Outils d'analyse des risques
Perceptions et douleurs / gênes rapportés par les salariés
C'est souvent la première information pour détecter une situation à risque. Le recueil administratif des données par le service de santé au travail (SST) pour les douleurs / gênes rapportés par les salariés et le bilan des absences liées aux conditions de travail par le service du personnel en association ou non avec le SST sont les données les plus faciles à recueillir.
Des données de santé plus spécifiques peuvent être recueillies à l'aide :
- du questionnaire dit "nordique" qui interroge, pour les différentes parties du corps (membres et tronc), la nature de la douleur, son mode d'apparition et son évolution, les gênes et handicaps au travail comme en dehors et le recours aux soins.
- d’une classification plus spécifique aux lombalgies : lourdeur, douleur, lumbago, irritation nerveuse (picotements dans les cuisses), sciatique (trajet douloureux précis), paralysies (jambes sphincters). Complétée par l'histoire de la lombalgie (mode d'apparition, chronicité, nombre et variété des épisodes passés) et la perception ou le vécu du trouble par le lombalgique et toujours le recours au soin. Ces quelques points, toujours associés à la recherche d'éventuels drapeaux rouges pour les écarter, permettent de quantifier l'importance de l'épisode de lombalgie et de marquer son évolution.
- des échelles subjectives peuvent être utilisées mais elles ne quantifient qu'un aspect de la lombalgie (douleur ou gêne ou lien avec le travail) et sont d'intérêt limité dans un objectif de recueil de plaintes de santé comme les lombalgies
Analyse des situations de travail
La check list de la méthode d'analyse de la charge physique et sa déclinaison dans le secteur sanitaire et social ainsi que des outils subjectifs peuvent être utilisés (HAS 2013). Ils sont détaillés dans le dossier "Activité physique au travail".
Plusieurs normes permettent de calculer les forces ou les poids limites qui s'appliquent à une tâche en fonction de ses conditions de réalisation. Le tableau ci-dessous combine les limites de contraintes physiques proposées dans les cadres rouge et vert.
Un poste qui respecte les limites entre les zones vert clair et orange et rouge du tableau est conforme aux normes de contraintes physiques et est acceptable pour tous les salariés qui ne souffrent pas du dos. S'il respecte les limites entre les zones vert foncé et vert clair il est acceptable pour les lombalgiques afin de favoriser leur retour rapide à une activité adaptée dans son entreprise.
Toutes les contraintes ne sont pas listées dans ce tableau. Cependant, appliquer ces limites permet de rester en deçà des limites de risque des autres facteurs de contraintes non indiqués dans le tableau car difficiles à quantifier (organisation du travail, forces à exercer, modes de manutention…) ou qui font l'objet de développements longs dans des revues de la littérature, des normes ou des paramètres individuels.
Un modèle biomécanique d'évaluation spécifique de la contrainte liée à la manutention manuelle (Wax et coll. 1987) peut être utilisé. La méthode de calcul est schématisée dans la figure ci-dessous. Une simple photographie de profil, avec une référence d'échelle, permet de calculer la compression du disque qui est le paramètre le plus représentatif de la contrainte lombaire. Si la compression est inférieure à 350 dN le risque est faible et acceptable. Entre 350 et 650dN le risque impose une démarche de prévention et au-dessus de 650 dN le risque est très élevé et la situation impossible à tenir.
Modèle biomécanique lombaire en 2 dimensions pour le calcul de la compression lombaire lors d'un lever de charges (Wax et al. 1987).
Outils d'évaluation des actions de prévention
L'évaluation est basée sur la comparaison entre les objectifs définis lors de la construction de l’action de prévention et la situation à son terme. Elle peut s’appuyer sur des informations spécifiques apportées par les outils d'analyse du risque et/ou sur celles présentées dans les différents bilans de l'entreprise. L'évaluation peut être simple. Ses résultats permettent d’apprécier la volonté de l'entreprise de promouvoir la santé de ses salariés, sa capacité à mener des actions de prévention et au final à améliorer son image.