Toxicité aiguë [15, 17 à 24]
Les effets aigus sont liés au caractère alcalin de la substance qui provoque de graves troubles digestifs, respiratoires et une irritation de la peau et des muqueuses oculaires. Certains effets sont irréversibles.
La DL50 par voie orale chez le rat est comprise entre 460 et 590 mg/kg ; elle est de 545 mg/kg chez la souris et de 415 mg/kg chez le lapin. Par voie percutanée, la DL50 chez le lapin est de 570 mg/kg.
Par inhalation, pour une exposition de 4 heures, la plus faible concentration létale chez le rat, comme chez le cobaye, est de 1 000 ppm ; chez le cobaye, elle est supérieure à 2 000 ppm pour une exposition de 30 minutes.
Chez la souris, pour une exposition de 2 heures, la CL50 est comprise entre 1 500 et 2 500 ppm.
Les symptômes observés aux doses létales sont essentiellement dus à l’alcalinité du produit se traduisant par une irritation intense :
- du tractus gastro-intestinal dans le cas de l’administration orale (vomissements, diarrhées hémorragiques, foyers nécrotiques au niveau des muqueuses gastriques et intestinales)
- du tractus respiratoire (rhinorrhée, dyspnée, trachéite, bronchite, pneumonie et éventuellement oedème pulmonaire) et des yeux (larmoiement, conjonctivite, oedème et opacité de la cornée) dans le cas de l’inhalation.
Le pouvoir irritant du produit sur les muqueuses des voies respiratoires se traduit chez la souris par une bradypnée : la concentration qui diminue de 50 % la fréquence respiratoire est de 156 ppm (éthylamine : 151 ppm) [23].
À ces signes irritatifs sont associés, quelle que soit la voie d’administration, des effets systémiques : excitation motrice puis apathie, convulsions, paralysies, hyperémie des extrémités. À l’autopsie, on met en évidence des lésions diffuses des poumons, du foie et des reins.
Localement, 500 mg de produit appliqués sur la peau du lapin sous pansement occlusif maintenu pendant 24 heures provoquent une irritation légère (lésions de grade 2 sur 10). Chez la souris, l’immersion de la queue dans la triéthylamine entraîne, en 15 à 30 minutes, la mort des animaux.
La triéthylamine est particulièrement irritante pour l’oeil : une goutte de liquide pur instillée dans l’oeil du lapin provoque des lésions cornéennes extrêmement sévères (lésions de grade 9 sur 10) ; l’action du produit est très rapide.
Toxicité subchronique, chronique [15, 17 à 19, 25]
L’inhalation répétée de faibles concentrations peut induire des lésions pulmonaires, cardiaques, hépatiques et rénales.
Chez le rat, l’administration orale de triéthylamine à la dose de 55 mg/kg/jour pendant 2 mois et demi entraîne un retard de croissance et une augmentation du taux hépatique d’acide ascorbique. La dose de 10 mg/kg/jour, administréependant 6 mois, est responsable de modifications marquéesdes réflexes conditionnés ; à 1 mg/kg, on constate encoredes modifications mineures de ces réflexes.
Chez le lapin, l’administration orale du produit, à la dosede 6 mg/kg/jour, pendant 7 mois, ne modifie ni l’activité hépatique de synthèse protéique, ni l’activité cholinestérasique du sérum ; on note seulement, après 3 à 4 mois detraitement, des perturbations du métabolisme hépatiquedes hydrates de carbone.
Chez des lapins exposés 7 heures par jour, 5 jours par semaine, pendant 6 semaines, à une concentration atmosphériquede 100 ppm de triéthylamine, on observe des lésions pulmonaires sévères (oedème avec hémorragies, bronchopneumonie), des lésions de la cornée (multiples érosions ponctuées, oedème) et des lésions cardiaques, hépatiques et rénales (pour les 3 organes : hyperémie, oedème, dégénérescence marquée avec nécrose cellulaire) ; celles-ci sont plus fréquentes et plus prononcées qu’elles ne le sont, dans ces mêmes conditions, avec l’éthylamine ou la diéthylamine. À 50 ppm, tous les animaux présentent des signes d’irritation pulmonaire (bronchite modérée, léger épaississement des parois vasculaires) et des lésions de la cornée ; on note des lésions hépatiques légères (atteintes dégénératives du parenchyme).
Effets génotoxiques [15, 20]
Les données sont insuffisantes pour juger de ces effets.
La seule étude publiée sur ce sujet signale des mutations génomiques (perte de chromosomes au cours de la division cellulaire) chez des rats exposés en continu pendant 1 mois à une concentration de 0,25 ppm. Elle est insuffisante pour l’évaluation d’un éventuel potentiel génotoxique du produit.
Effets cancérogènes [15]
Les données sont insuffisantes pour juger de ces effets.
Un régime alimentaire, contenant 0,5 % de chlorhydrate de triéthylamine et 0,5 % de nitrite de sodium, administré pendant un an à des rats, n’a provoqué chez eux ni atteinte toxique ni affection tumorale. Ce résultat semble démontrer qu’il n’y a pas dans l’organisme une formation significative de nitrosamine à partir de ces 2 composés puisque, chez la même souche d’animaux, la diéthylnitrosamine administrée par voie orale à la dose quotidienne de 0,6 mg/kg induit des tumeurs hépatiques en 355 jours.
Effets sur la reproduction [15, 18]
La triéthylamine entraîne des perturbations de la fertilité chez les femelles. Elle est embryotoxique et tératogène sur l’oeuf de poulet.
L’administration par voie orale de triéthylamine à des lapines gestantes, à la dose quotidienne de 2,3 mg/kg, les 3 premiers jours de gestation, entraîne des perturbations de la fertilité.
Chez l’embryon de poulet de 3 jours, le produit est fortement embryotoxique (DL50 : 0,16 mg/oeuf) et l’on constate une incidence importante de malformations, principalement des défauts des yeux, du squelette et du cerveau.