Toxicité aiguë [1]
Le CMIT/MIT induit, par inhalation ou par voies orale et cutanée, des effets toxiques liés à son fort pouvoir irritant sur les muqueuses ou la peau. Il est corrosif et sensibilisant par contact cutané.
Le CMIT/MIT est toxique par voie orale, les DL50 sont de 64 et 66 mg/kg dans les deux études menées chez le rat. Les organes cibles sont l'estomac et l'intestin au niveau desquels sont observés des signes d'irritation (rougeurs et cicatrices), ce qui est cohérent avec les propriétés corrosives de la substance.
Le CMIT/MIT est toxique par voie cutanée, les DL50 observées chez le lapin et le rat sont de 87,1 et 141 mg/kg, respectivement. Les effets observés sont uniquement des effets au niveau du site d'application (irritation, œdème, escarres). Trois animaux sur cinq sont morts durant l'étude menée chez le rat, ces animaux présentaient un œdème des tissus sous-cutanés mais aucun signe de toxicité générale n'a été observé.
Le CMIT/MIT est très toxique par inhalation, la CL50 chez le rat est comprise entre 0,17 et 0,33 mg/L air pour une exposition de 4 heures. Des signes d'irritation des voies respiratoires sont observés immédiatement après l'exposition. Dans une autre étude chez le rat, des effets cliniques sur le tractus respiratoire, associés à une congestion des poumons, ont été observés.
Chez le lapin, le CMIT/MIT est corrosif pour la peau et pour les yeux.
Le CMIT/MIT est un fort sensibilisant cutané chez l'animal.
Dans une étude de maximisation chez le cobaye, des réactions positives sont observées chez les 10 animaux testés avec les 2 plus fortes concentrations, 1,07 et 1,42 % de CMIT/MIT. Des réactions d'hypersensibilité sont également observées chez les animaux testés avec les concentrations inférieures, 0,355 et 0,71 % de CMIT/MIT, avec respectivement 3 et 5 animaux positifs.
Dans une autre étude de maximisation, 6 animaux sur les 8 testés montrent une réaction positive aux concentrations de 0,36 et 0,72 % de CMIT/MIT.
En revanche, aucune réaction d'hypersensibilité n'a été observée dans une autre étude de maximisation menée chez le cobaye, exposé à des concentrations de 30 et 50 ppm (soit 0,003 et 0,005 %).
Deux essais des ganglions lymphatiques locaux (LLNA) ont été réalisés chez la souris à des concentrations de 0 ; 50 ; 70 ; 90 ; 360 et 1 000 ppm de CMIT/MIT (soit 0,005 ; 0,007 ; 0,009 ; 0,036 et 0,1 %). Dans une des études, les animaux montrent des réactions d'hypersensibilisation pour des concentrations supérieures ou égales à 70 ppm, soit 0,007 % de CMIT/MIT. Dans l'autre étude, des résultats positifs sont observés à toutes les concentrations testées.
Un essai des ganglions lymphatiques locaux chez la souris a également été réalisé avec le métabolite principal du CMIT/MIT, l'acide N-méthyl malonamique (NMMA). Aucune réaction d'hypersensibilité n'a été observée.
Toxicité subchronique, chronique [1]
Lors des études expérimentales relatives à la toxicité subchronique et chronique du CMIT/MIT par voies orale, cutanée et par inhalation, les principaux effets observés sont des effets locaux tels que l’irritation gastrique lors de l’administration par voie orale ou l’irritation au niveau du site de contact lors de l’administration par voies cutanée ou respiratoire.
Des études de toxicité à court et moyen terme (28 et 90 jours) par gavage ou via l'alimentation, réalisées chez le rat et le chien, ont mis en évidence principalement une irritation de la muqueuse gastrique et du tractus digestif (doses testées de 0,4 ; 1,3 ; 3,9 et 13,2 mg/kg pc/j chez le lapin, de 0 ; 4,06 ; 10,8 et 24,7 mg/kg pc/j chez le rat et de 0 ; 4 ; 15 et 22 mg/kg pc/j chez le chien). D'autres signes ont été observés dans les études par administration via l'alimentation, tels qu'une diminution du gain de poids corporel et une diminution de la consommation hydrique, mais ces effets sont à attribuer à une diminution de la prise de nourriture liée à la faible palatabilité de la substance. Aucun effet systémique n'est rapporté lors de l'administration répétée du CMIT/MIT.
Des études de toxicité à court et moyen terme (90 jours) par voie cutanée, réalisées chez le lapin et le rat, ont mis en évidence des irritations de la peau avec érythèmes et œdèmes ainsi que la formation d'escarres au niveau du site de contact à la plus forte dose testée chez le rat (doses testées de 0,1 ; 0,52 et 2,61 mg/kg/j) et à toutes les doses testées chez le lapin (doses testées de 0,1 ; 0,2 et 0,4 mg/kg/j). Aucun signe de toxicité systémique n'a été noté.
Une étude de toxicité répétée par voie respiratoire à moyen terme (90 jours) réalisée chez le rat montre des signes cliniques cohérents avec une exposition à une substance corrosive à la plus forte dose testée (2,64 mg/m3, 6 heures par jour, 5 jours par semaine) : chromo-rhinnorée, bradypnée et dyspnée. Une diminution du gain de poids corporel, ainsi qu'une diminution du taux de protéines sériques chez les femelles, et une diminution de la masse de la rate chez le mâle, sont observées. Des variations histopathologiques mineures, réversibles et indicatrices d'une exposition à une substance irritante sont observées au niveau des fosses nasales. Les organes et tissus non exposés directement ne présentent aucun effet adverse.
Effets génotoxiques [1]
Des résultats positifs sont observés in vitro, mais le CMIT/MIT n’apparaît pas comme génotoxique in vivo.
In vitro
Trois tests de mutations géniques sur bactéries (Salmonella typhimurium), ainsi que trois tests sur cellules de mammifères (un test d'aberrations chromosomiques et deux tests sur lymphomes de souris) montrent des résultats positifs, avec ou sans activation métabolique. En revanche, un test de synthèse non programmée de l'ADN (UDS) sur hépatocytes de rat est négatif avec ou sans activation métabolique.
In vivo
Des résultats négatifs sont obtenus dans un test du micronoyau sur moelle osseuse de souris après administration orale ainsi que dans un test d'aberrations chromosomiques sur moelle osseuse de souris.
Des résultats négatifs ont également été obtenus dans deux tests de synthèse non programmée de l'ADN (UDS) sur hépatocyte de rat.
Au regard de ces résultats, le CMIT/MIT peut induire des dommages chromosomiques. Selon les auteurs, ces effets pourraient être imputés au stress oxydant induit par la dégradation du CMIT/MIT. Cette toxicité radicalaire n'est pas observée in vivo du fait de la présence de mécanismes de détoxification.
Effets cancérogènes [1]
Le CMIT/MIT n’apparaît pas comme étant cancérogène chez le rat et la souris.
Aucun effet cancérogène n'a été mis en évidence dans une étude menée chez le rat après administration de CMIT/MIT via l'alimentation pendant 2 ans (dose maximale testée 25,7 mg/kg/j). De même, aucun effet néoplasique n'a été observé chez la souris exposée pendant 18 mois au CMIT/MIT par voie cutanée.
Effets sur la reproduction [1]
Le CMIT/MIT n’est pas tératogène chez le rat et le lapin et n’entraîne aucune modification des paramètres de la reproduction chez le rat.
Fertilité
Trois études de fertilité ont été réalisées.
Dans les études menées chez le rat exposé via l'eau de boisson (1 et 2 générations), aucun effet sur les paramètres de la reproduction n'a été observé aux plus fortes doses testées (20 et 30 mg/kg/j). À ces doses, les mères présentent une diminution de poids corporel, une diminution de la consommation hydrique et des signes d'irritations gastriques.
Dans l'étude « 2 générations » menée chez le rat exposé par gavage, aucun effet sur la fertilité n'a été observé à la plus forte dose testée (10 mg/kg/j). À cette dose, de la mortalité est observée chez les mères, ainsi qu'une diminution de la consommation alimentaire, une diminution de gain de poids corporel et des signes cliniques tels qu'une respiration laborieuse et sifflante.
Développement
Dans trois études de toxicité du développement réalisées chez le rat et le lapin, par gavage, le CMIT/MIT ne provoque pas d'effet tératogène.
Dans une première étude menée chez le rat, exposé du jour 6 au jour 15 après l'accouplement, aucune toxicité fœtale n'est observée, et la dose sans effet toxique pour le développement est fixée à 15 mg/kg/j (plus forte dose testée).
Dans la seconde étude menée chez le rat, exposé du jour 6 au jour 15 après l'accouplement, aucune toxicité fœtale n'est observée à la plus forte dose testée (NOAEL fixée à 19,6 mg/kg/j). À toutes les doses testées, les mères présentent une diminution de poids corporel, une diminution de la consommation alimentaire. Une respiration haletante et sifflante est également observée chez ces femelles aux deux plus fortes doses testées.
Dans l'étude menée chez le lapin, exposé du jour 7 au jour 19 après l'accouplement, une importante mortalité est observée chez les femelles gestantes du groupe traité à la plus forte dose (20 mg/kg/j). À l'autopsie, les femelles présentent un épaississement de l'épithélium, des rougeurs ainsi que des nécroses de l'estomac. Aucun effet sur les fœtus n'est détecté. Une diminution de la consommation alimentaire et du gain de poids corporel due à l'irritation gastrique est observée chez les femelles traitées à la dose inférieure (8 mg/kg/j).
Neurotoxicité [8 à 10]
La toxicité du MIT pour le système nerveux central a été démontrée in vitro dans plusieurs études, pour des expositions à court et long terme. Une étude menée in vivo montre également que le MIT entraîne des effets sur le développement du système nerveux central chez le batracien lors d’une exposition chronique à de faibles doses de substance.
Dans une étude in vitro réalisée afin d'évaluer les effets neurotoxicologiques du MIT sur des neurones corticaux de rat, il a été démontré qu'une exposition brève de ces cellules (10 minutes) à une concentration de 15 ppm de MIT entraîne une dégénérescence importante dans les 24 heures suivant l'exposition. En revanche, aucune atteinte des cellules gliales présentes dans la culture n'a été observée. Le MIT pourrait donc induire une toxicité sélective sur les cellules du SNC.
Une autre étude menée in vitro montre qu'une exposition chronique, de cellules neuronales de rat en développement, à de très faibles concentrations de MIT (de 0,1 à 3 µM) entraîne une inhibition marquée des excroissances de neurites. Cet effet pourrait être dû à un dysfonctionnement de l'association entre la famille des tyrosines Kinases SRc et les « adhesion kinase » (FAK), FAK connues pour être impliquées dans la formation des excroissances de neurites et le développement des axones au niveau des systèmes nerveux en développement.