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Deltaméthrine

Fiche toxicologique n° 193

Sommaire de la fiche

Édition : 2007

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme

    La deltaméthrine est une molécule lipophile, peu soluble dans l’eau, qui peut être absorbée par les différentes voies d’exposition. Elle est éliminée dans les urines et les fèces sous forme de métabolites résultant de son hydrolyse et de son oxydation dans l’organisme.

    Chez l'animal

    Le taux d’absorption de la deltaméthrine par voie orale n’est pas précisément connu ; on peut cependant considé­rer qu’il est important, de l’ordre de 90 % chez le rat.

    Le taux d’absorption par inhalation est probablement faible mais risque cependant d’être majoré par les sol­vants organiques. Par voie cutanée, l’absorption est limi­tée à 3,6 % chez le rat in vivo [3] mais peut également être majorée en fonction du solvant.

    Les études chez le rat, la souris et la vache montrent qu’après ingestion, la substance se distribue dans l’en­semble des tissus, avec une concentration légèrement plus importante dans les graisses (demi-vie de 7 à 9 jours dans les graisses chez la vache au cours d’une étude sub­chronique). Elle passe dans le lait dans de faibles propor­tions : après trois administrations orales de 10 mg/kg dans une étude chez la vache, 0,4 à 1,6 % de la dose sont sécrétés dans le lait. Une autre étude chez la vache pen­dant 28 jours montre que la deltaméthrine est rapide­ment éliminée dans le lait (demi-vie estimée à 1 jour) [3].

    Elle est métabolisée en composés non toxiques par oxy­dation, par hydrolyse de la fonction ester et par conversion du groupement cyano en thiocyanate. Les métabolites oxydés sont ensuite sulfo- ou gluco-conjugués, facilitant ainsi leur élimination dans l’urine [3].

    La deltaméthrine est éliminée, de façon sensiblement équivalente, par les urines et les fèces chez le rat et la souris.

    Surveillance Biologique de l'exposition

    Certains auteurs ont proposé le dosage du 3-PBA et du cis-Br2CA dans les urines de fin de poste de travail pour la sur­veillance de salariés exposés ; des concentrations non nulles peuvent être retrouvées pour le cis-Br2CA dans la population générale. Ces dosages ne sont cependant pas de pratique courante.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë

    La deltaméthrine est toxique par ingestion et par inhala­tion. Sa toxicité par voie cutanée est faible.

    La toxicité de la deltaméthrine par voie orale dépend du solvant utilisé : elle est en effet plus toxique lorsqu’elle est administrée dans un solvant huileux ou organique que dans un solvant aqueux probablement en raison de sa fai­ble absorption dans ces conditions [2, 3, 7, 11].

    En solution dans un solvant non aqueux, la deltaméthrine présente sa plus faible DL50 de 19 mg/kg par voie orale chez la souris [3]et d’environ 130 mg/kg/j chez le rat, alors qu’elle est de 4000 mg/kg en suspension aqueuse.

    La toxicité par voie cutanée est faible ; la DL50 correspon­dante est supérieure à 800 mg/kg chez le rat et supérieure à 2000 mg/kg chez le lapin.

    La deltaméthrine est classée toxique par inhalation en rai­son de propriétés liées à la substance administrée sous forme de poudre. La CL50 est de 600 mg/m3 chez le rat pour une exposition de 6 heures[3].

    L’intoxication aiguë se manifeste chez le rat et la souris par les signes suivants : hypersalivation, diarrhée, dysp­née, faiblesse, défaut de coordination motrice, hypotonie, tremblements, mouvements choréiformes, tachycardie, difficultés respiratoires et convulsions cloniques. Les para­lysies des muscles respiratoires sont susceptibles de conduire à la mort.

    La sévérité des symptômes est corrélée à la concentration de deltaméthrine dans le cerveau.

    Les symptômes apparaissent 1 heure après l’ingestion d’une forte dose chez la souris. Des signes d’hyperexcita­bilité musculaire sont observés au bout de 24 heures, puis disparaissent au bout de 2 à 3 jours chez les animaux survivants.

    L’ensemble de ces signes constitue ce qu’on appelle le syn­drome CS, observé avec les pyréthrinoïdes de type II.

    Après administration intraveineuse de 3 mg/kg chez le chien anesthésié, il a été mis en évidence des effets cardio-vasculaires tels que chute de la tension artérielle, bradycardie sinusale, troubles de la conduction supraventriculaire, troubles de la repolarisation et troubles de l’ex­citabilité auriculaire.

    Il n’a pas été mis en évidence de façon certaine, d’impact au niveau broncho-pulmonaire, en dehors des effets imputables aux solvants organiques utilisés dans la plu­part des préparations.

    Des effets irritants cutanés de la deltaméthrine ont pu être rapportés dans certaines études chez le cobaye et le lapin ; ils sont cependant d’intensité modérée et réversi­bles en quelques jours. Les résultats de ces tests dépendent fortement de la proportion de solvants organiques et d’émulsifiants dans le produit [3, 7, 11].

    Une irritation oculaire légère à modérée est observée chez le lapin, après application locale de la substance dans sa formulation concentrée commerciale. Les effets sont réversibles en 2 à 7 jours[3, 7, 11].

    Les résultats des études de sensibilisation chez le cobaye sont négatifs[3, 7, 11].

    Toxicité subchronique, chronique

    La sévérité des effets est variable selon les espèces et selon les voies d’exposition. L’ingestion de fortes doses peut pro­voquer des signes cliniques sévères mais les signes dus à l’exposition cutanée sont surtout de type irritatif.

    L’exposition par voie orale chez différentes espèces anima­les pendant plusieurs semaines à plusieurs mois met en évidence une diminution de poids des animaux ainsi que des effets toxiques de type hypersalivation, diarrhée, vomissements, tremblements voire mouvements incontrôlés. La DSET (dose sans effet toxique) due aux signes systémiques est de 1 mg/kg/j chez le rat et chez le chien, exposés pendant 13 semaines par voie orale, ou pendant 24 mois chez la souris [2, 3].

    Les effets neurotoxiques dus à la deltaméthrine sont rares. Des anomalies de la coordination et une ataxie ont été observés chez des rats exposés à de fortes doses de poudre inhalée (56 mg/m3 pendant 2 semaines) ; dans cette étude, la DSET par inhalation de la poudre est de 3 mg/m3 [3].

    Effets génotoxiques

    Les synthèses des études disponibles concluent que la del­taméthrine n’est ni mutagène ni clastogène.

    Toutefois de nombreuses données manquent pour éva­luer la pertinence des résultats (solvants, justification des concentrations...) dans les tests réalisés : tests bactériolo­giques (Ames), tests in vitro sur cellules de mammifères (échanges de chromatides-sœurs, aberrations chromoso­miques) ou tests in vivo (aberrations chromosomiques et micro-noyaux)[3, 7].

    Effets cancérogènes

    Les études disponibles n’ont pas mis en évidence d'effet cancérogène.

    Les études de cancérogenèse réalisées sur le rat, le chien et la souris, n’ont pas montré de différence dans le type ou la fréquence des tumeurs chez les groupes traités compa­rés aux groupes témoins.

  • Toxicité sur l’Homme

    Peu de données sur l’homme sont disponibles. Les effets aigus connus sont essentiellement neurologiques à type de paresthésies mais aussi cutanéo-muqueux à type d’irrita­tion. Les manifestations décrites lors de l’exposition chronique à la deltaméthrine sont pour la plupart bénignes.

    Toxicité aiguë

    Des cas d’intoxication aiguë ont été décrits lors d’inges­tions accidentelle ou volontaire de deltaméthrine mais aussi lors d’expositions cutanées accidentelles d’origine professionnelle. Dans ces cas, les symptômes le plus sou­vent réversibles en quelques heures, peuvent associer des céphalées avec asthénie, des troubles digestifs à type de douleurs abdominales, de nausées, de vomissements, des signes d’irritation des voies aériennes supérieures asso­ciés ou non à une dyspnée ; lors d’intoxications aiguës massives, parfois mortelles, des signes neurologiques à type de vertiges, d’ataxie, de myoclonies, de convulsions voire de coma peuvent être observés ; leur traitement est symptomatique [3, 10].

    Lors de projections cutanées de deltaméthrine, on peut observer des paresthésies avec sensation de brûlure appa­raissant plusieurs heures après l’exposition et persistant quelques heures, mais aussi des signes d’irritation cuta­née [3].

    Un auteur rapporte une urticaire de contact à la deltamé­thrine, confirmée par patch-test, observée chez 2 person­nes d’un groupe de 25 travaillant dans la formulation de la deltaméthrine en aérosol [3].

    Un cas de réaction allergique à type d’anaphylaxie avec bronchospasme est également décrit [10].

    Toxicité chronique

    Chez l’utilisateur mal protégé, ce sont surtout des dyses­thésies qui sont observées, principalement faciales, à type de sensation de chaleur ou de brûlure avec prurit (sans éruption cutanée associée) apparaissant dans les 30 minutes après l’exposition et réversibles spontané­ment en quelques heures ; elles sont exacerbées par la chaleur ou le contact avec l’eau froide, par l’humidité et la transpiration ; des signes d’irritation transitoires, cutanée, oculaire et des voies aériennes supérieures (écoulement nasal, toux) sont également décrits[2, 3].

    Il n’est pas rapporté d’atteinte rénale, hépatique ou héma­tologique majeure que l’on puisse associer avec certitude à la deltaméthrine, lors d’expositions chroniques.

    Effets cancérogènes

    Il n’existe pas de données permettant d’évaluer ces risques chez l’homme.

    Effets sur la reproduction

    Il n’existe pas de données permettant d’évaluer ces risques chez l’homme.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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