Toxicité aiguë
Quelle que soit la voie d’administration, le pentachlorophénol induit des effets sévères neurologiques avec convulsion, métaboliques avec hyperthermie, et cardiaques. La substance peut induire une acné chlorée mais est modérément irritante pour la peau et les yeux.
Chez le rat, les DL 50, trouvées dans la littérature, sont comprises entre 27 et 210 mg/kg par voie orale et entre 150 et 330 mg/kg par voie percutanée ; la seule expérimentation réalisée par inhalation a mis en évidence une toxicité élevée par cette voie : DL 50 estimée à 11,7 mg/kg pour une exposition de 10 à 20 min à la concentration de 900 mg/m3 [11]. Chez les autres espèces étudiées (souris, lapins, chiens, porcs, moutons et veaux), les chiffres trouvés sont voisins.
Quelles que soient l’espèce et la voie de pénétration dans l’organisme, les signes observés sont une hyperthermie, une élévation des fréquences cardiaque et respiratoire, une faiblesse neuromusculaire progressive, avec des convulsions et une défaillance cardiaque dans les intoxications mortelles ; chez les animaux qui meurent, la rigidité cadavérique est rapide et intense. L’autopsie révèle une atteinte étendue du système vasculaire, avec congestion et oedème des tissus parenchymateux et avec des lésions des petits vaisseaux.
Localement, le pentachlorophénol est modérément irritant pour la peau de lapin, la gravité des lésions étant fonction du véhicule employé (maximale avec les solvants pétroliers, minimale avec les solutions aqueuses). L’application du produit technique sur l’oreille du lapin provoque la formation d’acné mais il semble bien que cette action soit le fait des impuretés présentes dans le produit et, notamment, de l’hexachlorodibenzo-p-dioxine. Pour l’oeil du lapin, le pentachlorophénol est un irritant sévère.
Toxicité subchronique, chronique [3]
Une hépatotoxicité est observée dans les études expérimentales relatives à la toxicité subchronique et chronique, sans doute liée à la présence d’impuretés.
Les études subaiguës et chroniques réalisées chez le rat montrent que les effets toxiques s’exercent essentiellement au niveau du foie ; on a notamment pu mettre en évidence, selon la dose et la durée du traitement, des changements morphologiques des cellules hépatiques, des augmentations du poids du foie et de certaines activités enzymatiques microsomales et des excrétions très accrues de porphyrine et d’acide δ-aminolévulinique [12 à 16].
Chez les bovins, traités à la dose de 15 mg/kg/j per os pendant 42 jours, des lésions hépatiques existent également, mais elles sont plus discrètes que chez le rat [17, 18].
Dans toutes ces études, l’hépatotoxicité du produit technique se révèle très supérieure à celle du produit pur ; elle est donc due, pour une large part, aux impuretés présentes.
Effets génotoxiques
Un seul résultat positif a été observé dans un test de mutation génique in vitro alors que d’autres tests in vitro et in vivo se sont révélés négatifs.
In vitro
Des résultats négatifs ont été obtenus dans un test de mutation génique sur bactéries (Salmonella typhimurium). Des résultats non significatifs ont été observés dans un essai d’aberration chromosomique. Cependant, un autre test in vitro sur Saccharomyces cerevisiae s’est révélé positif : aux plus fortes concentrations le pentachlorophénol peut favoriser les mutations géniques et recombinaisons intragéniques [19].
In vivo
Des résultats négatifs ont été obtenus dans un test de mutation létale récessive chez Drosophila melanogaster, dans un essai du spot test chez la souris ainsi que dans le test de l’hôte intermédiaire avec Salmonella typhimurium et Serratia marcescens.
Les résultats disponibles concordent pour laisser penser que le pentachlorophénol ne provoque ni mutations ponctuelles (résultats négatifs dans le test d’Ames, dans le test des mutations létales récessives liées au sexe chez Drosophila melanogaster, dans le test de l’hôte intermédiaire avec Salmonella typhimurium et Serratia marcescens comme indicateurs ; résultats non significatifs dans le « spot test » chez la souris), ni aberrations chromosomiques (une seule étude négative avec le test de la dominance létale). En revanche, une étude in vitro avec Saccharomyces cerevisiae indique qu'à forte concentration, le pentachlorophénol peut dans certaines conditions favoriser les mutations génétiques et les recombinaisons intragéniques [19].
Effets cancérogènes [5, 20, 21]
Les résultats disponibles sont insuffisants pour une évaluation de la cancérogénicité du produit.
Deux études de cancérogénèse réalisées par voie orale (2 ans chez le rat à des doses allant jusqu’à 30 mg/kg/j ; 18 mois chez la souris à 46 mg/kg/j pendant 4 semaines puis à 130 ppm dans la nourriture le reste du temps) n’ont pas montré d’influence du pentachlorophénol sur la fréquence des tumeurs, mais leur signification est limitée par le petit nombre d’animaux utilisés. Une troisième étude menée chez la souris par voie sous-cutanée (1 seule injection de 46 mg/kg) a montré, 74 semaines après l’injection, un nombre accru d’hépatomes chez les animaux traités mais, là encore, le petit nombre d’animaux et l’absence de détails rendent l’interprétation difficile. Il faut noter en revanche que certaines des impuretés parfois présentes dans le pentachlorophénol technique (2,4,6-trichlorophénol, 2 isomères de l’hexachlorodibenzo-p-dioxine) sont reconnues cancérogènes chez l’animal.
Effets sur la reproduction
Le pentachlorophénol est foetotoxique et tératogène (malformations du squelette) aux fortes doses et en présence de toxicité maternelle.
Le pentachlorophénol est foetotoxique chez le rat, la dose sans effet se situant aux environs de 5 mg/kg. L’administration orale du produit à des doses supérieures à 15 mg/ kg, entre le 6ième et le 10ième jour de la gestation, entraîne une incidence accrue des résorptions embryonnaires ainsi que des oedèmes sous-cutanés et des anomalies du squelette chez le foetus [22]. Quelques effets tératogènes sont observés lorsque le produit est administré per os à 60 mg/ kg (dose toxique pour la mère) le 9ième ou le 10ième jour de la gestation [23]. Tous ces effets, plus marqués avec le produit pur qu’avec le produit technique, sont à imputer au pentachlorophénol lui-même.
Le pentachlorophénol administré à la dose de 30 mg/kg/j per os à des rats mâles et femelles pendant 62 jours avant leur accouplement, puis aux femelles pendant le temps de la gestation et de l’allaitement, a provoqué une diminution du nombre de nouveau-nés et de leur poids, et une légère réduction du pourcentage des animaux viables. La fertilité des mâles ne semble pas affectée. Dans les mêmes conditions, la dose de 3 mg/kg/j per os est sans effet [24].