Valeurs limites d’exposition professionnelle
En France, les fibres et poussières d'alumine sont considérées comme des poussières réputées sans effet spécifique. Le ministère chargé du travail a fixé, pour ce type de poussières, une valeur limite d'exposition professionnelle réglementaire contraignante, estimée sur la durée d'un poste de travail de 8 heures, de 10 mg/m3 pour la fraction totale (poussières inhalables) et de 5 mg/m3 pour la fraction alvéolaire.
À titre de comparaison, la valeur limite de moyenne d'exposition (TLV-TWA) proposée aux États-Unis par l’ACGIH pour ces poussières est de 10 mg/m3 tandis que l'OSHA propose des valeurs moyennes de 15 mg/m3 (fraction totale) et 5 mg/m3 (fraction alvéolaire).
Méthodes d’évaluation de l’exposition professionnelle
Microscopie optique à contraste de phase (MOCP)
La technique habituellement utilisée pour le mesurage de la concentration en nombre de fibres dans l'air et au poste de travail est la MOCP associée à la technique du filtre à membrane. Les fibres d'alumine en suspension dans l'air sont prélevées sur des membranes filtrantes et des pompes portables sont utilisées pour les prélèvements individuels.
La membrane filtrante est ensuite transparisée pour permettre le comptage des fibres en MOCP.
La technique de comptage par MOCP, décrite dans la norme XP X 43-269 [4], prend en compte les fibres de longueur supérieure à 5 µm, de largeur inférieure à 3 µm et de rapport longueur sur largeur supérieur à 3. Le résultat est exprimé en nombre de fibres par centimètre cube d'air, calculé à partir du nombre de fibres déposées sur le filtre et du volume d'air échantillonné.
Cette technique ne permet pas de différencier les fibres d'alumine des autres fibres éventuellement présentes dans l'air, ni d'observer celles dont le diamètre est inférieur à quelques dixièmes de micron. En effet, le pouvoir séparateur d'un microscope optique est de 0,2 µm, les fibres de diamètre inférieur à cette valeur ne sont donc pas visibles.
Microscopie électronique
La spéciation des fibres peut être effectuée avec les techniques d'analyse en microscopie électronique à transmission analytique (META) ou à balayage analytique (MEBA). En effet, couplées à des méthodes spectroscopiques de rayons X, elles permettent de déterminer la composition chimique élémentaire des fibres. La META permet en outre d'observer les fibres quel que soit leur diamètre et d'accéder à une information de nature structurale par la technique de diffraction électronique.
Gravimétrie
Il est également possible d'utiliser une méthode d'analyse gravimétrique pour déterminer la teneur pondérale d'un aérosol de fibres d'alumine. La détermination de la masse d'aérosol prélevée s'effectue par différence entre la masse de la coupelle après prélèvement et sa masse vierge. Les résultats sont exprimés en mg/m3.
Suivant la fraction à analyser - inhalable, thoracique ou alvéolaire - le prélèvement s'effectuera :
- avec une cassette fermée, décrite dans la norme NF X 43-257 [5]. Cette méthode est mieux adaptée lorsque l'aérosol est composé de particules très fines ;
- avec des échantillonneurs de type CIP10 équipés d'une coupelle rotative composée d'une mousse polyuréthane préalablement pesée à vide, et des sélecteurs de fraction correspondants. Cette méthode est décrite dans la norme NF X 43-259 [6]. Elle semble mieux adaptée aux aérosols composés de particules de taille hétérogène.
Ces méthodes ne permettent cependant pas de différencier la nature des fibres prélevées. Elles prennent en compte toutes les poussières échantillonnées sans distinction morphologique ou de nature chimique [7 à 10].