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Bromotrifluorométhane

Fiche toxicologique n° 163

Sommaire de la fiche

Édition : 2005

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [11, 16]

    Peu de données ont été publiées sur la toxicocinétique et le métabolisme du bromotrifluorométhane. Il est vrai­semblable toutefois, que, comme pour les autres fluoroal­canes, le produit soit éliminé très rapidement sous forme inchangée dans l’air expiré, aucune métabolisation n’in­tervenant pratiquement dans l’organisme.

    Chez l'animal

    Chez le chien exposé à une atmosphère contenant du bro­motrifluorométhane, le produit passe très rapidement dans le sang où sa concentration atteint son plateau après 5 minutes. À l’équilibre, la concentration sanguine, sensi­blement plus forte dans le sang artériel que dans le sang veineux, est directement proportionnelle à la concentra­tion atmosphérique (pour une concentration de 10 %: 40 µg/ml dans le sang artériel, 30 µg/ml dans le sang vei­neux). Le produit est également détecté très vite dans le cerveau et, à plus faible concentration, dans le muscle cardiaque.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale [9-16]
    Toxicité aiguë

    Le bromotrifluorométhane a une toxicité aiguë faible. Les études réalisées, essentiellement par inhalation, chez de nombreuses espèces animales ont montré que son action s’exerce essentiellement sur les systèmes nerveux central et cardiovasculaire et qu’il faut atteindre des concentrations très élevées pour que se manifestent ces effets. Un effet irritant pour l’œil est rapporté.

    Les études réalisées, essentiellement par inhalation, chez de nombreuses espèces animales (souris, rats, cobayes, lapins, chiens et singes) ont montré que son action s’exerce essentiellement sur les systèmes nerveux central et cardiovasculaire et qu’il faut atteindre des concentra­tions très élevées pour que se manifestent ces effets. Le bromotrifluorométhane est sensiblement moins nocif que le trichlorofluorométhane, le rapport des concentrations équiactives variant de 4 à 15 selon les effets consi­dérés et les espèces étudiées ; il est aussi un peu moins nocif que le bromochlorodifluorométhane.

    Pour une exposition de 15 minutes, la CL50 est voisine de 83 % chez le rat, de 88 % chez le cobaye. La résistance des souris et des lapins semble être du même ordre (pas de mort après 2 heures à 80 %) ; les chiens et les singes seraient plus sensibles.

    L’autopsie des animaux ayant survécu à ces fortes exposi­tions montre des zones d’œdème et de nécrose pulmo­naires et des anomalies cellulaires au niveau du foie, de la rate et des reins.

    Les animaux exposés à de fortes concentrations de bromotrifluorométhane manifestent des signes d’agitation, présentent des tremblements, une respiration saccadée et ralentie, puis sombrent dans un état comateux avec disparition progressive des réflexes. Les symptômes régressent rapidement lorsque les animaux sont retirés de l’atmosphère toxique. Chez le rat, l’agitation et les trem­blements apparaissent après 2 minutes dans une atmos­phère à 20 % de produit, une salivation intense après 15 minutes à 30 %, des convulsions après 12 minutes à 50 % ou 3 à 4 minutes à 80 %. Chez le chien et le singe, les premiers signes neurologiques apparaissent à 10 %; chez le singe entraîné à réaliser une tâche, une exposition à 20-25 % entraîne une détérioration des performances.

    Les effets cardiovasculaires du bromotrifluorométhane se traduisent par un abaissement de la contractilité du myo­carde, une hypotension artérielle, mais surtout par une sensibilisation du cœur aux effets de l’asphyxie (bradycar­die sinusale, bloc auriculo-ventriculaire et dépression de l’onde T) et à l’action arythmogène de l’adrénaline (tachy­cardie et fibrillation ventriculaire). Chez le chien, l’hypo­tension et des troubles du rythme apparaissent après 1 à 2 minutes d’exposition à 20 %, une fibrillation ventricu­laire pouvant se développer après 1 à 3 minutes à 40 %. Chez les animaux exposés 5 minutes à une atmosphère contenant 7,5 % (chien) ou 10 % (rat) de produit, une injec­tion de 5 à 8 µg/kg d’adrénaline déclenche une arythmie cardiaque. La sensibilisation est fugace puisque, 10 minu­tes après la fin de l’exposition, l’injection d’adrénaline est sans effet.

    On note d’autre part, chez quelques rats, une congestion de la muqueuse nasale avec épistaxis après 2 heures à 20 %.

    On observe, pour toutes les espèces, une irritation des yeux après 2 heures d’exposition à une concentration égale ou supérieure à 10 %. Dans le cas des singes, cette irritation persiste 24 heures après la fin de l’exposition.

    Toxicité subchronique, chronique

    Aucune atteinte n’a été observée hormis une congestion diffuse du tractus respiratoire.

    L’exposition 2 heures/jour, pendant 15 jours consécutifs, à une atmosphère contenant 50 % de bromotrifluorométhane ne fait apparaître de modification ni du comporte­ment, ni de la croissance pondérale, ni de la capacité de gestation, chez la souris, le rat ou le cobaye. Aucune atteinte particulière clinique, biologique ou histologique n’a été mise en évidence chez des rats et des chiens expo­sés 6 heures/jour, 5 jours/semaine, pendant 18 semaines, à une concentration de 2,3 % (la seule anomalie observée concerne une congestion diffuse du tractus respiratoire).

    Effets génotoxiques

    Les tests réalisés sont négatifs.

    Le bromotrifluorométhane n’est pas mutagène pour Sal­monella typhimurium à la concentration de 40 %, qu’il y ait ou non activation métabolique.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n’est disponible pour les effets cancérogènes.

    Son pouvoir cancéro­gène n’a fait l’objet d’aucune étude publiée.

    Effets sur la reproduction

    Les données disponibles ne rapportent pas d’effet embryotoxique ou tératogène.

    On n’a observé ni embryotoxicité ni effet tératogène dans les portées de rates exposées pendant leur gestation à une concentration de 5 % du produit.

  • Toxicité sur l’Homme [9, 11, 16]

    Lors d’une exposition aiguë par inhalation, des troubles neuropsychiques et irritatifs sont observés, s’aggravant avec la concentration. Des anomalies cardiovasculaires (troubles du rythme cardiaque) ont été rapportées pour des concentrations plus importantes. Aucune donnée n’est disponible sur les effets chroniques, génotoxiques, cancérogènes ou sur la reproduction.

    Toxicité aiguë

    En raison de son utilisation comme agent extincteur, le bromotrifluorométhane a fait l’objet de nombreuses étu­des chez des volontaires, mais toujours avec des durées d’exposition courtes (20 à 30 minutes au maximum).

    Les premiers effets apparaissent pour des concentrations atmosphériques comprises entre 4 et 7 %. Il s’agit alors de troubles neuropsychiques et irritatifs: euphorie, vertiges, troubles de la mémoire, légère gêne respiratoire, légère irritation du nez et des yeux; certains auteurs signalent aussi une légère augmentation des temps de réaction. Cependant, même avec une exposition de 30 minutes à 7 %, les effets restent supportables ; ils sont insuffisants pour empêcher les sujets d’accomplir des tâches méca­niques simples, de suivre des instructions ou de sortir, s’ils le veulent, de la zone d’exposition.

    Vers 10 %, les sujets présentent lipothymie, paresthésie, difficultés de coordination, et leurs performances dans des tests de psychomotricité se détériorent. À 15 % appa­raît très vite (1 à 2 minutes) une sensation de perte de conscience prochaine.

    Des anomalies du tracé électrocardiographique mineures (aplatissement de l’onde T) et rapidement réversibles ont été notées à des concentrations de 8 %. Un cas de trouble du rythme cardiaque a été constaté chez un sujet exposé à 12,8 % pendant 5 minutes. Des dissociations auriculoventriculaires et des contractions ventriculaires prématu­rées ont été mises en évidence à la concentration de 15 %.

    Localement, la projection du gaz liquéfié peut provoquer sur la peau des gelures limitées, sur l’œil une irritation conjonctivale et un larmoiement.

    Toxicité chronique

    Aucune étude n’a été publiée qui permette de retenir l’hy­pothèse d’un risque, pour l’homme, d’intoxication chro­nique, de cancérogénèse ou d’effet sur la reproduction.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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