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2-(2-Éthoxyéthoxy)éthanol et son acétate

Fiche toxicologique n° 255

Sommaire de la fiche

Édition : Septembre 2018

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [3, 20]

    Le DEGEE et son acétate sont vraisemblablement bien absorbés par toutes les voies d'administration et largement distribués dans l'organisme. Ils sont métabolisés principale­ment en métabolites acides et excrétés en grande partie dans les urines.

    Chez l'animal

    Les éthers du diéthylène-glycol sont absorbés par voies respiratoires, digestive et percutanée et sont largement dis­tribués dans l'organisme sans accumulation. Néanmoins leur faible volatilité permet d'anticiper une faible exposi­tion par inhalation des vapeurs.

    In vitro, le passage transcutané du DEGEE s'effectue rapide­ment avec un taux d'absorption à travers la peau humaine de 0,125 mg/cm2/h.

    Les acétates des éthers de glycol sont hydrolysés en éther de glycol correspondant en quelques minutes dans le sang ou au niveau des muqueuses et le profil métabolique des deux composés est donc très semblable. La voie méta­bolique principale du DEGEE passe par l'oxydation du groupement hydroxy en acide correspondant par les alcools/aldéhydes déshydrogénases. Ces enzymes peu­vent également intervenir après coupure de la liaison éther par une mono-oxygénase. Les deux principaux métabolites formés sont l'acide 2-(2-éthoxyéthoxy)acétique et dans une moindre mesure l'acide 2-éthoxyacétique. La principale voie d'élimination est urinaire puisque 68 % de la dose orale chez le rat et 80 % de la dose admi­nistrée en sous-cutané ou par gavage chez le lapin se retrouvent sous forme de métabolites acides dans l'urine, parfois conjugués à l'acide glucuronique.

    Chez l'homme, une étude montre que le DEGEE est trans­formé puis excrété en grande partie dans les urines sous forme d'acide 2-(2-éthoxyéthoxy)acétique (68 %) dans un délai assez court après prise orale unique (environ 12 h). Par compétition avec l'alcool déshydrogénase, l'adminis­tration d'alcools (éthanol, propanol, butanol) peut interfé­rer avec le métabolisme des éthers de glycol en inhibant la formation et l'élimination des métabolites acides. Enfin, le passage transplacentaire du DEGEE ou de ses métabolites est vraisemblable.

    Surveillance Biologique de l'exposition

    Le dosage de l’acide 2-(2-éthoxyéthoxy)acétique (EEAA) urinaire en fin de poste de travail est un indicateur spécifique de l’exposition au DEGEE, mais il n’existe pas de donnée chez les sujets professionnellement exposés. Des traces d’acide 2-(2-éthoxyéthoxy)acétique (< 0,95 mg/L ou 0,68 mg/créatinine pour le 95e percentile) sont retrouvées dans les urines de sujets non professionnellement exposés.

    Il n’existe pas de valeur biologique d’interprétation pour l’acide 2-(2-éthoxyéthoxy)acétique urinaire pour la population professionnellement exposée.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale [3, 20]
    Toxicité aiguë

    Le DEGEE a une faible toxicité aiguë et il est un faible irri­tant cutané et oculaire chez l'animal. Aucun effet sensibili­sant n'est attendu. Le DEGEEA a des propriétés similaires.

    La toxicité aiguë du DEGEE et de son acétate est résumée dans le tableau ci-dessous. La mort intervient après administration de doses massives et fait suite à une dépression du système nerveux central et à une dégéné­rescence tubulaire ou glomérulaire rénale. L'inhalation d'une atmosphère saturée en acétate de DEGEE ne pro­voque ni mortalité ni effet toxique significatif chez le rat.

    La toxicité aiguë par inhalation du DEGEE n'a pas été testée mais les DL50 obtenues par d'autres voies permet­tent d'anticiper une faible toxicité aiguë également par inhalation.

    Chez le lapin, l'application cutanée de DEGEE induit une irritation nulle à faible et l'instillation oculaire cause une faible irritation de la conjonctive et un épaississement de la cornée. L’acétate de DEGEE induit également une faible irritation cutanée et oculaire.

    Par inhalation, une faible irritation des voies aériennes supérieures a été signalée chez le rat après une exposition à 0,27 mg/L de vapeurs de DEGEE pendant 28 jours.

    Le potentiel de sensibilisation du DEGEE n’a pas été testé chez l’animal mais l’acétate de DEGEE donne un résultat négatif par la méthode de maximisation sur le cobaye et les éthers de glycol ne montrent généralement pas d’effet sensibilisant.

    Voie

    Espèce

     

    DL50 (g/kg)

    DEGEE

    DEGEEA

    Orale

    Rat

    5,4 - 8,7

    11

     

    Souris

    5,3 - 7,9

    -

     

    Cobaye

    3,9

    3,93

     

    Lapin

    3,6

    4,4

    Percutanée

    Rat

    6,0

    -

     

    Lapin

    4,1 - 8,3

    15

    Inhalation

    Rat

    -

    > atmosphère saturée (= 927 mg/m3 à 20 °C)

    Toxicité subchronique, chronique

    Par voies orale et cutanée, le DEGEE induit des effets sur le rein à des doses élevées. Par inhalation, aucun effet n’est observé chez l’animal.

    Le DEGEE administré dans l’eau de boisson du rat pendant 30 jours provoque une diminution de la prise de nourri­ture à 870 mg/kg/j et une diminution de croissance cor­porelle à partir de 1770 mg/kg/j. Administré dans l’alimentation, une atteinte tubulaire rénale est induite à partir de 2500 mg/kg/j pendant 90 jours. Chez la souris, à 5,4 % dans l’alimentation (équivalent à environ 8,5 à 10 g/kg/j) pendant 90 jours, il provoque une baisse de poids corporel, une anémie, une dégénérescence tubulaire rénale accompagnée d’un dépôt de cristaux d’oxalate. Chez le chat, à 500 mg/kg/j par voie orale pendant 41 jours, on observe une dégénérescence rénale accompa­gnée d’albuminurie. Les mêmes effets apparaissent chez le porc à partir de 1000 mg/kg/j pendant 90 jours mais aucun effet n’est observé chez le furet à 2 970 mg/kg/j.

    Par application cutanée chez le lapin, le DEGEE provoque une diminution de la prise de nourriture et une atteinte rénale tubulaire (dégénérescence hydropique et gonfle­ment de l’épithélium) s’accompagnant d’une augmenta­tion de l’urémie à partir de 3000 mg/kg/j pendant 3 mois.

    Ces doses sont considérées comme élevées et indiquent une faible toxicité répétée.

    Par inhalation, aucun effet n’est observé après exposition pendant 12 jours à une atmosphère saturée chez le lapin, le chat, le cobaye ou la souris ou après exposition pendant 28 jours à 1100 mg/m3 chez le rat.

    Aucune donnée n’est disponible sur l’acétate de DEGEE mais ses effets sont vraisemblablement comparables à ceux du DEGEE.

    Effets génotoxiques

    Le DEGEE et son acétate ne sont pas génotoxiques.

    In vitro, le DEGEE est faiblement mutagène dans les essais sur bactéries (Ames) mais non mutagène sur levures.

    In vivo, il n’induit pas de micronoyau dans la moelle osseuse de souris traitée par voie intrapéritonéale.

    L’acétate de DEGEE donne une réponse négative au test d’Ames.

    Effets cancérogènes

    Les informations disponibles sur l’action cancérogène du DEGEE sont trop rares pour permettre de conclure. Aucune donnée n’est disponible sur le DEGEEA à la date de publication de cette fiche.

    Les informations disponibles sur l’action cancérogène du DEGEE sont trop rares pour permettre de conclure : une étude sur 2 ans par voie orale chez le rat à environ 1000 mg/kg/j indique quelques effets toxiques mais pas de développement de tumeurs. Aucune donnée n’est disponible sur l’acétate de DEGEE.

    Effets sur la reproduction

    Le DEGEE ne semble pas induire d’atteinte significative sur la fertilité et aucun effet sur le développement n’est rap­porté.

    Certaines études de toxicité chronique par voie orale chez le rat rapportent des effets testiculaires à forte dose (au-delà de 2500 mg/kg/j pendant 90 jours) mais d’autres essais ne confirment pas ces résultats. Dans une étude multigénération par voie orale chez la souris, une baisse de la mobilité spermatique est observée chez les mâles à la plus forte dose (environ 4400 mg/kg/j), sans qu’une diminution de la fertilité soit notée. Ces doses sont éle­vées et ces résultats ne sont pas considérés comme indi­catifs d’un possible effet sur la fertilité.

    Par ailleurs, des études par voies orale et cutanée à fortes doses (respectivement jusqu’à 5500 et 6600 mg/kg/j) ainsi que par inhalation à la concentration de vapeur maximale n’ont pas montré d’effet embryotoxique ou fœtotoxique.

    Aucune donnée n’est disponible sur l’acétate de DEGEE mais ses effets sont vraisemblablement comparables à ceux du DEGEE.

  • Toxicité sur l’Homme [1, 23]

    Les données humaines sont très rares. Un cas d’ingestion a engendré des troubles sévères, notamment du système nerveux central, et réversibles. Une exposition répétée au DEGEE ne serait pas irritante ou sensibilisante pour la plupart des auteurs, son acétate pourrait être modérément irritant pour la peau. Il n’existe pas de données sur les effets mutagènes, cancérogènes ou reprotoxiques.

    Toxicité aiguë

    Une observation ancienne rapporte le cas d’une personne âgée de 44 ans, alcoolique, ayant bu un liquide contenant environ 300 mL de DEGEE. Une atteinte sévère du système nerveux central, une dyspnée, ainsi qu’une acidose ont été décrites. Les urines contenaient de l’albumine. Tous ces effets ont été réversibles sous traitement symptomatique.

    Toxicité chronique

    Le seul cas rapporté d’allergie concerne une femme pré­sentant des eczémas au niveau des mains depuis 14 ans et ayant présenté un nouvel épisode de dermatose après s’être appliquée une crème contenant, entre autres produits, du DEGEE. Des tests cutanés ont été réalisés et se sont révélés positifs au DEGEE ainsi qu’à d’autres composants.

    Un certain nombre de publications le considère par ailleurs comme non irritant et non sensibilisant. Son acé­tate aurait, lui, entraîné dans certains cas des irritations cutanées modérées lors d’utilisation de patch tests. Dans tous les cas ces observations sont peu détaillées et ne per­mettent pas de conclure avec certitude.

    Effets génotoxiques

    Aucune information n’est disponible dans ce domaine chez l’homme à la date de publication de cette fiche.

    Effets cancérogènes

    Aucune information n’est disponible dans ce domaine chez l’homme à la date de publication de cette fiche.

    Effets sur la reproduction

    Aucune information n’est disponible dans ce domaine chez l’homme à la date de publication de cette fiche.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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