Recommandations
En raison de sa tendance à former des peroxydes explosifs, des mesures particulières de prévention et de protection s’imposent lors du stockage et de la manipulation du tétrahydronaphtalène [18].
Au point de vue technique
Stockage
- Stocker le tétrahydronaphtalène dans des locaux frais, bien ventilés, à l’abri des rayons du soleil et de toute source d’ignition ou de chaleur (flammes, étincelles...), à l’écart des produits oxydants. Le sol des locaux sera incombustible, imperméable et formera cuvette de rétention, afin qu’en cas de déversement accidentel le liquide ne puisse se répandre au-dehors.
- Afin d’éviter la formation de peroxydes, le tétrahydronaphtalène sera également conservé à l’abri de l’air et de la lumière, de préférence sous gaz inerte. Les récipients seront soigneusement fermés et parfaitement remplis. Pour les cuves et réservoirs en cours de vidange, il est bon de prévoir l’arrivée d’une quantité de gaz inerte correspondant au volume du liquide soutiré.
- Mettre le matériel électrique en conformité avec la réglementation en vigueur.
- Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter correctement. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement des emballages.
Manipulation
Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont applicables aux ateliers où est utilisé le tétrahydronaphtalène.
En outre :
- Instruire le personnel des risques présentés par le produit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d’accident.
- Éviter l’inhalation de vapeurs ou de brouillards. Effectuer en appareil clos (équipé d’un système de condensation) toutes opérations industrielles. Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour certains travaux de courte durée, à caractère exceptionnel ou pour des interventions d’urgence.
- Avant toute manipulation de tétrahydronaphtalène, en particulier avant distillation, vérifier la présence de peroxydes (par exemple, à l’aide d’un kit commercial et de bandelettes de recherche des peroxydes). S’il y a lieu, les éliminer en prenant toutes les précautions nécessaires lors de la manipulation du contenant et de son contenu (éviter les chocs et les frictions). Ne jamais distiller à sec du tétrahydronaphtalène [18].
- Éviter le contact du produit avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du personnel des vêtements de protection, des masques, des gants (par exemple, en caoutchouc fluoré ou Viton) et des lunettes de sécurité. Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage.
- Prévoir l’installation de douches et de fontaines oculaires.
- Ne pas fumer, boire et manger dans les ateliers.
- Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du tétrahydronaphtalène sans prendre les précautions d’usage [19].
- En cas de fuite ou de déversement accidentel, récupérer immédiatement le produit après l’avoir recouvert de matériau absorbant inerte. Laver ensuite à grande eau la surface souillée.
Si le déversement est important, supprimer toute source potentielle d’ignition, aérer la zone, évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entraînés munis d’un équipement de protection approprié.
- Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le tétrahydronaphtalène.
- Conserver les déchets dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation.
Au point de vue médical
- À l’embauche et au cours des visites périodiques, l’examen clinique comportera, entre autres, un examen soigneux de la peau. On évitera d’exposer au tétrahydronaphtalène les personnes souffrant d’une dermatose étendue ou d’une atteinte hépatique ou rénale sévère ou évolutive.
- Lors des examens périodiques, on recherchera des signes cliniques d’intolérance au produit, notamment cutanée, respiratoire, hépatique et/ou rénale. Cet examen clinique sera utilement complété chez les sujets exposés au tétrahydronaphtalène par des examens complémentaires à la recherche d’une atteinte hépatique ou rénale; la fréquence de ces examens sera appréciée par le médecin du travail en fonction de l’importance de l’exposition.
- Lors d’accidents aigus, demander dans tous les cas l’avis d’un médecin ou du centre antipoison régional ou des services de secours médicalisés d’urgence.
- En cas de contact cutané ou muqueux, laver la peau à grande eau, immédiatement et pendant quinze minutes au moins ; retirer en même temps les vêtements souillés ou suspectés de l’être, qui ne seront réutilisés qu’après avoir été décontaminés. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
- En cas de projection oculaire, laver immédiatement et abondamment à l’eau pendant quinze minutes au moins, paupières bien écartées. Une consultation ophtalmologique sera indispensable s’il apparaît une douleur, une rougeur oculaire ou une gêne visuelle.
- En cas d’ingestion, ne pas provoquer de vomissements et ne pas faire ingérer de liquides.
- En cas d’inhalation, retirer le sujet de la zone polluée après avoir pris toutes les précautions nécessaires pour les intervenants.
- Dans les deux derniers cas, si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité; en cas d’arrêt respiratoire, commencer les manœuvres de ventilation assistée et la transférer par ambulance médicalisée, en milieu hospitalier.