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Dichlorodifluorométhane

Fiche toxicologique n° 135

Sommaire de la fiche

Édition : 2005

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [5, 6, 10, 12, 14]

    Bien absorbé par voie respiratoire, le dichlorodifluorométhane est très peu métabolisé et rapidement éliminé dans l'air expiré.

    Chez l'animal

    Le dichlorodifluorométhane qui pénètre dans l’organisme par voie respiratoire n’y est retenu que faiblement, essen­tiellement au niveau du tissu pulmonaire et du sang (on peut détecter également des traces de produit dans le liquide céphalo-rachidien, la bile et l’urine). En fin d’expo­sition, le produit est éliminé très rapidement, la presque totalité se retrouvant sous forme inchangée dans l’air expiré ; pratiquement aucune métabolisation n’intervient dans l’organisme.

    Chez l’homme, par rapport au trichlorofluorométhane, la rétention du dichlorodifluorométhane est plus faible (10 % contre 23 % dans les mêmes conditions d’exposi­tion), la concentration sanguine atteinte est plus basse et l’élimination en fin d’exposition encore plus rapide (après inhalation de 1 % du produit, concentration sanguine nulle en 2 à 5 minutes dans le cas du dichlorodifluoromé­thane, en 20 à 30 minutes dans le cas du trichlorofluorométhane).

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale [5, 6, 9-15]
    Toxicité aiguë

    Il faut des concentrations généralement élevées pour induire des effets neurologiques (agitation puis coma) et cardio-vasculaires (arythmie). Il n'est pas irritant pour la peau et faiblement pour l'œil.

    Le dichlorodifluorométhane a une toxicité aiguë faible.

    Les études réalisées, essentiellement par inhalation, chez de nombreuses espèces animales (souris, rats, cobayes, lapins, chiens et singes), ont montré que son action s’exerce essentiellement sur les systèmes nerveux central et cardio-vasculaire et qu’il faut atteindre des concentra­tions très élevées pour que se manifestent ces effets. Le dichlorodifluorométhane est sensiblement moins nocif que le trichlorofluorométhane, le rapport des concentra­tions équiactives variant de 4 à 10 selon les auteurs et les effets considérés.

    Pour une exposition de 30 minutes, la CL50 est voisine de 80 % chez la souris, le rat, le cobaye et le lapin ; pour une exposition de 3 heures, elle est de l’ordre de 60 % chez la souris.

    Les animaux exposés à de fortes concentrations de dichlo­rodifluorométhane manifestent des signes d’agitation, présentent des tremblements, une respiration saccadée et ralentie, puis sombrent dans un état comateux avec disparition progressive des réflexes. Les symptômes régressent rapidement lorsque les animaux sont retirés de l’atmosphère toxique. Chez le rat, pour une exposition de 30 minutes, les tremblements apparaissent pour des concentrations de 30 à 40 %, la perte des réflexes (postu­raux d’abord, cornéens ensuite) de 50 à 70 %, la narcose profonde vers 80 %.

    Les effets cardio-vasculaires du dichlorodifluorométhane se traduisent par un abaissement de la contractilité du myocarde, une hypotension artérielle, mais surtout une sensibilisation du cœur aux effets de l’asphyxie (bradycar­die sinusale, bloc auriculo-ventriculaire, dépression de l’onde T) et à l’action arythmogène de l’adrénaline (tachy­cardie et fibrillation ventriculaire). Chez un chien exposé 5 minutes à une atmosphère contenant 5 % de produit, une injection de 5 à 8 μg/kg d’adrénaline déclenche une arythmie cardiaque. Le seuil d’action est plus élevé pour une décharge d’adrénaline endogène (exercice intense ou stress sévère) ; il est compris entre 20 et 50 % en l’absence de stimulation particulière. La sensibilisation est fugace puisque, 10 minutes après la fin de l’exposition, l’injection d’adrénaline est sans effet.

    Au niveau du tractus pulmonaire, on observe chez le chien, en dehors de la réduction des mouvements respira­toires liée à l’atteinte du système nerveux, une broncho- constriction à la concentration de 10 % ; à cet égard, le produit est inactif chez le rat.

    Localement, le dichlorodifluorométhane est bien sup­porté par la peau saine (rat et lapin) ; il est également bien toléré par la muqueuse de la trachée-artère du chien (pas d’altération de l’activité ciliaire de l’épithélium après 10 minutes de contact avec un aérosol contenant 80 % de produit). Sur l’œil du lapin, le produit pur provoque une lésion épithéliale de la cornée dont la cicatrisation est lente (6 semaines) ; dilué 2 fois dans l’huile minérale, il ne produit qu’une irritation discrète, réversible en 24 heures.

    Toxicité subchronique, chronique

    L'exposition répétée est généralement bien tolérée et ne provoque que des troubles neurologiques régressifs et des lésions histologiques du foie.

    L’exposition 3,5 heures/jour, 5 jours/semaine, pendant 4 semaines, à une concentration atmosphérique de 10 % de dichlorodifluorométhane ne fait apparaître aucune atteinte particulière clinique, biologique ou histologique chez le rat, le cobaye, le chat ou le chien. À la concentration de 20 %, et avec des expositions de 8 heures/jour, 5 jours/semaine pendant 10 à 12 semaines, on observe chez le cobaye, le chien et le singe les manifestations cli­niques caractéristiques de l’atteinte neurologique (trem­blements généralisés, allure ataxique, avec toutefois une accoutumance à partir de la 2e semaine) et quelques signes inconstants d’irritation broncho-pulmonaire. En revanche, il n’y a ni atteinte de l’état général (évolution pondérale normale) ni lésions fonctionnellement ou his­tologiquement décelables au niveau du cœur, du cerveau, du foie et des reins.

    L’exposition en continu à 800 ppm (0,08 %) pendant 90 jours est également bien supportée par le rat, le lapin, le chien et le singe ; chez le cobaye, on observe quelques lésions microscopiques du foie (infiltration graisseuse, foyers de nécrose).

    L’administration à des chiens de dichlorodifluorométhane dans leur nourriture, à la concentration de 3000 ppm (soit une dose journalière voisine de 150 mg/kg), pendant 2 ans, ne fait apparaître aucun signe de toxicité.

    Effets génotoxiques

    Il n'est pas mutagène in vitro ni in vivo

    Un résultat négatif a été obtenu dans un test d’Ames de mutagénèse bactérienne.

    Une étude de 2 ans, réalisée chez le rat par voie orale (administration de 3000 ppm de dichlorodifluoromé­thane dans la nourriture), n’a mis en évidence aucune acti­vité mutagène (test de la dominance létale) ou cancérogène.

    Effets cancérogènes

    Il n'est pas cancérogène chez le rat.

    Effets sur la reproduction

    Les études de fertilité ou de développement sont négatives.

    L’administration de 3000 ppm de dichlorodifluorométhane dans la nourriture est sans influence sur la reproduction du rat étudiée sur 3 générations.

    L’exposition de rates à une concentration atmosphérique de 20 % d’un mélange 90 :10 de dichlorodifluorométhane et de trichlorofluorométhane, 2 heures/jour du 4e au 16e jour de la gestation, n’induit aucune anomalie chez leurs nou­veau-nés. Il en est de même pour les lapines exposées, dans les mêmes conditions, du 5e au 20e jour de la gestation.

  • Toxicité sur l’Homme [5, 6, 10, 12, 14, 15]

    Lors d'expositions accidentelles, des effets neurologiques et cardiaques sont rapportés. On ne note pas d'effet lié à des expositions répétées. On ne dispose pas de donnée sur d'éventuels effets cancérogènes ou sur la fonction de reproduction.

    Toxicité aiguë

    Chez des volontaires exposés 2,5 heures à une concentra­tion atmosphérique de 1 % de dichlorodifluorométhane, on a pu observer une diminution légère des performances dans un test de psychomotricité. Une exposition de 15 à 60 secondes à une concentration de 2,7 % provoque une augmentation de la résistance pulmonaire et des modifi­cations de l’électrocardiogramme.

    Des signes d’atteinte neurologique (étourdissements, per­tes de conscience) et une irritation oculaire apparaissent pour une concentration voisine de 20 % qui paraît être la limite de tolérance du produit chez l’homme. Les symptô­mes observés à cette concentration disparaissent rapide­ment en présence d’air frais.

    Quelques cas de décès ont été signalés après des exposi­tions aiguës à de très fortes concentrations du produit seul ou en mélange.

    On a d’autre part évoqué la responsabilité des fluoroalcanes utilisés comme pulseurs d’aérosols dans un cer­tain nombre d’accidents mortels survenus chez de jeunes toxicomanes ou chez des malades asthmatiques qui abu­saient de pulvérisations d’aérosols bronchodilatateurs. Il semblerait qu’aient pu intervenir dans ces accidents une arythmie sévère provoquée par les fluoroalcanes, de l’hypercapnie et une décharge de catécholamines due à l’ef­fort ou à l’émotion.

    La projection du gaz liquéfié peut provoquer sur la peau des gelures limitées, sur l’œil une irritation conjonctivale et un larmoiement.

    Toxicité chronique

    Des études sur volontaires ont montré qu’une exposition à 0,1 %, 8 heures/jour, 5 jours/semaine, avec au total 17 jours d’exposition, était parfaitement bien tolérée (aucune modification de la fonction respiratoire ni de l’électrocardiogramme et aucun effet subjectif).

    Le contact prolongé ou répété avec le liquide peut occa­sionner des dermatoses.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n’est disponible chez l’Homme à la date d’édition de cette fiche toxicologique. 

    Effets sur la reproduction

    Aucune donnée n’est disponible chez l’Homme à la date d’édition de cette fiche toxicologique. 

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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