Pathologie - Toxicologie
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Toxicocinétique - Métabolisme
La MOCA est absorbée par inhalation et à travers la peau. Elle est métabolisée par plusieurs voies métaboliques, principalement au niveau du foie. Certains de ses métabolites peuvent se lier de manière covalente aux macromolécules (ADN, protéines). Après une distribution dans tout l’organisme, la majorité de la substance est éliminée en quelques jours via l’urine et les fèces.
Chez l'animal
Absorption
La MOCA peut être absorbée par inhalation et à travers la peau [15]. La pénétration percutanée est rapide. Chez le rat, après application sous pansement occlusif de 2,5 mg de MOCA radiomarquée, l'absorption percutanée est de 22 % le 3e jour [16, 17].
Distribution
À la suite d'une injection intraveineuse de 0,5 mg de MOCA chez le rat, la substance se distribue dans tout l'organisme en 10 minutes. Une heure après, les concentrations les plus importantes sont retrouvées dans l'intestin grêle, le foie, les tissus adipeux, les poumons, les reins, la peau et les glandes surrénales [17, 18]. Après une exposition unique par voie orale chez le rat, la distribution dans les tissus est la suivante : « foie > reins > poumons > rate > vessie > testicules > cerveau > lymphocytes » [19, 20].
Métabolisme
Comme indiqué sur la figure 1, la MOCA est principalement métabolisée au niveau du foie, par plusieurs voies métaboliques faisant intervenir des réactions d'acétylation, d'hydroxylation et oxydations [20, 21] mais également des processus de conjugaison [20].
La MOCA peut être hydroxylée sur les azotes des fonctions amines primaires, sur les cycles et sur le carbone du groupement méthylène ; ces réactions sont catalysées par des monooxygénases à cytochrome P450 et les métabolites hydroxylés peuvent être secondairement sulfo- ou glucuroconjugués. La N-hydroxylation est une réaction d'activation de la MOCA conduisant à la formation de métabolites réactifs. La fonction amine peut également être acétylée et les dérivés obtenus, après d'éventuelles transformations, peuvent être désacétylés [17].
Les différents métabolites de la MOCA ont la capacité de former des liaisons covalentes avec les macromolécules, comme l'ADN et les protéines (dont l'hémoglobine). Après l'administration chez le rat d'une dose unique de 75 mg/kg de MOCA par voie orale, des adduits à l'ADN sont observés principalement au niveau du foie, puis au niveau de la vessie et dans les lymphocytes. L'exposition répétée à 7,5 mg/kg de MOCA, pendant 28 jours, met en évidence une augmentation de liaisons covalentes avec l'hémoglobine, croissante avec le temps [22, 23].
Schéma métabolique
Excrétion
La plupart de la MOCA est éliminée en quelques jours via les urines et les fèces : 86,9 % éliminés en 4 jours [16]. Dans les urines, la grande majorité est excrétée dans les 24 premières heures après l'administration par intubation (14,3 %) ; après 5 jours, 16,6 % ont été excrétés [16]. Il en est de même pour l'élimination par les fèces dans lesquelles 53 % de la dose administrée par intubation est détectée le 1er jour [16]. À la suite d'une administration intrapéritonéale, 60 à 69 % de la dose administrée est éliminée dans les fèces, et entre 23 et 41 % est éliminée par les urines, 48 heures après l'administration [24]. Des niveaux d'excrétion similaires sont rapportés à la suite d'administrations par voie orale [17].
Chez le rat, les métabolites identifiés dans les urines, 36 heures après la fin d'une exposition de 4 jours par gavage à 50 mg/kg/j, sont glucurono- et sulfoconjugués ; dans la bile, le principal métabolite est un mono-N-glucuronoconjugué [25].
Chez le chien, le principal métabolite urinaire est un sulfoconjugué de la O-hydroxy-MOCA [26].
Chez l'Homme
Chez l'homme, la MOCA est absorbée principalement par les voies cutanée et respiratoire, dans un rapport de 5 à 1 environ. La pénétration percutanée est considérée comme la principale voie d'exposition chez les salariés.
Quatre-vingt-dix pour cent de la quantité absorbée est métabolisée par le cytochrome P450 en intermédiaires réactifs ; le N-hydroxy-MOCA est le principal métabolite toxique susceptible de se lier avec l'ADN et/ou les protéines pour former des adduits.
Moins de 1 % de la quantité absorbée est éliminée dans les urines sous forme libre, l'élimination étant surtout sous forme conjuguée (glucuro- et acétylée) ; les niveaux de MOCA sous forme glucuroconjuguée sont 3 fois plus élevés que ceux de la MOCA sous forme libre, tandis que la MOCA sous forme N-acétylée représente 10 % de la MOCA éliminée dans les urines. Après une exposition aiguë à de fortes concentrations, le pic d'excrétion urinaire apparaît 4 heures après la fin de l'exposition et la demi-vie d'élimination est d'environ 23 heures.
Surveillance Biologique de l'exposition
Le dosage de la MOCA totale (libre et conjuguée) dans les urines en fin de poste et fin de semaine de travail, reflet de l’exposition de la semaine, est un indicateur très utile pour la surveillance biologique des sujets exposés en raison de la forte pénétration cutanée du produit.
Etant donné que la MOCA est un cancérogène génotoxique sans seuil d'effet, le RAC (ECHA) estime qu'aucune BLV (Biological limit value) basée sur des effets sur la santé ne peut être recommandée. La population générale n'étant pas exposée à la MOCA, cette dernière n'est pas détectée dans les urines de sujets non exposés professionnellement. Ainsi, une BGV (Biological guidance value) est proposée, correspondant à la limite de détection des méthodes analytiques couramment utilisées [28].
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Toxicité expérimentale
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Toxicité sur l’Homme