Que savons-nous des effets du travail de nuit sur le risque cardiovasculaire ?

Les liens entre le travail posté / nuit et les facteurs de risque cardiovasculaire sont de plus en plus avérés. Une revue de revues systématiques (umbrella review) publiée en 2022 a montré pour l'ensemble des travailleurs postés (nuit ou alternant avec ou sans nuit) un excès de risque de diabète d’environ 10 % et de surpoids/obésité de 25 %. Un excès de risque d'hypertension d’environ 30 % a été estimé pour les travailleurs de nuit alternants. Les résultats sont discutés concernant le lien entre le travail de nuit et les troubles lipidiques ainsi que la consommation tabagique. Aucune conclusion n’est possible concernant les facteurs psychosociaux professionnels et l’activité physique/posture sédentaire par manque d’études. Par ailleurs, 4 revues systématiques avec méta-analyses mettent également en évidence des liens entre les maladies cardiaques ischémiques (angor et infarctus du myocarde) et une exposition au travail posté (excès de risque variant de +13 à +26 %). Cet excès de risque a été estimé à +44 % en cas d’exposition au travail de nuit. Peu d’études sont disponibles concernant la survenue d’accidents vasculaires cérébraux en lien avec une exposition au travail de nuit. Le bilan de la littérature montre qu’il reste nécessaire de détailler les caractéristiques du travail de nuit (horaires de travail, horaires tournants, sens de rotation, etc.) ainsi que la durée d’exposition au travail de nuit sur la carrière professionnelle (exposition continue ou intermittente) afin de documenter un éventuel effet dose-réponse. L'effet réversible potentiel sur la santé des anciens travailleurs de nuit reste également à évaluer.