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N,N-Diméthyléthylamine

Fiche toxicologique n° 127

Sommaire de la fiche

Édition : 2006

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme

    Il n'existe pas de donnée fiable sur la toxicocinétique et le métabolisme de cette substance

    Chez l'animal

    L'expérimentation animale démontre que la N,N-diméthyléthylamine est absorbée facilement à partir du tractus gastro-intestinal ou du tractus respiratoire, mais on ne dispose d'aucune donnée quantitative ou cinétique sur cette absorption.

    Le métabolisme du produit absorbé n'a été étudié ni chez l'animal, ni chez l'homme. En présence de nitrites ou d'un autre agent nitrosant, la N,N-diméthyléthylamine peut donner naissance à des nitrosamines dont les potentia­lités cancérogènes sont connues. Aucune preuve n'a été apportée de l'existence d'une telle réaction dans l'esto­mac lorsque cette substance est absorbée.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [9]

    L'intoxication par inhalation provoque des lésions pulmonaires graves ainsi que des atteintes hépatique, rénale et cérébrale. Elle est irritante pour les muqueuses respiratoires et les solutions sont très irritantes pour la peau et les yeux. Elle n'est pas sensibilisante.

    La DL50 par voie orale, chez la souris, est comprise entre 600 et 680 mg/kg. La DL50 par voie percutanée n'a pu être valablement déterminée en raison de la très grande vola­tilité du produit.

    Par inhalation, pour une exposition de 4 heures, la CL50 est de 3400 ppm chez le rat, voisine de 3000 ppm chez le lapin, comprise entre 3600 et 4000 ppm chez la souris. L'autopsie des animaux morts montre de nets effets irritants du produit sur le parenchyme pulmonaire (hyper­émie avec œdème alvéolaire et inflammation intersti­tielle), mais également des lésions hépatiques (foyers de nécrose hépatocytaire), rénales (atteinte dégénérative des cellules tubulaires) et cérébrales (atteintes neuronales avec vacuolisation, kystisation cytoplasmique et cytolyse).

    Le pouvoir irritant des vapeurs de produit sur les muqueu­ses des voies aériennes se traduit chez la souris par une bradypnée, la concentration qui diminue de 50 % la fréquence respiratoire étant de 161 ppm (éthylamine: 151 ppm) [10].

    En application locale, la N,N-diméthyléthylamine liquide est:

    • modérément irritante pour la peau du lapin (nécroses tissulaires visibles 72 heures après l'application du pro­duit; indice d'irritation : 3,37 sur 8);
    • extrêmement irritante pour l'œil du lapin : l'instillation de 0,1 mL de liquide entraîne des lésions cornéennes extrêmement sévères (opacité totale de la cornée dès la 24e heure, indice d'irritation supérieur à 95 sur 110).

    La N,N-diméthyléthylamine ne provoque pas de sensibili­sation cutanée chez le cobaye [11].

    Toxicité subchronique, chronique [9]

    Des lésions cérébrales sont observées chez des animaux exposés de façon répétée à la N,N-diméthyléthylamine.

    Des rats et des souris exposés 4 h/j, 5 j/sem, pendant 5 semaines, à une concentration atmosphérique de 540 ppm survivent sans autre atteinte apparente qu'un léger retard de croissance pondérale. La prolongation de l'expé­rimentation par une 6e semaine d'exposition à 1100 ppm n'entraîne aucune mortalité. Les examens histopathologiques mettent en évidence, chez les deux espèces, des lésions cérébrales (kystisation gliale localisée soit au niveau de la protubérance annulaire, soit sur des hémisphères cérébraux).

    Effets génotoxiques [11]

    Elle n'induit pas d'effet mutagène sur bactérie.

    Dans les conditions habituelles du test d'Ames, avec ou sans activation métabolique, la N,N-diméthyléthylamine n'induit pas de mutation ponctuelle sur les souches TA 98, TA 100, TA 1535, TA 1537, TA 1538 de Salmonella typhimurium.

    Effets cancérogènes

    On ne dispose pas d'étude de cancérogénicité sur cette substance.

    Effets sur la reproduction

    On ne dispose pas d'étude de toxicité sur la reproduction pour cette substance.

  • Toxicité sur l’Homme

    Elle provoque des irritations parfois sévères des voies respiratoires et oculaires. Les contacts avec la peau induisent des brulures et ceux avec les yeux de graves lésions. Des cas d'allergie sont décrits (eczéma, asthme).

    Toxicité aiguë [2-4]

    Une exposition brève à de fortes concentrations provoque chez l'homme :

    • une irritation sévère des muqueuses oculaires (larmoie­ment, conjonctivite, œdème de la cornée qui semble dû à une action directe du produit sur l'épithélium cornéen) ;
    • une irritation sévère des muqueuses respiratoires (rhi­nite, toux, détresse respiratoire) ;
    • des manifestations systémiques à type de céphalées, nausées, asthénie, anxiété,...

    Tous ces troubles sont réversibles après l'arrêt de l'exposi­tion, le retour à la normale pouvant toutefois être assez long si l'exposition a été forte : en particulier, une photo­phobie et une gêne visuelle peuvent persister quelques jours et entraîner une incapacité partielle.

    Après une exposition de quelques heures à une concen­tration trop faible pour provoquer une gêne immédiate, on peut voir apparaître des troubles visuels différents, relativement spécifiques des amines tertiaires, se tradui­sant par une vision brumeuse et bleutée (« comme à tra­vers une fumée de cigarette») et la perception de halos autour des points lumineux. Ces troubles, qui ne sont pas obligatoirement accompagnés d'œdème cornéen ni de baisse de l'acuité visuelle, sont fréquemment observés dans les ateliers de fonderie utilisant la N,N-diméthyléthylamine. Une enquête réalisée par le NIOSH [12] a mon­tré que ces troubles visuels sont les signes les plus précoces de l'action du produit : ils peuvent apparaître chez certains sujets après 8 heures d'exposition à une concentration aussi faible que 2 ppm ; ils sont constam­ment retrouvés chez tous les travailleurs exposés à 5 ppm ou plus. Ces effets visuels spécifiques - dus, semble-t-il, à une atteinte du système parasympathique entraînant une mydriase et une cycloplégie - sont eux aussi réversi­bles en quelques heures après la fin de l'exposition ; ils ne laissent pas de lésions permanentes, mais occasionnent une gêne visuelle et accroissent les risques d'accidents.

    Le contact direct du liquide avec la peau peut provoquer des dermites, éventuellement des brûlures s'il est pro­longé.

    Les projections oculaires sont particulièrement redouta­bles car elles entraînent des lésions sévères pouvant être irréversibles. Selon l'importance et la durée du contact, les brûlures cornéennes vont d'une lésion superficielle avec œdème (dépoli épithélial) sans séquelle grave à des lésions profondes laissant une ulcération très longue à cicatriser et une perte totale de sensibilité.

    Toxicité chronique [3, 4]

    Bien que l'utilisation de la N,N-diméthyléthylamine en fonderie soit largement répandue, les rapports faisant état d'effets chroniques sur la santé sont rares, contraire­ment aux observations de troubles visuels aigus.

    L'exposition répétée au produit est susceptible de provo­quer des allergies, notamment cutanées (dermatoses eczématiformes) ou respiratoires (asthme). On a signalé des névralgies faciales et des hypertensions artérielles, mais ces observations anciennes ne semblent pas avoir été confirmées.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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