La toxicité aigüe du mésitylène est mal connue. L’exposition aiguë et chronique peut provoquer des réactions similaires à celles des solvants organiques : phénomènes irritatifs locaux (cutanés, digestifs, respiratoires) et atteinte du système nerveux central. Une exposition répétée à un mélange contenant 30 % de mésitylène a provoqué des atteintes respiratoires, neurologiques et hématologiques ; ces effets peuvent également être attribués aux autres composants (pseudocumène, benzène). Aucune donnée n’est disponible chez l’homme pour les effets génotoxiques, cancérogènes ou sur la reproduction.
Toxicité aiguë [3, 17 à 21]
La toxicité aiguë du mésitylène est mal connue ; elle ne devrait pas différer de la toxicité des mélanges classiques de solvants hydrocarbonés (tels les white-spirits, solvants naphta...), d'autant que le mésitylène est présent dans bon nombre de ces coupes pétrolières.
Les propriétés toxicologiques sont probablement celles communes à tous les solvants organiques de ce type : phénomènes irritatifs, liés à la dissolution des lipides des revêtements superficiels et troubles, liés à une action dépressive sur le système nerveux central.
L'ingestion peut donc provoquer des troubles digestifs (douleurs abdominales, nausées puis vomissements suivis de diarrhées) ; une dépression du système nerveux central (syndrome ébrieux puis troubles de conscience, convulsions en cas d'ingestion massive) ; une pneumopathie d'inhalation, due à l'inondation des voies respiratoires par le produit et aggravée par les vomissements, dont les premiers signes radiologiques apparaissent dans les 8 heures suivant l'ingestion (opacités floconneuses avec bronchogramme aérien, évoquant un œdème interstitiel et alvéolaire, le plus souvent localisées aux lobes moyen et inférieur droits mais parfois diffuses dans les deux champs pulmonaires) ; les signes cliniques sont plus tardifs : toux, dyspnée, fièvre régressant en 2 ou 3 jours en l'absence de surinfection.
Lors d'intoxication par inhalation, peuvent apparaître des troubles secondaires à une action irritante sur les muqueuses des voies aérodigestives supérieures ; une atteinte du système nerveux central à type de céphalées, de vertiges, voire des troubles de mémoire, de concentration ou de coordination (dès 10 ppm).
Comme pour tous les produits susceptibles d'entraîner une dissolution des lipides cutanés, les projections ou les contacts cutanés prolongés peuvent être à l'origine de dermatoses d'irritation ; aucune manifestation d'origine immuno-allergique n'a été signalée.
La projection oculaire de mésitylène liquide pourrait être responsable d'une irritation conjonctivale.
Toxicité chronique [3, 10, 17 à 23]
Des observations anciennes sont rapportées dans la littérature ; elles concernent un groupe de 37 travailleurs exposés pendant 7 ans à un diluant pour peinture composé de 30 % de mésitylène, 50 % de pseudocumène (1,2,4-triméthylbenzène) et 20 % de divers hydrocarbures dont des traces d'hémimellitène (1,2,3-triméthylbenzène), à des concentrations atmosphériques variant de 10 à 60 ppm.
La symptomatologie décrite consiste en des troubles respiratoires à type de bronchite asthmatiforme (chez 70 % des sujets les plus fortement exposés) ; des troubles neurologiques avec atteinte du système nerveux central (céphalées, anxiété, asthénie, somnolence, troubles de la mémoire et du comportement) pour 80 % des sujets exposés ; des troubles hématologiques avec anémie hypochrome (52 % des sujets), thrombopénie (dans quelques cas seulement) et troubles de la coagulation (chez 40 % des sujets) à l'origine de gingivorragies et d'épistaxis fréquents et d'une tendance à la formation d'hématomes.
Ces troubles peuvent être attribués, selon les auteurs, à l'exposition au mésitylène et au pseudocumène. Toutefois, il est probable que les manifestations hématologiques étaient dues au benzène présent comme impureté dans les mélanges.
Par ailleurs, certains auteurs confirment que l'intoxication chronique au mésitylène est susceptible d'entraîner des atteintes du système nerveux central, des effets irritatifs sur les muqueuses nasales, oculaires et broncho-pulmonaires, ainsi que, au même titre que la plupart des solvants industriels, une irritation cutanée primaire avec érythème, sécheresse et dessication de la peau. Il n'a pas été signalé de manifestation de type allergique.