Recommandations
Au point de vue technique
Information et formation des travailleurs
- Instruire le personnel des risques présentés par les substances, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
- Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
- Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [17].
- Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : Lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
- Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.
Manipulation
- N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substances et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
- Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation d'aérosols. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Au besoin, prévoir une aspiration des vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [24].
- Réduire le nombre de personnes exposées à ces substances.
- Éviter tout rejet atmosphérique de DEGEE et de DEGEEA.
- Faire contrôler régulièrement l’exposition atmosphérique des salariés au DEGEE et au DEGEEA (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
- Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant ces substances doivent faire l’objet d’un permis de feu [25].
- Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [26].
- Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du DEGEE ou du DEGEEA sans prendre les précautions d’usage [27].
- Supprimer toute autre source d’exposition par contamination accidentelle (remise en suspension dans l’air, transfert vers l’extérieur ou contact cutané) en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail.
Équipements de Protection Individuelle (EPI)
Le choix des EPI dépend des conditions au poste de travail et de l’évaluation des risques professionnels. Ils ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [28, 29]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [30 à 33].
- Appareils de protection respiratoire : Leurs choix dépendent des conditions de travail ; si un appareil filtrant doit être utilisé, il sera muni d’un filtre de type A (vapeurs) ou P2 (aérosols) lors de la manipulation de la substance [34].
- Gants : Les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont le caoutchouc butyle (DEGEE, DEGEEA), caoutchoucs naturel et nitrile, Viton® (DEGEE). D’autres matériaux peuvent également être recommandés pour des contacts intermittents ou en cas d’éclaboussures : caouchouc néoprène (DEGEE). Certains matériaux sont à éviter : caoutchoucs naturel, néoprène et nitrile, polychlorure de vinyle, Viton® (DEGEEA) [35 à 37].
- Vêtements de protection : Quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leurs choix dépendent de l’état physique de la substance. Seul le fabricant peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [38].
- Lunettes de sécurité : Le point 8 de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de ces substances [39].
Stockage
- Stocker le DEGEE et le DEGEEA dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…) ainsi que des produits oxydants, bases et acides forts.
- Le stockage de ces substances s'effectue habituellement dans des récipients en acier inoxydable, acier au carbone... Eviter les récipients en aluminium, cuivre, acier ou fer galvanisé [4]. Dans tous les cas, il convient de s’assurer auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.
- Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
- Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
- Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
- Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
- Séparer ces substances des produits comburants. Si possible, les stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux.
Déchets
- Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
- Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le DEGEE ou le DEGEEA.
- Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.
En cas d’urgence
- En cas de déversement accidentel de liquide, récupérer le produit en l’épongeant avec un matériau absorbant inerte (sable, vermiculite). Laver à grande eau la surface ayant été souillée [40].
- Si le déversement est important, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié. Supprimer toute source d’inflammation potentielle.
- Des appareils de protection respiratoires isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
- Prévoir l’installation de fontaines oculaires.
- Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.
Au point de vue médical
- Lors des visites initiales et périodiques :
- Examen clinique : Rechercher particulièrement des signes d’irritations oculaires et cutanées.
- Examens complémentaires : La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
- Fertilité :
- Des difficultés de conception chez l’homme et/ou la femme seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits.
- Femmes enceintes et/ou allaitantes :
- On exposera le moins possible à cette substance les femmes enceintes ou allaitantes en raison de l’effet famille des solvants organiques.
- Dans tous les cas, l’exposition ne devra pas dépasser le niveau déterminé en appliquant les recommandations de la Société française de médecine du travail.
- Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques.
- Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.
Conduite à tenir en cas d’urgence
- En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
- En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées ; En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Si une irritation oculaire apparait un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
- En cas d'inhalation, appeler rapidement un centre antipoison. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). En cas de symptômes, consulter rapidement un médecin.
- En cas d'ingestion, appeler rapidement un centre antipoison. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements. En cas de symptômes, consulter rapidement un médecin.