Substance révisée par les experts de l'INRS (2022).
Repérage du caractère perturbateur endocrinien sur les listes de l'ANSES, ED Lists et DEDuCT (2023).
Généralités
Identification
-
N° CAS
67-66-3 -
Synonyme
- Chloroforme
Fiches associées dans les autres bases de données
-
FicheTox
-
Métropol
-
Biotox
-
DEMETER
Valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP)
-
Nature
réglementaire contraignante -
VLEP-8h
- 10 mg/m³
- 2 ppm
-
Mentions
Peau
Classifications
-
Mentions de danger CLP
- H302
- H315
- H319
- H331
- H351
- H361d
- H372
-
Pertubateur endocrinien
Avéré ou présuméSubstance présente sur les listes : ANSES II et DEDuCT III.
-
Catégories
- C2
- R2
-
CIRC
2B -
ACGIH
- A3
-
DFG
- Cancérogène : 4
- Reprotoxique : C
Toxicocinétique et métabolites
Eléments de toxicocinétique
Le trichlorométhane est bien absorbé par les voies respiratoire et digestive et il est distribué largement dans l'organisme. Il est éliminé dans l'air expiré sous forme inchangée et, après métabolisation hépatique, sous forme de dioxyde de carbone.
Absorption : Environ 80 % d'une dose de chloroforme inhalé est absorbée chez l'homme (pic sanguin 2 h après le début d'une anesthésie).
Absorption cutanée de 8,2 ou 1,7 % (application de solutions dans l'eau ou l'éthanol, sur l'avant-bras de quatre volontaires pendant huit heures).
Absorption par la voie digestive importante : 50 % d'une dose orale excrétée sous forme de dioxyde de carbone chez des volontaires
Distribution : dans tout l'organisme par la circulation sanguine, avec une préférence pour les tissus adipeux à cause de sa liposolubilité.
La concentration de chloroforme dans le sang artériel est directement proportionnelle à la concentration inhalée. Le chloroforme traverse la barrière placentaire.
Métabolisme : il peut différer selon les espèces et les organes. Le chloroforme est métabolisé principalement dans le foie. Sa métabolisation peut s'effectuer via deux voies métaboliques : la voie oxydative, principale, et la voie réductrice.
La voie oxydative génère des métabolites intermédiaires toxiques tel le phosgène. Le dioxyde de carbone est le métabolite principal et final de la voie oxydative. Une faible proportion du dioxyde de carbone peut être incorporée dans divers métabolites tels l'urée, la méthionine et d'autres acides aminés.
La voie réductrice peut survenir dans des conditions d'anoxie et génère un radical libre, le dichlorométhylcarbène.
Chez le rat, le métabolisme est plus actif dans le foie, suivi des voies nasales et des reins.
Eliminination : suite à une exposition cutanée, 69 ou 88 % ont été excrétés sous forme de dioxyde de carbone (selon que le chloroforme ait été dissout dans l'éthanol ou l'eau, respectivement). Environ 50 % du chloroforme absorbé par la voie orale est excrété sous forme de dioxyde de carbone et environ 40 % sous forme inchangée dans l'air expiré ; moins de 1 % de la dose est excrétée dans l'urine.
L'élimination sanguine du chloroforme serait biphasique selon les données obtenues chez des volontaires après l'ingestion d'une dose de 500 mg : phase initiale d'une demi-vie de 9 à 21 minutes et la seconde de 86 à 96 heures.
(FT 82 - 2020, Repertoire Toxicologique 2006) Dichlorométhane, Dioxyde de carbone, Phosgène
Classes toxicologiques associées
Effets toxiques
Classe toxicologique | Effet toxique | Conditions expérimentales |
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Atteintes hépatiques | Autres atteintes hépatiques | Torkelson et al. (1976, cité dans ACGIH) - Rats, 25-50-85 ppm, 7 h/j, 5 j/sem, pendant 6 mois
- 25 ppm : chez les mâles, quelques zones de dégénérescence avec des foyers de nécrose
Templin et al. (1996b, cité dans MAK documentation) - rats mâles, 2-10-30-90 ou 300 ppm, 6 h/j, 7 j/sem, pendant 3-6 ou 13 semaines
|
Atteintes hépatiques | Nécrose du foie | Larson et al. (1996 cité dans MAK documentation) - souris femelles, 2-10-30 ou 90 ppm, 6 h/j, 7 j/sem, pendant 3-6 ou 13 semaines
|
Atteintes rénales et de l'appareil urinaire | Atteinte tubulaire | Torkelson et al. (1976, cité dans ACGIH) - Rats, 25-50-85 ppm, 7 h/j, 5 j/sem, pendant 6 mois
-25 ppm : gonflement de l'épithélium tubulaire, augmentation du poids des reins, réversibles en 6 mois 50 ppm : mêmes atteintes qu'à 25 ppm mais non réversibles
Templin et al. (1996b, cité dans MAK documentation) - rats mâles, 2-10-30-90 ou 300 ppm, 6 h/j, 7 j/sem, pendant 3-6 ou 13 semaines
- 2-10 : aucun effet |
Atteintes rénales et de l'appareil urinaire | Autres atteintes de l’appareil urinaire | Larson et al. (1996 cité dans MAK documentation) - souris femelles, 2-10-30 ou 90 ppm, 6 h/j, 7 j/sem, pendant 3-6 ou 13 semaines
- femelles : pas d'effets mâles : néphropathie, prolifération cellulaire régénérative à partir de 10 ppm, au niveau de la zone corticale |
Atteintes sur le développement du fœtus, de l’embryon et/ou de l’enfant | Atteinte embryonnaire | CLP H361d
Schwetz et al. 1974 - rats (31-28-20), 30-100 ou 300 ppm, 7 h/j, GD6 à GD15
- à partir de 30 ppm : diminution de la taille des foetus, retard dans le développement fœtal (ossification du crâne) 100 ppm : augmentation du nombre de fœtus sans queue, d'anus imperforé, d'oedème sous-cutané, de côtes manquantes et de délai d'ossification des sternèbres 300 ppm : forte baisse du nombre d'implantations, augmentation incidence des résorptions fœtales, diminution du poids foetal
Diminution croissante de la prise de nourriture et du gain de poids chez les mères
Baeder et Hoffman 1991 - rats, 0-3-10-30 ppm, 7 h/j, GD7 à 16
- 30 ppm : baisse du poids des fœtus et de la longueur vertex-coccyx, retard d'ossification chez les mères : diminution de la prise nourriture et du poids corporel dès 10 ppm |
Atteintes sur le développement du fœtus, de l’embryon et/ou de l’enfant | Atteinte foetale | Murray et al 1979 - souris, 0-100 ppm, 7 h/j, GD 1 à 7 - 6 à 15 ou 8 à 15
- pas d'effet sur le nombre de sites d'implantation ou le nombre de foetus vivants par portée ; tous les groupes présentent un retard d'ossification GD 1 à 7 : diminution de la longueur et du poids des nouveau-nés, augmentation du nombre de résoprtions par portée, retard d'ossification des sternèbres GD 6 à 15 : diminution du nombre de femelles gestantes à la fin du traitement GD 8 à 15 : diminution de la longueur et du poids des nouveau-nés, augmentation de l'incidence de fentes palatines, retard d'ossification des sternèbres |
Atteintes des voies respiratoires supérieures | Autres atteintes des voies respiratoires supérieures | Templin et al. (1996b cité dans MAK) - rats mâles (F344), 2-10-30-90 ou 300 ppm, 6 h/j, 7 j/sem, pendant 3-6 ou 13 sem
-2 ppm : atrophie minimale de l'épithélium olfactif au niveau de l'ethmoïde (2 sexes) |
Effets cancérogènes et/ou mutagènes | Cancer du foie | CLP H351, CIRC 2B
Trois études par voie orale et une par inhalation chez la souris ont montré une augmentation de l'incidence de tumeurs des tubules rénaux et, dans un cas, des tumeurs hépatocellulaires. Chez le rat, trois études par voie orale ont montré une augmentation de l'incidence de tumeurs des tubules rénaux. |
Effets cancérogènes et/ou mutagènes | Cancer des reins |
Bibliographie
Baeder et Hoffman 1991
Chloroform - ACGIH, 1996.
Chloroforme - Répertoire toxicologique. CNESST, 2011.
Chloroform - Monographie 73. CIRC, 1999.
Fiche DEMETER 145 - Trichlorométhane. INRS, 2015.
Fiche Toxicologique n°82 - Trichlorométhane. INRS, 2020.
Larson et al. - A 90-day chrloroform inhalation study in female and male B6C3F1 mice: implications for cancer risk assessment. Fundam Appl Toxicol. 1996 ; 30 : 118-137.
Chloroform - MAK documentation, 2000.
Murray et al. - Toxicity of inhaled chloroform in pregnant mice and their offspring. Toxicol Appl Pharmacol. 1979 ; 50 : 515-522.
Schwetz et al. - Embryo- and fetotoxicity of inhaled chloroform in rats. Toxicol Appl Pharmacol. 1974 ; 28 : 442-451.
Templin et al. - A 90-day chloroform inhalation study in F-344 rats: profile of toxicity and relevance to cancer studies. Fundam Appl Toxicol. 1996 ; 32 : 109-125.
Torkelson et al. - The toxicity of chloroform as determined by single and repeated exposure of laboratory animals. Am Ind Hyg Assoc J. 1976 ; 37 : 697-705.