Pathologie - Toxicologie
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Toxicocinétique - Métabolisme [18]
Par inhalation, l’aldéhyde formique est facilement absorbé dans les voies aériennes supérieures. Il est rapidement métabolisé en formiate et dioxyde de carbone et peut être incorporé dans le métabolisme normal. Au site de contact, il peut également réagir avec les protéines et l’ADN et former des liaisons covalentes ADN-protéines. À des doses modérées, il ne semble pas atteindre la circulation systémique. Du fait de sa grande réactivité avec les macromolécules biologiques, l’aldéhyde formique est principalement retenu au site de premier contact avec l’organisme, ce qui limite sa distribution systémique.
Chez l'animal
Absorption
Du fait de sa grande réactivité avec les macromolécules biologiques, l’aldéhyde formique est principalement retenu au site de premier contact avec l’organisme, ce qui limite son passage systémique. Les niveaux sanguins mesurés avant et après exposition (rat, 15 ppm pendant 2 heures) sont similaires [20].
Plus de 90 % de la dose inhalée est retenue dans les voies nasales chez le rat, compte tenu de la respiration exclusivement nasale des rongeurs.
Par voie orale, 90 % de la dose initiale est retrouvée dans le tube digestif chez le rat et la souris [21].
Suite à l’application cutanée chez le rat de 200 mg d’une crème contenant 0,1 % d'aldéhyde formique radiomarqué pendant 48 heures, des taux d’absorption de 6,1 % (chez les mâles) et de 9,2 % (chez les femelles) ont été mesurés avec des pansements non occlusifs ; en condition occlusive, réalisée uniquement chez les mâles, un taux de 3,4 % a été déterminé (inhalation probable du formaldéhyde lors de l’application non occlusive, augmentant ainsi l’absorption). Dans les 2 cas, 70 % de la radioactivité est retrouvée au site d’application [22].
L’aldéhyde formique est une substance endogène naturellement présente chez l’homme à une concentration sanguine d’environ 2,7 mg/L.
Il est rapidement absorbé par voie respiratoire, digestive et plus faiblement par voie percutanée (319 μg/cm2/h in vitro après application d’une solution à 37 % sur de la peau humaine). Plus de 90 % de la dose inhalée sont retenus dans les voies nasales chez le rat. Chez le singe, l’absorption se produit principalement dans les voies aériennes supérieures mais également dans la trachée et les bronches principales.
Chez le rat, la distribution de la radioactivité après inhalation d’aldéhyde formique marqué (15 ppm, 6 h) se fait principalement dans l’oesophage, les reins, le foie, les intestins et les poumons.
En fait, ce n’est pas l’aldéhyde formique lui-même qui est distribué, mais ses métabolites ou les produits de sa réaction avec diverses substances nucléophiles. En effet, dès les muqueuses respiratoires, il est rapidement oxydé en formiate et en dioxyde de carbone par divers systèmes enzymatiques largement distribués et nécessitant notamment la présence de glutathion. Le formiate est alors également incorporé dans les biosynthèses métaboliques.
Par ailleurs, en raison de sa forte réactivité, l’aldéhyde formique peut se lier de manière covalente avec les substances nucléophiles présentes au niveau des revêtements superficiels (mucus, protéines et acides nucléiques des épithéliums…) et former des adduits et des ponts ADN-protéines.
Après injection intraveineuse chez le rat, la demi-vie plasmatique de l’aldéhyde inchangé est donc très brève (environ 1 min 30).
Après inhalation de doses faibles ou modérées, une quantité d’aldéhyde formique négligeable est donc attendue en systémique [11] et aucune augmentation de la concentration sanguine normale n’a effectivement été montrée chez le rat (15 ppm pendant 2 heures), le singe (6 ppm, 6 h/jour, 5 j/semaine pendant 4 semaines) et l’homme (1,9 ppm pendant 40 minutes). Néanmoins, les lésions caustiques au site de contact peuvent favoriser le passage systémique.
L’élimination de l’aldéhyde formique se fait principalement par expiration sous forme de CO2 (40 %) et par excrétion urinaire de formiate (17 %) chez le rat après inhalation. Une grande partie (35-39 %) reste dans les tissus en raison de son incorporation dans le cycle du carbone.
Distribution
Chez le rat, la distribution de la radioactivité après inhalation d’aldéhyde formique marqué (15 ppm ou 18 mg/m3, 6 h) se fait principalement dans l’œsophage et la trachée, et dans une moindre mesure, dans les reins, le foie, les intestins et les poumons [18].
En fait, ce n’est pas l’aldéhyde formique lui-même qui est distribué, mais ses métabolites ou les produits de sa réaction avec diverses substances nucléophiles. Aucune augmentation de la concentration sanguine en aldéhyde formique n’est observée ; sa demi-vie sanguine a été estimée entre 1 et 1,5 min [23].
Chez la souris, l’aldéhyde formique traverse la barrière placentaire et est retrouvé dans les tissus fœtaux, en quantité supérieure à celle présente chez les mères (surtout dans le foie et le cerveau) [9, 24].
Métabolisme
Le métabolisme de l’aldéhyde formique est similaire chez tous les mammifères et sera détaillé chez l’Homme : il est rapidement métabolisé en formiate et dioxyde de carbone.
Schéma métabolique
Figure 1 : Proposition de métabolisme de l’aldéhyde formique chez les mammifères (d’après [27, 29])
Excrétion
L’élimination de l’aldéhyde formique se fait principalement par expiration sous forme de CO2 (40 %) et par excrétion urinaire de formiate (17 %) chez le rat après inhalation (exposition à 0,63 ou 13,1 ppm, pendant 6 heures) ; dans les fèces, seulement 4 à 5 % ont été retrouvés sous forme inchangée [20]. Une grande partie (35-39 %) de l'aldéhyde formique reste dans les tissus en raison de son incorporation dans le cycle du carbone. Les taux d’élimination par les 3 voies (orale, inhalatoire, cutanée) sont du même ordre, quelle que soit la concentration d’exposition en aldéhyde formique [25].
Chez l'Homme
Comme chez l’animal, l’aldéhyde formique est une substance endogène naturellement présente chez l’Homme avec une concentration sanguine comprise entre 2 et 3 mg/L [19].
Absorption
Du fait de sa grande réactivité avec les macromolécules biologiques, l’aldéhyde formique est principalement retenu au site du premier contact avec l’organisme, ce qui limite sa distribution systémique.
Comme chez l’animal, les niveaux sanguins mesurés avant et après une exposition par inhalation (1,9 ppm pendant 40 min) sont similaires [20]. L’Homme ayant une respiration oronasale, l’absorption se produit principalement dans les voies aériennes supérieures mais également dans les muqueuses orales, dans la trachée et dans les bronches principales [18].
Par voie percutanée, des flux d’absorption de 319 et 16,7 μg/cm2/h ont été mesurés in vitro sur de la peau humaine, après application respectivement de solutions à 37 % (formaline) et 10 % (dans du tampon phosphate) [26].
Distribution
Comme chez l’animal, ce n’est pas l’aldéhyde formique lui-même qui est distribué dans l’organisme mais ses métabolites ou les produits de sa réaction avec diverses substances nucléophiles.
Métabolisme
Dès le site de contact, il est rapidement métabolisé en formiate puis en dioxyde de carbone par divers systèmes enzymatiques largement distribués et nécessitant notamment la présence de glutathion (Cf schéma métabolique). L'aldéhyde formique réagit rapidement avec le glutathion (GSH) pour former dans une première étape l’hydroxyméthylglutathion, ultérieurement oxydé par l'aldéhyde formique déshydrogénase (FDH) en S-formylglutathion. L’hydrolyse de ce composé libère du glutathion et un ion formiate (HCOO-), soit excrété dans les urines, soit oxydé en CO2 éliminé surtout au niveau pulmonaire ou intégré dans le pool des composés en C1 via la voie dépendante du tétrahydrofolate [19, 27].
Quand il n’est pas métabolisé, l'aldéhyde formique peut, en raison de sa forte réactivité avec les groupements fonctionnels des molécules, se lier de manière covalente avec les sites nucléophiles des protéines, des petites et moyennes molécules et de l’ADN [27].
Excrétion
Le profil d’élimination est similaire à celui des rongeurs avec une élimination principalement par expiration sous forme de CO2 et par excrétion urinaire sous forme de formiate [18].
Après injection intraveineuse, la demi-vie plasmatique de l’aldéhyde formique est très brève (environ 1 minute).
Surveillance Biologique de l'exposition
Le dosage de l’acide formique urinaire en fin de poste de travail a été proposé pour la surveillance biologique de sujets exposés à de fortes expositions à l'aldéhyde formique mais ce paramètre est non spécifique, peu sensible, soumis à de larges variations individuelles. De plus, sa corrélation avec l’intensité de l’exposition est médiocre. Son intérêt dans la surveillance biologique de salariés professionnellement exposés est limité.
Pour ce paramètre, il n’existe pas de valeur biologique d’interprétation pour la population professionnellement exposée.
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Toxicité expérimentale
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Toxicité sur l’Homme