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1,1-Dichloroéthylène

Mise à jour : 28 juin 2021

Susbtance revue par les experts de l'INRS, 2021.

Généralités

Identification

  • N° CAS

    75-35-4
  • Synonymes

    • Chlorure de vinylidène
    • 1,1-DCE
    • 1,1-dichloroéthène

Valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP)

  • Nature

    réglementaire contraignante
  • VLEP-8h

    • 8 mg/m³
    • 2 ppm
  • VLEP-15mn

    • 20 mg/m³
    • 5 ppm

Classifications

  • Mentions de danger CLP

    • H224
    • H332
    • H351
  • Catégories

    • C2
  • CIRC

    2B
  • ACGIH

    • A4
  • DFG

    • Cancérogène : 3B
    • Reprotoxique : C

Toxicocinétique et métabolites

Eléments de toxicocinétique

CIRC (2019)

Absorption 
Humain : Aucune donnée n'est disponible. Des expériences in vitro sur l'absorption sur la peau humaine ont révélé qu'il peut potentiellement être bien absorbé par voie cutanée (REACH). 
Rongeur : Le chlorure de vinylidène est bien absorbé par les poumons et le tractus gastro-intestinal. L'absorption systémique d'une série de concentrations de vapeur chez les rats atteignait 80 %. Des expositions équivalentes aux vapeurs devraient entraîner des doses systémiques de COV plus élevées chez les rongeurs que chez l'homme en raison du taux de ventilation alvéolaire, du coefficient de partage sang/air, du débit cardiaque et du taux métabolique plus élevés chez les rongeurs.

Métabolisation

Il peut être métabolisé par un système d'oxydases à fonctions mixtes (principalement CYP2E1). Le mécanisme de biotransformation est saturable. Chez le rat, la saturation du métabolisme est atteinte à une exposition de 794 à 1191 mg/m³ (200 à 300 ppm).

Distribution et excrétion

Homme : Aucune donnée n'était disponible

Rongeur - Une distribution préférentielle vers le foie, les reins et les poumons a été observée chez les rats après inhalation de chlorure de vinylidène à 10 ou 200 ppm.

Le chlorure de vinylidène est rapidement éliminé chez le rat. Putcha et al. (1986) ont rapporté que la demi-vie du chlorure de vinylidène chez le rat pouvait atteindre 60 minutes.

La clairance métabolique est la principale responsable de l'élimination systémique. La saturation métabolique s'est manifestée à une dose orale de 50 mg/kg p.c. par l'expiration de dioxyde de carbone, des métabolites urinaires, et par une augmentation de l'expiration de chlorure de vinylidène.L'excrétion du 1,1-dichloroéthène se fait par l'expiration (sous forme de 1,1-dichloroéthène inchangé ou de CO2), par les fèces ou par l'urine.  

Chez le rat, l’élimination urinaire est biphasique : t½ = 3 h et 20 h.

Il ne ne présente aucun potentiel de bioaccumulation.

Métabolites

Homme - Le cytochrome CY2E1 est l'enzyme prédominante responsable de l'oxydation du chlorure de vinylidène dans le foie, les poumons et les reins. La formation d'époxyde de chlorure de vinylidène et de 2,2-dichloroacétaldéhyde a été démontrée dans les microsomes des poumons et du foie humains. 
Le poumon humain présente des niveaux faibles et variables d'activité du CYP2E1. L'activité de CYP2E1 était faible ou non détectable dans les échantillons microsomaux de reins humains.

Rongeur - Le chlorure de vinylidène est métabolisé par le CYP2E1 chez les rongeurs en métabolites réactifs, dont l'époxyde de chlorure de vinylidène, le chlorure de 2-chloroacétyle et le 2,2-dichloroacétaldéhyde.
Des niveaux relativement élevés de CYP2E1 sont présents dans trois organes cibles principaux du chlorure de vinylidène chez les rongeurs : le foie, les reins et les poumons. L'époxyde, un intermédiaire électrophile, est un important métabolite cytotoxique du chlorure de vinylidène ; il se lie de manière covalente aux protéines et aux acides nucléiques, et peut endommager les hépatocytes et les cellules tubulaires rénales.

Effets toxiques

Classe toxicologique Effet toxique Conditions expérimentales
Atteintes des voies respiratoires supérieures Irritation des voies respiratoires supérieures

NTP (2015)

- Souris : pendant 14 semaines, 6 h/j, 5 j/sem à des vapeurs de chlorure de vinylidène, 0 - 6,25 - 12,5 - 25 ou 50 et 100 ppm chez les femelles uniquement.

 

L'incidence de la métaplasie squameuse de l'épithélium respiratoire au niveau du larynx a augmenté de manière significative chez les mâles à 50 ppm. Chez les souris femelles exposées à 100 ppm, les lésions du larynx consistaient en une nécrose, une hyperplasie et une métaplasie squameuse de l'épithélium respiratoire ; une augmentation de l'incidence de nécrose de l'épithélium respiratoire nasal et de l'atrophie des cornets est aussi rapportée. 

Atteintes des voies respiratoires supérieures Autres atteintes des voies respiratoires supérieures

- Rats : 6 h/j, 5 j/sem à des vapeurs de chlorure de vinylidène, 0 - 6,25 - 12,5 - 25 ou 50 et 100 ppm pendant 14 semaines

 

Des lésions de l'épithélium nasal ont été observées chez les mâles et femelles, leur sévérité augmentant avec la concentration : atrophie de l'épithélium olfactif, minéralisation, nécrose et atrophie des cornets nasaux.

Atteintes hépatiques Autres atteintes hépatiques

NTP (2015)

- Étude de 14 semaines chez la souris (6h/j, 5j/s) par inhalation à des concentrations de 0, 6,25, 12,5, 25, 50 (ou 100 ppm femelles uniquement).
L'incidence de la nécrose et de l'hypertrophie du foie a augmenté de manière significative chez les femelles de 100 ppm, et la nécrose s'est produite chez deux mâles de 50 ppm.


- Étude de 105 semaines chez le rat (6h/j, 5j/s) par inhalation à des vapeurs de chlorure de vinylidène à des concentrations de 0, 25, 50 ou 100 ppm.
Dans le foie des rats, on a constaté une augmentation de l'incidence de l'inflammation chronique, des modifications graisseuses diffuses et une dégénérescence kystique chez les mâles et les femelles, ainsi qu'une nécrose chez les femelles.

Atteintes rénales et de l'appareil urinaire Atteintes rénales

NTP (2015)

- Étude de 14 semaines chez la souris (6h/j, 5j/s) par inhalation à des concentrations de 0, 6,25, 12,5, 25, 50 (ou 100 ppm femelles uniquement).


- Chez les souris mâles, l'incidence et la gravité de la néphropathie ont augmenté de manière significative dans les groupes 12,5, 25 et 50 ppm, et eux mâles à 50 ppm ont présenté une nécrose des tubules rénaux.

 

Atteintes des voies respiratoires inférieures Autres atteintes des voies respiratoires inférieures

NTP (2015)

- Souris :  pendant 14 semaines, 6 h/j, 5 j/sem à des vapeurs de chlorure de vinylidène, 0 - 6,25 - 12,5 - 25 ou 50 et 100 ppm chez les femelles uniquement.
 

Chez les femelles uniquement à 100 ppm, augmentation de l'incidence de nécrose de l'épithélium bronchique et inflammation avec présence d'histiocytes en abondance


- Rats : pendant 2 ans, 6 h/j, 5 j/sem à des vapeurs de chlorure de vinylidène, 0 - 25 - 50 et 100 ppm

 

Chez les mâles uniquement, augmentation de l'incidence d'une hyperplasie de l'épithélium alvéolaire, dont la sévérité augmente avec la concentration.

Effets cancérogènes et/ou mutagènes Cancer des poumons

CIRC (2019)

Le chlorure de vinylidène s'est révélé cancérogène à de nombreux endroits chez les animaux de laboratoire, notamment le foie (hépatocytes et cellules endothéliales), le rein (cellule du tubule rénal), le poumon, la glande mammaire, le mésothélium, le système hématopoïétique et la thyroïde.

 

NTP (2015)

Des souris ont été exposées 105 semaines (6 h/j, 5 j/s) par inhalation au chlorure de vinylidène à des concentrations de 0 (témoin), 6,25, 12,5 ou 25 ppm.

 

L'incidence du carcinome bronchiolo-alvéolaire a augmenté de manière significative chez les femelles exposées à des concentrations moyennes, avec une tendance positive significative. Chez les femelles exposées à des doses élevées, il a également été signalé que l'incidence du carcinome de l'intestin grêle (iléon) (3/50, 6 %) dépassait les fourchettes de contrôle historiques pour les études d'inhalation et toutes les voies d'administration.

Effets cancérogènes et/ou mutagènes Cancer des reins

NTP (2015)


Rein - Les incidences d'adénome du tubule rénal, de carcinome du tubule rénal et d'adénome ou de carcinome du tubule rénal (combinés) ont augmenté de manière significative dans tous les groupes de souris mâles exposées.

 

Effets cancérogènes et/ou mutagènes Cancer du foie

NTP (2015)

 

Foie - l'incidence des hémangiosarcomes du foie chez les femelles exposées à la concentration élevée a été significativement augmentée. Les incidences d'adénome hépatocellulaire chez les femelles exposées à des concentrations moyennes, de carcinome hépatocellulaire chez les femelles exposées à des concentrations élevées, et d'adénome ou de carcinome hépatocellulaire (combiné) chez les femelles exposées à des concentrations moyennes et élevées sont significativement plus importantes que celles des groupes de contrôle.

Bibliographie

Vinylidene chloride - Monographie CIRC 119, 2019.

Dossier d'enregistrement REACH, 2021.

Vinylidene chloride - NTP technical report on the toxicology and carcinogenesis studies TR 582. NTP, 2015.

Putcha et al. - Toxicokinetics and bioavailability of oral and intravenous 1,1-Dichloroethylene. Fund Appl Toxicol. 1986 ; 6 : 240-250. 

En savoir plus

MiXie France est un outil simple et facile à utiliser qui permet, à partir de données de mesure, d'évaluer le potentiel additif ou non des substances chimiques et de situer les niveaux d'exposition cumulés par rapport aux valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP).