L’activité salariée dans les nouvelles formes d’emploi et de travail : analyse des valeurs et des émotions pour la prévention des risques professionnels

Les formes d’emploi et de travail se diversifient pour évoluer vers des statuts alternatifs au modèle du salariat traditionnel. De nouvelles formes d’emploi et de travail émergent avec des travailleurs s’affirmant comme très volontaires et réactifs à la demande des consommateurs. De plus en plus de travailleurs du régime général sont concernés par ces évolutions. On sait que l’expérience vécue, parfois accompagnée d’émotions positives ressenties au quotidien, peut contribuer à renforcer l’engagement. Notre communication portera sur une étude en cours consacrée aux risques professionnels associés à l’engagement au travail de ces salariés. Dans une perspective de prévention, nous cherchons en particulier à mieux connaître ce qui favorise et soutient leur niveau d’engagement.

Notre étude hybride deux champs disciplinaires : la psychologie du travail et la philosophie, en prenant l’activité pour point d’ancrage. Elle porte sur la place que prennent ces nouvelles formes d’emploi et de travail et sur l’engagement accru des salariés qui s’y impliquent, en termes de valeurs et d’émotions (Tapollet, 2000, Dagnaud, 2011, Prévot-Carpentier & Van De Weerdt, 2019). Notre objectif est de montrer l’émergence, pour des salariés engagés, de décalages d’attentes entre l’idéal projeté et l’activité réelle – décalages pouvant amener à des paradoxes, des ambivalences, voire à un déni des risques professionnels.

La méthodologie repose d’abord sur une revue de la littérature pour caractériser ces nouvelles formes, puis sur des entretiens exploratoires, narratifs et semi-directifs destinés à analyser le travail, les représentations et les valeurs, et enfin, sur des observations pour examiner l’activité et la valence émotionnelle associée en situation réelle de travail, accompagnées de questionnaires de qualification des situations observées. 15 situations de travail seront ainsi analysées.

Les premiers résultats présentés seront basés sur ces situations de travail. Nous faisons en particulier l’hypothèse que les états émotionnels seront eux-mêmes modifiés par l’activité et le sens que les personnes construiront de la situation. Ainsi, l’activité, les valeurs et les émotions positives peuvent certainement renforcer l’engagement des salariés impliqués dans ces nouvelles formes, au risque de masquer leur exposition à différents situations critiques comme le risque d’accident du travail, de trajet ou d’épuisement professionnel. La discussion portera sur le lien entre la santé et les conditions de travail spécifiques dans ces nouvelles formes, dans une optique de prévention des risques professionnels pour la santé et la sécurité.