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Alcool benzylique

Fiche toxicologique n° 170

Sommaire de la fiche

Édition : Novembre 2020

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [14, 15]

    L’alcool benzylique est absorbé par voies orale, cutanée et respiratoire puis éliminé dans les urines après métabolisation hépatique rapide.

    Chez l'animal

    L'alcool benzylique est facilement absorbé par les voies digestive, percutanée et respira­toire, mais il n'existe pas de données ciné­tiques relatives à cette absorption. Une étude réalisée chez le chien fait état d'une demi-vie plasmatique de 90 minutes dans le cas d'une injection intraveineuse de 50 à 100 mg/kg (sous forme d'une solution à 2,5 % dans le sérum phy­siologique).

    Chez l'homme comme chez l'animal de labo­ratoire (lapin, chien...), l'alcool benzylique absorbé est rapidement oxydé en acide ben­zoïque, essentiellement par action de l'alcool-déshydrogénase hépatique. L'acide benzoïque formé est conjugué avec la glycine et éliminé dans l'urine sous forme d'acide hippurique. Bien que la déshydrogénase ait pour l'alcool benzylique une affinité inférieure à celle qu'elle a pour l'éthanol, la vitesse d'oxydation de l'al­cool benzylique est supérieure à la vitesse de conjugaison de l'acide benzoïque avec la gly­cine. On peut ainsi avoir, en cas d'administra­tion importante d'alcool benzylique, une excré­tion urinaire notable d'acide benzoïque sous forme de glucuro-conjugué.

    Chez l'homme, après ingestion de 1,5 g d'al­cool benzylique, on retrouve dans les urines en 6 heures 75 à 85 % du produit sous forme d'acide hippurique.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [14-18]

    Par voie orale, l’alcool benzylique est un irritant digestif et, à forte dose, un dépresseur du système nerveux central (SNC). Par voie respiratoire, il agit essentiellement sur le SNC. Localement, l’effet irritant est modéré pour la peau mais peut être sévère pour l’œil. 

    Les DL50 par voie orale, chez la souris, le rat et le lapin, varient entre 1 et 3,1 g/kg (entre 1,2 et 3,1 g/kg chez le rat). Des rats auraient reçu 10 administrations quotidiennes de 450 mg/kg (produit en solution à 20 % dans de l'huile d'ara­chide) sans autre atteinte clinique ou histolo­gique qu'une perte de poids transitoire. Chez le chien, des doses égales ou supérieures à 200 mg/kg administrées par sonde gastrique provoquent une irritation du tractus gastro­intestinal. D'une façon générale, les doses sublétales de produit déterminent rapidement une dépression du système nerveux central avec coma et paralysie des centres respira­toires ; les animaux restent ensuite excitables pendant 3 à 4 jours. Aucune anomalie n'est décelée à l'examen anatomo-pathologique.

    La toxicité par inhalation a fait l'objet de plu­sieurs expérimentations chez le rat, mais dans des conditions telles que la CL50 n'a pu être déterminée correctement.

    Il semble bien établi que tous les rats survi­vent à 2 heures d'exposition à 200 ppm, ainsi qu'à 6 heures d'exposition à 60 ppm. Des expo­sitions de 4 heures à 210-270 ppm répétées plu­sieurs jours n'auraient, d'autre part, entraîné aucune atteinte particulière, clinique ou histo­logique. Les symptômes observés au cours d'expériences de plus longue durée ou à plus fortes concentrations confirment que le produit agit essentiellement sur le système nerveux central.

    On ne trouve, ni par voie orale ni par voie res­piratoire, les activités diurétique et hypotensive qui sont observées lorsque le produit est injecté par voie parentérale.

    La DL50 par voie percutanée chez le lapin est de 2 g/kg ; les symptômes d'intoxication systé­mique sont sensibles pour une application de 1 g/kg (5 mL/kg d'une solution à 20 % dans l'acé­tone).

    Localement, l'alcool benzylique a des pro­priétés anesthésiques et provoque un érythème léger sur la peau du lapin et du cobaye ; l'irrita­tion reste modérée si le produit pur est appliqué sous pansement occlusif maintenu 24 heures.

    Chez le cobaye, le produit ne se montre pas sensibilisant.

    Sur l'œil du lapin, un excès de solution à 5 % entraîne une irritation légère ; celle-ci est sévère pour une solution à 15 % (irritation sévère de la conjonctive, opacité de la cornée).

    Toxicité subchronique, chronique [14, 17]

    L’administration prolongée peut entraîner des effets métaboliques et neurologiques périphériques d’après les rares données disponibles.

    Il existe peu de publications sur la toxicité chronique de l'alcool benzylique. Les rares études disponibles ont signalé, chez des ani­maux (souris, cobayes) soumis à une adminis­tration prolongée du produit une hyperglycé­mie, une accélération de l'épuration hépatique mais aussi des paralysies des membres posté­rieurs.

    Effets génotoxiques [17]

    Les tests réalisés in vitro sont négatifs.

    L'alcool benzylique n'est pas mutagène pour les souches TA 98, TA 100, TA 1535, TA 1537, TA 1538 de Salmonella typhimurium dans les conditions habituelles du test d'Ames.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n’est disponible sur la cancérogénicité à la date de publication de cette fiche.

    Effets sur la reproduction [17, 19]

    Des effets fœtotoxiques légers ont été observés chez l'animal. Aucun effet sur la fertilité n’est rapporté.

    L'administration par gavage chez la souris de 750 mg/kg par jour d'alcool benzylique dans l'eau, du 6e au 13e jour de gestation, n'a entraîné qu'une diminution de poids des nouveau-nés à la naissance.

    Chez la vache, la perfusion intra-utérine de 0,5 à 2 g d'alcool benzylique (sous forme de solution aqueuse à 5 %) entraîne des perturba­tions du cycle œstral mais est sans effet sur la fertilité.

    Injecté dans l'œuf de poule à la dose de 0,01 à 0,02 mL, l'alcool benzylique pur provoque, pen­dant la 1re semaine d'incubation, un certain nombre de malformations des embryons (méningocèle, défauts des membres et du bec).

  • Toxicité sur l’Homme

    L’ingestion accidentelle de quantités importantes d’alcool benzylique entraine une atteinte digestive puis neurologique centrale. L’exposition aigüe à des concentrations élevées est responsable d’irritations des voies respiratoires. Pur, c’est un irritant cutané et muqueux. Une exposition répétée ou prolongée pourrait entrainer des signes digestifs et neurologiques centraux réversibles. Aucune donnée n’est disponible chez l’Homme pour les effets génotoxiques, cancérogènes ou sur la reproduction.

    Toxicité aiguë [15, 17, 18]

    En cas d'ingestion accidentelle de quantité importante d'alcool benzylique, les premiers signes de l'intoxication sont digestifs (sensa­tion de brûlure, douleurs abdominales, vomis­sements, diarrhée) ; ils s'accompagnent ensuite d'une atteinte neurologique centrale (céphalée, sensation de vertige, somnolence, éventuellement coma). Lors d'expositions à des concentrations atmosphériques élevées, on note en plus une irritation des voies aériennes supérieures. Une intoxication mor­telle a été signalée dans un cas d'administra­tion rectale.

    Localement l'alcool pur est irritant pour la peau et les muqueuses, mais les solutions aqueuses à 4 % ou moins sont bien tolérées ; elles ont pu être utilisées sans inconvénient pour des anesthésies locales dans le cas d'opérations mineures.

    Un contact oculaire bref se traduit par une sensation de brûlure qui disparaît rapidement ; il n'entraîne pas de lésion.

    Toxicité chronique [14, 15, 17]

    Plusieurs cas d'intoxication se manifestant par des céphalées violentes, des vertiges, des troubles gastro-intestinaux et une perte de poids ont été signalés chez des travailleurs uti­lisant depuis 1 mois et demi à 2 mois un vernis contenant 10 % d'alcool benzylique ; les symp­tômes ont disparu lorsqu'on a mis fin à cette utilisation. La signification précise de cette observation est limitée par la présence dans le vernis incriminé de nombreux produits autres que l'alcool benzylique.

    Aucun autre rapport ne fait état d'effets toxiques liés à l'utilisation industrielle prolon­gée du produit. Comme la plupart des solvants, l'alcool benzylique est susceptible de provo­quer des dermatoses d'irritation par contacts répétés ou prolongés.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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