Prévention
La prévention des risques biologiques consiste à rompre la chaîne de transmission le plus en amont possible, en agissant prioritairement sur le réservoir. Les mesures d’organisation du travail, de protection collective et individuelle peuvent être complémentaires. Ces mesures de prévention doivent être adaptées à l’activité professionnelle considérée, en fonction de l’évaluation des risques réalisée au préalable. Elles doivent être accompagnées par l’information et la formation du personnel.
La prévention des risques biologiques consiste à trouver des solutions pour rompre la chaîne de transmission en agissant à différents niveaux :
- le réservoir ;
- les expositions du salarié ;
- le salarié potentiellement exposé.
Ces mesures doivent être adaptées en fonction du secteur professionnel et des agents biologiques en cause.
Agir sur le réservoir
Empêcher la constitution d’un réservoir
- Nettoyer1 régulièrement les postes de travail.
- En élevage, vacciner les animaux, dépister et traiter en cas de maladie (par exemple chez les animaux de parcs zoologiques).
- Ventiler les locaux de travail pour réduire l’humidité et limiter la prolifération de moisissures.
- Effectuer un entretien adapté des tours aéroréfrigérantes.
Détruire le réservoir
- Détruire un élevage de volailles atteintes par la grippe aviaire.
- Lutter contre l’intrusion des insectes et des rongeurs susceptibles de diffuser des agents pathogènes.
- Désinfecter certaines surfaces pour réduire le nombre de micro-organismes présents.
Substituer les agents biologiques dangereux
En biotechnologie, substituer un agent biologique pathogène par un agent biologique dont la pathogénicité a été atténuée voire supprimée.
Agir sur l’exposition pour éviter la transmission
Substituer les procédés exposants
Les procédés exposants sont remplacés par d'autres pas ou peu exposants (les jets d’eau à haute pression sont remplacés par des aspirateurs ou des balais humides).
Confiner les procédés exposants
- En laboratoire de microbiologie, travailler sous un poste de sécurité microbiologique (PSM) adapté.
- Capoter les machines utilisant les fluides de coupe (ou les filtres presses dans les stations d’épuration).
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Confiner les déchets à risques infectieux ( Dasri2) dans des emballages spécifiques, éliminés dans la filière Dasri.2https://www.inrs.fr/metiers/environnement/filieres-dechets/dasri.html
Limiter l’exposition des salariés
- À l’hôpital, isoler un malade contagieux (selon le mode de transmission en cause).
- Améliorer la ventilation générale des locaux de travail3 et en assurer les opérations de maintenance préventive, afin de réduire le risque de transmission par voie aérienne.
- Séparer les zones non contaminées (locaux administratifs, salle de restauration…) et les zones contaminées.
- Mettre à disposition les moyens d’hygiène nécessaires (vestiaires séparés pour les vêtements de ville et les vêtements de travail, installations sanitaires, moyens d'hygiène des mains et du visage…). Toutes les facilités d’accès à des installations sanitaires propres et en bon état, y compris sur les chantiers mobiles et dans les véhicules, doivent être mises en place.
Agir au niveau du salarié
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Fournir les équipements de protection individuelle adaptés4 tels que gants, vêtements de protection, lunettes-masques, appareils de protection respiratoire5.4https://www.inrs.fr/risques/equipements-protection-individuelle.html5https://www.inrs.fr/risques/biologiques/faq-masque-protection-respiratoire.html
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Former le personnel à leur utilisation.
- Faire connaître les mesures d’hygiène individuelle. Elles sont indispensables pour prévenir la transmission des agents biologiques par contact ou ingestion et protéger son environnement professionnel et familial. Le lavage des mains avec du savon suffit à tuer la plupart des micro-organismes, comme le virus de la grippe. Les solutions hydroalcooliques peuvent être utilisées à la place de l’eau et du savon, uniquement sur des mains propres.
- Assurer le nettoyage des vêtements de travail. Quand l’employeur confie ce nettoyage à une entreprise extérieure, il l’avertit du danger que ces vêtements peuvent présenter.
- En complément, proposer après avis du médecin du travail, si nécessaire, une ou plusieurs vaccinations, en sachant qu’il n’existe qu’un nombre limité de vaccins disponibles au regard de la diversité et du nombre d’agents biologiques existants. Il est important d’être bien conscient de la place mais aussi des limites de la vaccination en tant que moyen de prévention des risques professionnels.
Mesures d’hygiène individuelle
- Ne pas boire, mange, fumer ou vapoter sur les lieux de travail.
- Ne pas entreposer d’aliments, de boissons, de médicaments ou de tabac dans les locaux où un risque biologique a été identifié.
- Se laver les mains avant de manger, boire ou fumer, avant et après être allé aux toilettes, après tout contact potentiellement contaminant, notamment après le retrait des EPI.
- Ne pas porter les mains ou un objet (stylo par exemple) à la bouche ou aux yeux.
- En cas de piqûre, morsure ou coupure, laver immédiatement la plaie avec de l’eau potable et du savon puis désinfecter.
- Protéger toute plaie avec un pansement imperméable.
- Ranger les vêtements de travail séparément des vêtements de ville.
- Dans certains secteurs, prendre une douche après le travail.
- Se changer avant de quitter le travail.
Place et limites de la vaccination dans la prévention du risque biologique en milieu professionnel
La vaccination consiste à stimuler les défenses immunitaires d’un individu vis-à-vis d’un agent biologique. Elle ne peut en aucun cas se substituer à la mise en place des mesures de prévention des risques biologiques : elle vient seulement les compléter. Être vacciné contre un ou plusieurs agents biologiques ne dispense pas du respect des règles de sécurité mises en place.
Les vaccinations obligatoires
Seul le Code de la santé publique rend obligatoire certaines vaccinations telles que diphtérie, tétanos, polio et hépatite B pour certains professionnels exposés « ou exposant les personnes dont ils ont la charge » (art. L. 3111-4) : le médecin du travail apprécie individuellement l’exposition au risque de contamination des personnels concernés, en fonction des caractéristiques du poste occupé et évalue, au cas par cas, l’indication de l’obligation vaccinale.
Pour les professionnels exerçant en établissements de soins ou de prévention, il existe une liste de ces établissements (cf. arrêté du 15/03/91 modifié). Les personnels visés par cette obligation sont exclusivement ceux exerçant une activité les exposant à des agents biologiques dans ces établissements.
Les élèves et étudiants de certaines filières de formation sont aussi concernés (professions médicales et paramédicales). Une attestation médicale de vaccination et d’immunisation est demandée lors de l’admission dans ces filières (liste des formations concernées : arrêté du 06/03/07 modifié).
Depuis le décret du 16 décembre 2016, les thanatopracteurs en formation et en exercice sont également concernés par l’obligation de vaccination contre l’hépatite B (art. L. 3111-4-1 du Code de santé publique).
Les personnels des établissements et services sanitaires et médico-sociaux ont une obligation de vaccination contre la Covid-19 (art. 12 de la loi n° 2021-1040 du 5 août 2021 modifiée).
Si l’obligation vaccinale n’est pas respectée par le salarié, cela peut entraîner un changement d’affectation, voire la rupture du contrat de travail en cas d’impossibilité d’affectation sur un poste non exposé.
Les vaccinations recommandées
Par ailleurs, le Code du travail (art. R. 4426-6) précise que, sur proposition du médecin du travail, l’employeur peut recommander une vaccination.
Ces vaccinations seront toujours proposées selon les recommandations en vigueur (calendrier vaccinal 2022, site https://vaccination-info-service.fr) en complément des mesures de protection collective et individuelle.
Dans le cadre d’une épidémie, les services de prévention et de santé au travail peuvent participer à la mise en œuvre de la politique vaccinale (art. L. 4622-2), par exemple grippe saisonnière, Covid-19.
Dans tous les cas, les frais inhérents aux vaccinations en lien avec l’activité professionnelle sont à la charge de l'employeur (article R. 4426-6 du Code du travail).
Aucune vaccination ne peut être pratiquée sans l’accord explicite du travailleur. Après information par le médecin du travail sur les risques encourus au poste de travail, sur les avantages et les limites de la vaccination et sur ses éventuels effets secondaires, le salarié conserve le libre choix d’être vacciné ou pas, ainsi que le choix du médecin qui va procéder à la vaccination (médecin traitant, médecin du travail…).
Exemples de mesures de prévention des allergies et des risques toxiniques dans un centre de tri d’ordures ménagères
Dans un centre de tri des déchets ménagers, il est procédé au tri des bouteilles en plastique, des canettes métalliques, des briques de lait et de jus de fruits… Il arrive que certains travailleurs souffrent de gêne respiratoire due à des bactéries, des moisissures ayant une action irritante ou allergisante. Ces agents biologiques prolifèrent généralement sur des restes alimentaires, surtout quand la température ambiante est élevée. Toutes les manipulations des déchets (déchargement à l’arrivée, chargement du convoyeur, tri manuel…) provoquent l’émission de poussières contaminées par des agents biologiques. Ces poussières sont transportées par l’air jusqu’aux voies respiratoires des travailleurs du centre de tri.
Maladie |
Niveau d’action | ||
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Agir sur la source de l’infection Réservoir = déchets à trier |
Limitation du développement des agents biologiques par des mesures d’organisation du travail (augmenter la fréquence des collectes, réduire le temps de stockage des déchets…) et par un nettoyage régulier des locaux |
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Agir sur le mode de transmission Transmission aérienne |
Manutention des déchets au moyen d’une chargeuse équipée d’une cabine fermée, munie d’un dispositif de ventilation et de filtration Capotage des convoyeurs et captage des poussières Ventilation adaptée de la cabine de tri manuel |
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Agir au niveau du salarié potentiellement exposé |
Si les mesures de ventilation ou de captage à la source ne suffisent pas à protéger les travailleurs, port d’un appareil de protection respiratoire |
Information et formation du personnel
La prévention passe également par une information des salariés sur les risques encourus à leur poste et par la formation quant à la façon de se protéger (hygiène, protection collective et individuelle).
Il est important d’élaborer avec le médecin du travail une conduite à tenir en cas d’exposition accidentelle à des agents biologiques6.6https://www.inrs.fr/publications/bdd/eficatt.html
Rôle spécifique de certains acteurs
Les entreprises peuvent s’appuyer sur les services de santé au travail et sur les services de prévention des Carsat, Cramif et CGSS pour élaborer une démarche de prévention adaptée aux risques biologiques en milieu professionnel.
Pour certains secteurs d’activité (élevages, abattoirs, parcs zoologiques…), il peut être également utile d’associer le vétérinaire de l’établissement ou la direction départementale des services vétérinaires. Pour les milieux de soins, il est recommandé d’associer les hygiénistes et les centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CCLIN).
Pour en savoir plus
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Brochures
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Brochure 04/2019 | ED 6034
Les risques biologiques en milieu professionnel
Cette brochure a pour objectif d'inciter l'ensemble des préventeurs à intégrer de façon systématique l'évaluation des risques biologiques dans leur démarche générale de prévention des risques en entreprise. 7 7https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206034
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Brochure 12/2022 | ED 6495
Les risques biologiques concernent de multiples activités. Cette brochure vous donne les clés pour construire une démarche de prévention des risques professionnels. 8 8https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206495
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Brochure 07/2012 | ED 6131
Les risques biologiques liés aux techniques de génie génétique en laboratoire
Ce guide a pour objectif d'aider à mieux comprendre et évaluer les risques biologiques liés à la construction et la manipulation des OGM en laboratoire 9 9https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206131
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Brochure 02/2024 | ED 6048
Laboratoires d'analyses de biologie médicale
Cette brochure propose des outils d'évaluation et des mesures de prévention des risques biologiques adaptées aux différentes situations de travail rencontrées dans les laboratoires. 10 10https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206048
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Brochure 05/2018 | ED 999
Conception des laboratoires d'analyses biologiques
Ce guide a pour but d'aider les personnes chargées de la conception ou de la rénovation d'un laboratoire d'analyses biologiques à réaliser leur projet dans le respect des mesures de prévention des risques, plus particulièrement des risques biologiques. 11 11https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%20999
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Brochure 04/2013 | ED 6152
Station d'épuration des eaux usées
Guide pour l'analyse des risques biologiques présents en stations d'épuration (bactéries, moisissures, virus, parasites, toxines) ; démarche de prévention 12 12https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206152
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Brochure 01/2020 | ED 6347
Nettoyage des locaux de travail. Que faire ?
Les surfaces mal entretenues, comme les plans de travail, les sols et les murs peuvent favoriser le développement de micro-organismes. Ce document explique la stratégie à suivre pour entretenir correctement ces surfaces, en respectant les mesures de prévention des risques professionnels. 13 13https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206347
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Brochure 05/2018 | ED 6299
Surfaces contaminées par des moisissures : Que faire ?
Lorsque les moisissures ont colonisé un local, il est important de suivre une stratégie de lutte raisonnée : supprimer les causes de la prolifération des moisissures, en agissant notamment sur l'humidité du local ; nettoyer/désinfecter les surfaces en respectant des mesures de sécurité particulières et, en dernier lieu, assurer le bon entretien du bâtiment. 14 14https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206299
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Brochure 04/2020 | ED 6106
Les appareils de protection respiratoire
Ce guide s'adresse à toute personne qui, en situation de travail, doit procéder au choix d'un appareil de protection respiratoire pour une situation de travail où il existe un risque d'altération de la santé. Il propose une description détaillée des différents types de matériels puis une méthode d'aide au choix de l'appareil le plus adapté à une situation de travail donnée. 15 15https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206106
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Fiche 09/2019 | ED 98
Les appareils de protection respiratoire
Cette fiche présente de manière synthétique et illustrée les différents types d'appareil de protection respiratoire. 16 16https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%2098
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Fiche 07/2019 | ED 146
Appareils de protection respiratoire et risques biologiques
Cette fiche indique les critères de choix et les conditions d'utilisation des appareils de protection respiratoire (APR). 17 17https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%20146
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Fiche 07/2018 | ED 58
Produits d'hygiène cutanée à usage professionnel
Cette fiche présente les caractéristiques et les conditions d'utilisation des produits les plus fréquemment utilisés au poste de travail pour l'hygiène corporelle. 18 18https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%2058
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Dépliants
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Vidéos
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Affiches et autocollants