Effets sur la santé
Une fois chauffé, le bitume émet des fumées pouvant contenir des substances dangereuses pour la santé des salariés exposés. Toux, maux de tête, perte d’appétit sont notamment observés.
Le bitume n’est pas référencé dans la classification, à l'étiquetage et à l'emballage (CLP), qui permet d'assurer que les dangers présentés par les substances chimiques soient clairement communiqués aux travailleurs et aux consommateurs de l'Union européenne. En effet, dans des conditions normales de température et de pression atmosphérique, le bitume ne présente pas de dangers.
En revanche, lorsque le bitume est chauffé à des températures pouvant atteindre ou dépasser 210 °C, il émet des fumées pouvant contenir des substances dangereuses (hydrocarbures aromatiques polycycliques, hydrocarbures linéaires, aromatiques etc.). Le caractère irritant des fumées de bitume pour les voies respiratoires a été prouvé dans plusieurs études.
Fumées de bitume
Les fumées de bitume contiennent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dont le Benzo[a]Pyrène (BaP), le naphtalène, le pyrène. Le BaP est classé par le CLP comme cancérogène de catégorie 1B (susceptible de provoquer le cancer), sa concentration de ces produits dans les fumées est faible, largement en dessous des valeurs limite d’exposition professionnelle (VLEP), quand elles existent, mais le nombre de substances différentes émises est important. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a ainsi classé l’exposition aux fumées de bitumes lors des travaux de revêtements routiers comme possiblement cancérogène pour l’homme (groupe 2B).
Le bitume oxydé est pour sa part utilisé à des températures encore plus élevées, pouvant dépasser les 210 °C. La présence des huiles de fluxage et l’élévation de la température d’utilisation se combinent pour entraîner une augmentation de la concentration en HAP dans les fumées. L’exposition aux fumées de bitumes lors des travaux d’étanchéité a donc été classée par le Circ comme probablement cancérogène pour l’homme (groupe 2A).
Augmenter la température du bitume de 12 °C produit deux fois plus de fumées de bitume (l’augmenter de 24 °C, quatre fois plus, etc.).
Le goudron de houille, un cancérogène avéré
Du fait de la présence d’HAP cancérogènes en grande quantité, notamment plusieurs g/kg de Benzo[a]Pyrène (BaP), le goudron et ses dérivés (fluxants houillers) sont classés officiellement par le règlement CLP comme cancérogène catégorie 1A (substance dont le potentiel cancérogène pour l'être humain est avéré) et par le Circ dans le groupe 1 (agent cancérogène).
Deux modes d’exposition possibles
Les salariés peuvent être exposés au bitume et ses dérivés de deux façons :
- par inhalation : les opérateurs peuvent respirer les fumées dégagées lors de la mise en œuvre du bitume sous toutes ses formes : pur, enrobé routier, asphalte, bande bitumineuse en étanchéité etc. Cette exposition dépend bien sûr de la température à laquelle est chauffé le bitume, mais aussi de la surface d’échange entre le produit bitumineux et l’atmosphère de travail, de la proximité entre l’opérateur et cette surface, etc. ;
- par contact cutané : lorsque les fumées de bitume se condensent sur leur peau, leurs vêtements ou les équipements de travail, les opérateurs peuvent également être exposés. Le contact avec les outils et les vêtements salis par le bitume et ses dérivés est donc exposant. L’exposition cutanée peut aussi découler de l’utilisation de solvants : lorsque ces derniers se déposent sur la peau, ils sont susceptibles d’accentuer la pénétration cutanée d’autres polluants.
En savoir plus
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- Base de données Métropol : Fumées de bitume
- Évaluation des risques sanitaires liés à l’utilisation professionnelle des produits bitumineux et de leurs additifs