Biotox 4,4'-Méthylène bis (2-chloroaniline)

MOCA totale urinaire < 0,5 µmol/mol de créatinine (< 1,2 µg/g. de créatinine) en fin de poste et fin de semaine (valeur BGV, RAC ECHA, 2017)

MOCA urinaire (après hydrolyse) < 1 µg/L en fin de poste (valeur de référence dans la population en âge de travailler non professionnellement exposée (valeur BAR, 2012)

Toxicocinétique - Métabolisme

Il existe une mention de l'ACGIH, de la DFG et du RAC (ECHA) signalant le risque de passage percutané.

La MOCA est absorbée principalement par voies cutanée et respiratoire (absorption non quantifiée) dans un rapport de 5 à 1 environ.

Quatre-vingt-dix pour cent de la quantité absorbée sont métabolisés par le cytochrome P450 en intermédiaires réactifs. La N-hydroxy-MOCA est le principal métabolite toxique susceptible de se lier avec l'ADN et/ou les protéines pour former des adduits. La N-hydroxy-MOCA subit principalement une glucuronidation avec formation de N,N'-diglucuronide MOCA et une acétylation avec formation de N,N'-diacétyl MOCA.

Moins de 1 % de la quantité absorbée est éliminé dans les urines sous forme libre ; la MOCA est surtout éliminée sous formes glucuroconjuguée et acétylée ; les niveaux de MOCA sous forme glucuroconjuguée sont 2 à 3 fois plus élevés que ceux de la MOCA sous la forme libre tandis que la MOCA sous forme N-acétylée représente 10 % de la MOCA éliminée dans les urines. Après une exposition aiguë à de fortes concentrations, le pic d'excrétion urinaire de la MOCA apparaît 4 heures après la fin de l'exposition et la demi-vie d'élimination est d'environ 23 heures.

Indicateurs biologiques d'exposition

Le dosage de la MOCA totale (libre + conjuguée, avec hydrolyse) dans les urines, en fin de poste et fin de semaine de travail, est un indicateur très utile pour la surveillance des sujets exposés en raison de la forte pénétration cutanée du produit. Le prélèvement fait en fin de semaine est le reflet de l'exposition de la semaine.

Etant donné que la MOCA est un cancérogène génotoxique sans seuil d'effet, le RAC (ECHA) estime qu'aucune BLV (Biological limit value) basée sur des effets sur la santé ne peut être recommandée. La population générale n'étant pas exposée à la MOCA, cette dernière n'est pas détectée dans les urines de sujets non exposés professionnellement. Ainsi, une BGV (Biological guidance value) est proposée, correspondant à la limite de détection des méthodes analytiques couramment utilisées, soit généralement 0,5 µmol/mol de créatinine (1,2 µg/g. de créatinine) ou inférieure.

Le BEI de l'ACGIH est accompagné d'une notation "Nq" (non quantitative) (voir "Questions-réponses" en page d'accueil). L'ACGIH considère que des taux de MOCA urinaires supérieurs à 1 µg/L témoignent d'une exposition à la MOCA, mais qu'il est impossible de fixer une valeur basée sur une relation avec l'exposition ou avec les effets.

Une étude menée en Finlande entre 2000 et 2008 chez des salariés exposés à la MOCA lors de la fabrication de mousse de polyuréthane (49 dosages) retrouve des concentrations de MOCA totale (hydrolyse alcaline) urinaire en fin de poste de travail inférieures à 3,4 µmol/mol de créatinine (soit environ 12 µg/L) (95^ème percentile).

Une concentration de 15 µmol/mol de créatinine de MOCA totale (sans acide, hydrolyse douce) (35 µg/g. de créatinine) dans les urines en fin de poste a été proposée comme Biological monitoring guidance value (BMGV) par le HSE (Health and Safety Executive) en 1997.

D'après les données biométrologiques du HSL (364 prélèvements de 2012 à 2015), le 90^ème percentile des valeurs de MOCA urinaire (moment non précisé) est de 7,2 µmol/mol de créatinine (soit environ 24 µg/L ou 17 µg/g. de créatinine) chez des sujets professionnellement exposés. Une étude anglaise chez les sujets de la fabrication de polyuréthane, pour lesquels les conditions de travail sont jugées bonnes ("good working practice"), retrouve des concentrations urinaires de MOCA totale en fin de poste de travail inférieures à 5 µmol/mol de créatinine avec un 90^ème percentile à 3 µmol/mol de créatinine (soit environ 10 µg/L ou 7 µg/g. de créatinine).

Dans une étude australienne réalisée chez 24 salariés de la fabrication de polyuréthane exposés au MOCA, la voie d'exposition cutanée semble prépondérante : la concentration atmosphérique moyenne de MOCA est de 0,08 µg/m³ (VLEP-8h indicative de 220 µg/m³), les prélèvements surfaciques montrent une contamination importante des locaux par la MOCA, la concentration urinaire de MOCA totale en fin de poste est de 0,89 µmol/mol de créatinine en moyenne (soit 2,1 µg/g. de créatinine ou environ 2,9 µg/L) et dépasse 15 µmol/mol de créatinine (soit 35,4 µg/g. de créatinine ou environ 50 µg/L) chez 3 sujets sur les 24. 

Le dosage des adduits de la MOCA à l'hémoglobine a été proposé pour la surveillance biologique des expositions. Il permet d'apprécier les expositions des semaines précédentes mais n'est pas utilisé en pratique courante.

Interférences - Interprétation

Des variations inter et intra-individuelles sont à prendre en compte dans l'interprétation des résultats du dosage de la MOCA (hygiène au poste de travail, différence de métabolisme).

On se méfiera d'une contamination de l'échantillon.

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