Pathologie - Toxicologie
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Toxicocinétique - Métabolisme [13, 14]
Le tétrahydrofurane pénètre par voies respiratoire, orale et cutanée. Il se distribue largement, est transformé essentiellement en CO2 et éliminé dans l’air expiré (inchangé et CO2) et dans l’urine (inchangé).
Chez l'animal
Absorption
Le tétrahydrofurane est absorbé par voies respiratoire (60 à 70 % de la quantité inhalée), cutanée et digestive. Quelle que soit la voie d'entrée, le passage sanguin est rapide (dès 15 minutes après l'exposition) et important. Chez le rat, le pic plasmatique est atteint après 4 à 8 heures selon la dose, mais sa valeur n'est pas proportionnelle à la dose administrée. L'absorption est plus rapide chez la souris ; le pic plasmatique est atteint 15 minutes après une exposition orale à 50 mg/kg. Il y a peu d'information sur le passage cutané du tétrahydrofurane. Il a été constaté in vitro avec de la peau humaine dermatomée [15]. In vivo, seule la toxicité observée en est la preuve : les rats exposés sur une surface de peau supérieure à 10 % de la surface totale absorbent des concentrations létales (concentration sanguine égale à 3000 - 4000 mg/L).
Distribution
Après exposition orale, les plus fortes concentrations sont dans le foie, le tissu adipeux et les surrénales chez le rat, les surrénales, le foie et les reins chez la souris avec une accumulation dans le tissu adipeux. Immédiatement après exposition par voie respiratoire, les concentrations de tétrahydrofurane dans les organes du rat sont, par ordre de concentration décroissante, sang > cerveau, reins, cœur > foie, rate, thymus, poumons ; les différences entre tissus disparaissent 3 heures après l'exposition. Immédiatement après une exposition prolongée (12 semaines), la distribution est : thymus > rate > cerveau, cœur > poumons > sang > foie, reins. Une accumulation dans la rate est notée après 6 semaines d'exposition et dans le thymus après 12 semaines ; les concentrations reviennent à la normale après arrêt de l'exposition. La demi-vie sanguine du tétrahydrofurane est d'environ 5 heures chez le rat et le lapin ; chez le rat et la souris exposés à du tétrahydrofurane radiomarqué, la demi-vie sanguine des molécules radiomarquées est de 50 heures environ.
Métabolisme
La détoxication serait due à une série d'oxydations et de réductions (voir fig. 1). Les intermédiaires étant instables, on ne peut que préfigurer le métabolisme. L'oxydation d'un carbone adjacent à l'oxygène produirait la γ-butyrolactone, puis par ouverture du cycle, l'acide γ-hydroxybutyrique, dont les effets neurologiques centraux cliniques et électriques sont semblables à ceux du tétrahydrofurane [16].
Schéma métabolique
Fig. 1 Métabolisme probable du tétrahydrofurane [14]
Excrétion
Le CO2 est le métabolite final majeur : 58,2 à 74,6 % chez la souris mâle-femelle et 47 à 48 % chez le rat, ce pourcentage diminue avec l'augmentation de la dose suggérant une saturation du métabolisme à forte dose ; les substances organiques volatiles expirées (probablement du tétrahydrofurane non métabolisé) représentent 17,8 à 24,5 % de la dose administrée.
Chez le rat et la souris, le tétrahydrofurane, éliminé inchangé, représente 3 à 5 % de la dose administrée dans les urines et 1 % dans les fèces.
Chez l'Homme
Le tétrahydrofurane est bien absorbé par voie respiratoire (60 % en conditions normales et 70 % en cas de travaux lourds) et légèrement absorbé par la peau ; les vapeurs absorbées par la peau, après exposition de volontaires avec et sans masque respiratoire à 150 ppm pendant 4h, correspondent à 1 - 2 % de la charge corporelle. Il n’y a pas de donnée sur l’absorption gastrointestinale.
La distribution et le métabolisme n’ont pas été étudiés chez l’Homme, mais un passage sanguin ainsi qu’une élimination urinaire du tétrahydrofurane ont été montrés. Des expositions de 8 heures à des concentrations jusqu’à 200 ppm montrent que le taux de tétrahydrofurane dans l’air expiré, le sang ou l’urine décline rapidement après l’exposition et atteint la ligne de base en environ 12 heures.
Surveillance Biologique de l'exposition
Le tétrahydrofurane urinaire en fin d’exposition ou fin de poste est l’indicateur à privilégier. Les concentrations mesurées en fin de poste reflètent l’exposition du jour même. C’est un indicateur spécifique, absent des urines des sujets non exposés.
Des valeurs biologiques d’interprétation pour le milieu professionnel sont établies sur la base de la relation entre les concentrations urinaires et atmosphériques de tétrahydrofurane.
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Toxicité expérimentale
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Toxicité sur l’Homme