Le fluor est un gaz extrêmement irritant, voire corrosif, pour les muqueuses respiratoire et oculaire et pour la peau. L’inhalation accidentelle peut conduire au développement, parfois retardé, d’un œdème pulmonaire lésionnel potentiellement mortel. Aucune donnée de qualité n’est disponible chez l’Homme pour les effets à long terme, notamment sur d’éventuels effets génotoxiques, cancérogènes, ou toxiques pour la reproduction.
Toxicité aiguë [15 à 17]
Le fluor est à l’origine d’une irritation, voire d’une corrosion, des muqueuses respiratoire et oculaire, ainsi que de la peau, dont la sévérité est fonction de la concentration du gaz et de la durée de l’exposition.
L’exposition à des doses élevées peut entrainer un œdème aigu du poumon lésionnel d’installation souvent retardée.
Chez des volontaires sains, l’exposition de quelques minutes à 10 ppm a été bien tolérée, l’irritation oculaire se manifestant dès 15 - 25 ppm et l’irritation respiratoire dès 15 - 50 ppm, selon les études [13]. À des concentrations plus importantes (67 - 100 ppm), les symptômes étaient considérés très inconfortables après quelques secondes seulement [14]. L’exposition intermittente à 10 ppm pendant 2 à 3 heures a entrainé une légère irritation cutanée et oculaire [14].
Sur la peau, le fluor sous la forme de gaz liquéfié, peut provoquer de graves brûlures, ainsi que des gelures.
La projection du gaz sur l’œil est susceptible d’entrainer des lésions très importantes [18].
L’ingestion de petites quantités de fluorure d’hydrogène secondaire à l’hydrolyse du gaz fluor au contact de la salive peut entrainer une irritation des muqueuses digestives [2].
Même si aucun cas d’intoxication systémique n’est documenté après une exposition aiguë au fluor, il faut considérer la possibilité d’effets toxiques en rapport avec le fluorure d’hydrogène issu de l’hydrolyse du gaz fluor en milieu humide (notamment au niveau des muqueuses digestives et respiratoires) et de l’absorption d’ions fluor (risque d’hypocalcémie et d’hypomagnésémie).
Toxicité chronique
Les principaux effets attendus d’une exposition chronique au fluor gazeux sont des troubles respiratoires liés à l’irritation chronique des voies aériennes, mais peu de données sont disponibles.
Une étude réalisée dans une usine de production d’hexafluorure d’uranium chez 61 salariés exposés de façon intermittente au fluor entre 1952 et 1959 (exposition moyenne annuelle de 0,3 à 1,4 ppm avec des pics de 3,8 à 24,7 ppm) a montré que le nombre de visites médicales et le taux d’absence, toutes causes ou dues à des plaintes respiratoires, n’étaient pas supérieurs à ceux des témoins non exposés [19]. Néanmoins, le manque de données d’exposition fiables (l’odeur était utilisée pour distinguer le F2 du HF), l’exposition des deux groupes à plusieurs fluorures, le choix des critères de jugement assez imprécis, avec prise en compte des causes non professionnelles, la méthode d’échantillonnage et l’absence d’analyses statistiques doivent conduire à considérer cette étude avec précaution.
Une étude réalisée dans une usine d’émail chez 75 salariés exposés au fluor entre 1995 et 2001 (concentrations atmosphériques comprises entre 0,06 à 2,3 ppm ; chacun apparié à un témoin non exposé) a cherché à évaluer leur fonction respiratoire et plaintes associées [20]. Des signes et symptômes d’irritation étaient présents, principalement respiratoires, et dans une moindre mesure oculaires et cutanés. Les incidences de bronchite et rhinite chroniques étaient statistiquement significativement plus importantes chez les travailleurs exposés et directement proportionnelles à la concentration atmosphérique de fluor. La consommation de tabac était similaire dans les deux groupes. Des cas de fluorose squelettique et, plus rarement, dentaire ont par ailleurs été constatés.
Effets génotoxiques
Aucune étude de génotoxicité chez des travailleurs exposés au gaz fluor n’a été identifiée à la date de publication de cette fiche.
Effets cancérogènes
Aucune étude évaluant les potentiels effets cancérogènes du gaz fluor chez des travailleurs exposés n’a été identifiée à la date de publication de cette fiche.
Effets sur la reproduction
Aucune étude évaluant les potentiels effets sur la reproduction du gaz fluor chez des travailleurs exposés n’a été identifiée à la date de publication de cette fiche.