Exposition aux fluides de coupe et biomarqueurs d'effets précoces : stress oxydant, inflammation et génotoxicité (OxIGenoCOM)

Une exposition professionnelle aux fluides de coupe peut provoquer dans certaines conditions diverses affections malignes et non malignes. Leur composition est en constante évolution au cours du temps et la question de leurs effets sur la santé est récurrente. L’objectif de cette étude était d’analyser les relations entre différents paramètres d’exposition professionnelle aux fluides de coupe et des biomarqueurs d'exposition et d’effets précoces sur la santé des travailleurs. Une étude épidémiologique a suivi pendant 2 jours des travailleurs utilisant ou non des fluides de coupe. La concentration atmosphérique de l’aérosol de fluides de coupe a été mesurée à l’aide d’un dispositif séparant les fractions collectées à l’état gazeux et à l’état particulaire. Les concentrations en métaux et aldéhydes ont été mesurées dans l’aérosol. Le potentiel oxydant a été mesuré dans les 2 fractions. Des marqueurs d'exposition (métaux et 1-hydroxypyrène) et des marqueurs de stress oxydant (malondialdéhyde (MDA), 8-isoprostane, 8-OH-2'-deoxyguanosine) ont été mesurés dans le condensat d’air exhalé (CAE) et dans l’urine, ainsi que le monoxyde d’azote dans l’air exhalé. Les effets génotoxiques ont été appréciés en recherchant les anomalies nucléaires dans les cellules buccales. Les symptômes respiratoires ont été relevés par questionnaire. L’étude a inclus 120 sujets (exposés et non exposés). L’exposition mesurée à la fraction « particulaire » collectée est en moyenne à des niveaux inférieurs à la valeur recommandée d’exposition, sauf sur certains sites. Les concentrations mesurées dans l'aérosol de métaux ou d’aldéhydes sont proches des limites de quantification. Les concentrations des métaux dans le CAE et l’urine ne diffèrent pas entre les exposés et les non-exposés. Une association statistiquement significative a été observée entre la concentration de MDA, mesurée dans le CAE, et différents indicateurs de l’exposition notamment dans la fraction « gazeuse » collectée. Aucune relation entre l’exposition à l’aérosol de fluide de coupe et les biomarqueurs urinaires de stress oxydant n’a été mise en évidence. Une relation entre symptômes respiratoires et aérosol de fluide de coupe est constatée. Certains effets génotoxiques au niveau des cellules buccales sont observés, associés à l’aérosol de fluide de coupe. Les résultats sont en faveur d’une association entre l’exposition à un aérosol de fluide de coupe et des effets précoces sur la santé, de type stress oxydant et génotoxique. Un résultat similaire est observé avec les symptômes respiratoires. La relation est souvent plus marquée en considérant la fraction « gazeuse » collectée de l’aérosol de fluide de coupe.