Toxicité aiguë
En exposition aiguë, l’alcool furfurylique est essentiellement un irritant respiratoire et un irritant oculaire modéré ; c’est un allergène faible.
Après exposition par inhalation (65 - 125 - 250 ppm), les animaux manifestent une détresse respiratoire, une irritation oculaire (yeux rouges, exophtalmie, larmes) et nasale (rhinorrhée) et des signes neurologiques (léthargie après une phase initiale d’excitation) aux concentrations létales. L’autopsie des survivants ne révèle aucune atteinte en dehors d’une inflammation des cornets du nez accompagnée d’une nécrose et d’une métaplasie squameuse de l’épithélium respiratoire et d’une nécrose de l’épithélium olfactif [11]. Après exposition orale, les seuls signes de toxicité, observés chez le rat, sont des convulsions et une paralysie respiratoire précédant la mort aux doses létales[12].
Voie | Espèce | DL50/CL50 |
Inhalatoire | Rat | 592 ppm/1 h |
Inhalatoire | Rat | 233 ppm/4 h |
Inhalatoire | Rat | 85 ppm/6 h |
Inhalatoire | Souris | 397 ppm/6 h |
Orale | Rat | 132-275 mg/kg |
Orale | Souris | 160 mg/kg |
Cutanée | Rat | 3825 mg/kg |
Cutanée | Souris | 4920 mg/kg |
Cutanée | Cobaye | > 8500 mg/kg |
Cutanée | Lapin | 400-657 mg/kg |
Tableau I : Toxicité de l'alcool furfurylique[4, 10]
Irritation - Sensibilisation
L’alcool furfurylique est un irritant respiratoire chez l’animal.
Localement, il n’est pas irritant pour la peau du chien et faiblement irritant pour la peau du cobaye ; cependant des applications quotidiennes d’une solution à 50 % dans l’acétone entraînent, après 12 jours de traitement, sécheresse, hyperémie, desquamation et nécrose de la peau [12].
L’irritation oculaire est modérée chez le lapin pour une instillation de 0,02 ml de liquide (réversible en 2 à 8 jours) et sévère pour une instillation de 0,05 ml (inflammation de la conjonctive, gonflement des paupières, opacité de la cornée ; réversible en 40 à 64 jours). Une exposition du rat à la vapeur saturée (700 ppm) provoque, après 8 minutes, une rougeur oculaire ; une exposition répétée à 19 ppm n’induit aucune irritation chez le rat ou la souris[12].
L’alcool furfurylique est un allergène faible chez le cobaye ; une réaction de sensibilisation a été déclenchée par l’application cutanée, pendant 12 jours, de 40 μg d’alcool furfurylique dans l’acétone [12].
Toxicité subchronique, chronique [9]
En exposition prolongée ou répétée, l’alcool furfurylique induit essentiellement des lésions nasales et rénales.
Chez le rat et la souris, exposés par inhalation pendant 16 jours (0 - 127 - 257 - 510 - 1 020 mg/m3, 6 h/j, 5 j/semaine), on observe : létalité aux deux plus fortes concentrations, baisse de poids, dyspnée, hypoactivité, écoulement nasal et oculaire (> 257 mg/m3) et lésions de l’épithélium nasal respiratoire et olfactif, à toutes les concentrations. Une prolongation de l’exposition à 13 semaines augmente la sévérité des lésions de l’épithélium nasal (nécrose et métaplasie squameuse de l’épithélium respiratoire ; nécrose et dégénérescence de l’épithélium olfactif). Une exposition pendant 2 ans (0 - 8 - 16 - 131 mg/m3) induit chez le rat, en plus de l’effet nasal, une toxicité rénale et, à la forte concentration, une hyperplasie des parathyroïdes et une ostéodystrophie fibreuse probablement liée aux effets rénaux. La souris femelle, exposée aux mêmes concentrations, présente une baisse de poids et développe une opacité cornéenne focale ; chez le mâle, on observe des lésions rénales dont la sévérité est liée à la concentration [11].
Lors d’une exposition par voie orale (0 - 38 - 75 - 150 - 300 - 600 mg/kg, gavage, 13 semaines), la létalité apparaît à 150 mg/kg chez le rat et 300 mg/kg chez la souris. Les rats recevant des doses ≥ 75 mg/kg présentent une baisse de poids ainsi que des lésions modérées du foie et des reins (dégénérescence des hépatocytes et des cellules épithéliales tubaires du cortex rénal). Chez les souris, on observe des lésions identiques mais plus sévères (avec nécrose) à des doses quotidiennes ≥ 300 mg/kg.
Effets génotoxiques [9]
L’alcool furfurylique donne des réponses équivoques dans les tests de génotoxicité.
In vitro :
- test d’Ames (avec et sans activation métabolique) négatif pour les souches TA 98, TA 100, TA 1535, TA 1537 et TA 1538 de Salmonella typhimurium ;
- induction d’aberrations chromosomiques, cellules ovariennes de hamster chinois, équivoque avec activateurs métaboliques, négatif sans activateurs métaboliques ;
- induction d’échanges entre chromatides sœurs, cellules ovariennes de hamster chinois, positif sans activateurs métaboliques, négatif avec activateurs métaboliques ;
- induction d’échanges entre chromatides sœurs, lymphocytes humains, négatif sans activateurs métaboliques [13].2
In vivo :
- induction de micronoyaux, d’échanges entre chromatides sœurs et d’aberrations chromosomiques, moelle osseuse de souris (300 mg/kg, ip), négatif ;
- induction d’aberrations chromosomiques et d’échanges entre chromatides sœurs, moelle osseuse de souris (1000 - 2000 - 4000 ppm dans 0,5 ml d’eau par gavage, 1 fois ou pendant 5 jours consécutifs), positif à 4000 ppm en exposition unique ou répétée avec prélèvement à 18, 24 et 36 heures, positif à 2000 ppm en exposition unique et prélèvement 18 heures[14aetb] ;
- induction de mutation létale récessive, drosophile, négatif [15].
2https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_160§ion=pathologieToxicologie#ancre_BiblioTexte
Effets cancérogènes [9]
L’alcool furfurylique induit l’apparition de tumeurs nasales et rénales, surtout chez les mâles.
L’exposition de rats et de souris des deux sexes (0 - 2 - 8 - 32 ppm, 6 h/j, 5 j/sem pendant 105 semaines) est associée à des lésions du nez et une augmentation de sévérité de la néphropatie. Les effets néoplasiques sont localisés chez le rat mâle au niveau du nez (adénomes, carcinomes ou carcinomes à cellules squameuses) et ne sont significativement augmentés qu’à la plus forte dose ; chez les femelles, l’augmentation de l’incidence est marginale. Chez la souris mâle, des tumeurs sont observées au niveau des tubes rénaux (adénomes et carcinomes) à la plus forte concentration ; les femelles ne présentent pas de tumeur.
Effets sur la reproduction
Il n’y a pas de donnée dans la littérature pour les effets de l’alcool furfurylique sur la reproduction.