans les 3 jours suivant un traitement dentaire (la pose d'amalgame dentaire est à éviter dans les trois jours précédant le prélèvement) ;

- la consommation de poissons et fruits de mer qui est la principale source de mercure organique (méthylmercure) dans la population générale influence surtout la concentration de mercure sanguin mais, en cas de consommation significative, peut également interférer avec le dosage de mercure urinaire ;

- les antiseptiques mercuriels, crèmes ou produits homéopathiques pour les 2 formes de mercure.

Pour remédier aux interférences avec l’exposition au mercure organique, on pourra recourir à la spéciation ou à l’analyse séparée du plasma et des érythrocytes puisque le méthylmercure s'accumule essentiellement dans les érythrocytes (90 %) alors que 50 % du mercure inorganique sont transportés dans le plasma ; cependant les données disponibles relatives à ce dernier paramètre sont encore peu nombreuses pour que l'on puisse proposer des valeurs biologiques d’interprétation.

La prise de pénicilline ou de ses dérivés augmente l'excrétion urinaire de mercure.

Le dosage du mercure sanguin étant délicat, il est important de faire appel à des laboratoires participant à des contrôles de qualité.

Les contaminations métalliques étant le principal écueil lors de l'analyse des éléments traces, il est nécessaire de prendre certaines précautions lors du prélèvement (aiguille, tubes, bouchons, héparinates conservés au plényl-mercure à éviter, antiseptiques...) et de l'acheminement (conservation, transport) au laboratoire. Pour cela, il est primordial que le médecin du travail prenne contact avec le laboratoire effectuant l'analyse (mais également avec celui qui fait le prélèvement s'il est différent) afin de se faire préciser les procédures de prélèvement et d'acheminement et les pièges à éviter. Dans tous les cas, les prélèvements doivent être réalisés en dehors des locaux de travail, au mieux après une douche et au minimum après lavage des mains pour limiter le risque de contamination, par un laboratoire participant au contrôle de qualité pour cet élément trace. Le dosage le lundi matin avant la prise de poste est à préconiser (pour limiter la contamination et en raison de l'excrétion maximale du mercure le matin).

Les prélèvements urinaires devront être faits en utilisant des antiseptiques non mercuriels.

La correction par la créatinine est très utile.

Bibliographie

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  4. National Report on Human Exposure to Environmental Chemicals. Biomonitoring Data Tables for Environmental Chemicals. Centers for Disease Control and Prevention (CDC) (https://www.cdc.gov/exposurereport/).

Historique

Création de la fiche 2003

Dernière mise à jour

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