Généralités sur la substance
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Nom de la substance
Cadmium et composés minéraux -
Famille chimique
Métaux -
Numéro CAS
7440-43-9 -
Composé(s)
- Chlorure de cadmium (10108-64-2)
- Dinitrate de cadmium (10325-94-7)
- Oxyde de cadmium (1306-19-0)
- Sulfate de cadmium (10124-36-4)
- Sulfure de cadmium (1306-23-6)
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Fiche(s) toxicologique(s)
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Fiche(s) VLEP
Mention "peau" signalant la possibilité de pénétration cutanée importante proposée par la DFG
Renseignements utiles pour le dosage Cadmium urinaire
Valeurs biologiques d'interprétation (VBI) issues de la population générale adulte
Cadmium urinaire : 0,8 µg/g de créatinine pour les non-fumeurs (1 µg/g de créatinine pour les fumeurs) (VBR Anses, 2018) [Anses 2018]
Cadmium urinaire : 0,8 µg/L pour les non-fumeurs : valeur de référence dans la population en âge de travailler non professionnellement exposée (valeur BAR, DFG, 2010) [G1]
Cadmium urinaire : 0,8 µg/g de créatinine (0,83 µg/L) pour les non-fumeurs et 1 µg/g de créatinine (1 µg/L) pour les fumeurs (95ème percentile chez les adultes de la population générale 18-74 ans), étude ENNS 2006-2007 [Fréry N et al., 2011 ]
Cadmium urinaire : 1,9 µg/g de créatinine (1,2 µg/L) pour les non-fumeurs et 3 µg/g de créatinine (1,7 µg/L) pour les fumeurs (95ème percentile chez les adultes de la population générale âgés de 18 à 74 ans), étude Esteban 2014-2016 [Oleko et al., 2021]
Cadmium urinaire : 0,8 µg/g de créatinine (0,9 µg/L) pour les non-fumeurs et 1,3 µg/g de créatinine (1,5 µg/L) pour les fumeurs (95ème percentile chez les adultes de plus de 20 ans), NHANES 2015-2016) [G3]
Cadmium urinaire : 1 µg/L (HBM-I allemande) [Schulz et al., 2011]
Valeurs biologiques d'interprétation (VBI) pour le milieu de travail
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VBI françaises (VLB règlementaire, VLB ANSES)
Cadmium urinaire : 2 µg/g de créatinine (Valeur limite biologique réglementaire, article R.4412-149 du Code du travail) (Voir Renseignements utiles pour le choix d'un indicateur biologique d'exposition)
Cadmium urinaire : 5 µg/g de créatinine (VLB Anses, 2018) (Voir Renseignements utiles pour le choix d'un indicateur biologique d'exposition) [Anses, 2018]
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VBI européennes (BLV)
Cadmium urinaire : 2 µg/g de créatinine (SCOEL, 2010) [SCOEL, 2010]
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VBI américaines de l'ACGIH (BEI)
Cadmium urinaire : 5 µg/g de créatinine (ACGIH, 2001) [G2]
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VBI allemandes de la DFG (BAT, EKA, BLW)
Cadmium urinaire : 2 µg/g de créatinine, moment de prélèvement indifférent (valeur BLW, DFG 2024) (voir aussi "Renseignements utiles pour le choix d'un IBE") [G1]
Moment du prélèvement
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Dans la journée
indifférent -
Dans la semaine
indifférent (ou lundi matin)
Facteur de conversion
- 1 µmol/L = 112 µg/L
Coût du dosage
- ICP-MS : de 18 € à 81 €, prix moyen 33,66 €
Laboratoires effectuant ce dosage
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Laboratoires par région
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Spécificités
Renseignements utiles pour le choix d'un indice biologique d'exposition
Toxicocinétique - Métabolisme
L'absorption de cadmium dépend de la spéciation (ou espèce chimique), de la solubilité du composé dans le milieu biologique considéré, ainsi que de la granulométrie du composé. Pour l'oxyde de cadmium, l'absorption respiratoire varie de 40 à 60 %. L'absorption digestive des composés du cadmium est faible, de l'ordre de 5 %. L'absorption percutanée est négligeable (0,5 % environ).
Dans le sang, le cadmium est principalement érythrocytaire ; dans le plasma, il est en grande partie lié aux protéines (albumine, métallothionéines).
Dans les tissus, le cadmium se lie à l'albumine, aux érythrocytes ou aux métallothionéines (MT) (protéines de faible poids moléculaire) dont la synthèse est stimulée par le cadmium lui-même mais aussi le zinc, le cuivre, le mercure. La demi-vie sanguine du cadmium est de 80 à 100 jours environ. Le cadmium s'accumule principalement dans les reins (30 % de la charge corporelle de cadmium) et le foie, et pour une moindre part dans les os, les muscles et la peau ; du fait de ses longues demi-vies (4 à 19 ans dans le foie et 10 à 20 ans dans le rein), la charge corporelle de cadmium augmente graduellement avec l'âge. De plus, le cadmium serait relargué très lentement, entraînant des concentrations sanguines non négligeables longtemps après l'arrêt de l'exposition.
L'excrétion, faible et très lente, s'effectue essentiellement par voie urinaire et très faiblement par voie fécale (< 1 %) et par la sueur et la salive. Lorsque la fonction rénale est normale, le cadmium qui est filtré au niveau du glomérule est presque entièrement réabsorbé par les cellules épithéliales du tubule proximal ; peu ou pas de cadmium est alors excrété dans l'urine. Le cadmium est un toxique cumulatif ; son élimination est biphasique avec une 1ère demi-vie de 100 jours et une 2ème de 10 à 40 ans. En absence de dommages rénaux, le cadmium excrété par les reins ne représente qu'une petite portion de la quantité totale de cadmium accumulée dans l'organisme.
Indicateurs biologiques d'exposition
Le cadmium urinaire, quelque soit le moment du prélèvement, est le premier indicateur à utiliser dans la gestion du risque à long terme car il reflète surtout l'exposition chronique et la charge corporelle, tant que la fonction rénale est normale et le site de stockage non saturé. Lorsque la charge corporelle en cadmium est suffisamment importante et/ou l'atteinte rénale commence à s'exprimer, l'excrétion urinaire du cadmium augmente significativement. A des niveaux d'exposition très élevés, la concentration urinaire reflète davantage l'exposition récente que la charge corporelle (effet de saturation). Une corrélation existe entre les taux de cadmium urinaire, l'intensité de l'exposition et le risque d'atteinte rénale, appréciée sur l'élévation des marqueurs d'atteinte tubulaire.
Une VLEP-8h réglementaire contraignante de 0,004 mg/m3 est fixée pour le cadmium et ses composés inorganiques, fraction inhalable (fraction alvéolaire si une surveillance biologique organisée par le médecin du travail permet de s'assurer du respect d'une valeur biologique maximale de 2 µg de cadmium/g de créatinine dans les urines) (Article R.4412-149 du Code du travail).
Une valeur limite biologique (VLB) pragmatique (basée sur la toxicité tubulaire) de 5 µg/g de créatinine a été proposée par l'Anses en 2018 pour le cadmium urinaire, ainsi qu'une valeur seuil de 2 µg/g de créatinine pour la mise en place d'un suivi périodique des marqueurs urinaires précoces de tubulopathie (RBP et ß2M) en comparant les résultats obtenus aux valeurs biologiques de référence (VBR) proposées pour ces deux marqueurs (250 µg/g de créatinine pour chacun des deux indicateurs, correspondant au 95ème percentile dans une population de témoins non professionnellement exposés). Les dosages urinaires de RBP et ß2M peuvent se faire à n'importe quel moment de la journée.
Une valeur biologique de référence (VBR) est également recommandée par l'Anses correspondant au 95ème percentile des concentrations de cadmium urinaire observées dans la population générale adulte dans l’étude française ENNS 2006-2007 [Fréry et al., 2011].
Le SCOEL propose une valeur limite biologique (BLV) à 2 µg/g de créatinine pour le cadmium urinaire en raison des effets rénaux susceptibles d'apparaître dans la population générale dès 2 µg/g de créatinine et de la longue demi-vie du cadmium.
La valeur BLW proposée par la Commission allemande DFG est également de 2 µg/g de créatinine, moment de prélèvement indifférent (valeur BLW fixée en l'absence de données suffisantes pour proposer une valeur BAT, voir document Signification des principales VBI).
La valeur BEI de l'ACGIH est également basée sur la relation avec les effets rénaux (effets tubulaires rénaux chez les professionnels exposés).
D'après les données biométrologiques du HSL (926 prélèvements de 2012 à 2015), le 90ème percentile des valeurs de cadmium urinaire est de 0,8 µmol/mol de créatinine (soit 0,8 µg/g. de créatinine) chez des sujets professionnellement exposés.
Le dosage du cadmium sanguin (sur sang total) est un indicateur de l'exposition récente au cadmium (des 3 à 6 mois précédents), de l'exposition par ingestion souvent non négligeable dans le cas des expositions professionnelles aux métaux et un indicateur de la vitesse d'augmentation de la charge corporelle en cadmium (ou de la mesure de l'évolution des concentrations dans le temps) ; il peut être utilisé comme signal d'alerte précoce dans le cadre du suivi médical des travailleurs et servir pour apprécier l'efficacité de la mise en place de mesures de prévention. Lors de la première année d'exposition ou quand l'exposition est fluctuante, le dosage sanguin est à privilégier ; il augmente pendant 4 mois puis se stabilise en plateau. Le tabagisme surtout et l'alimentation peuvent gêner l'interprétation des résultats (augmentation du cadmium sanguin proportionnelle à la quantité de tabac fumé). Les concentrations augmentent avec l'âge. Les taux de cadmium sanguin peuvent rester élevés même après plusieurs années après arrêt de l'exposition chez des sujets ayant été exposés longtemps à de forts niveaux d'exposition.
Un taux de cadmium sanguin de 4 µg/L correspond à 5 µg/g de créatinine de cadmium urinaire.
La valeur limite biologique (VLB) proposée par l'Anses pour le cadmium sanguin de 4 µg/L est une VLB pragmatique (toxicité tubulaire).
Le BEI de l'ACGIH pour le cadmium sanguin est basé sur la relation avec les effets rénaux.
Le dosage des métallothionéines dans les urines pourrait être utile pour la surveillance biologique : cette protéine reflète la charge corporelle en cadmium et est bien corrélée aux concentrations de cadmium sanguin. Ce dosage est sensible, spécifique, non influencé par une contamination externe et indépendant de la fonction rénale, mais encore du domaine de la recherche.
Interférences - Interprétation
Les contaminations métalliques étant le principal écueil lors de l'analyse des éléments traces, il est nécessaire de prendre certaines précautions lors du prélèvement (aiguille, tubes, bouchons, réactifs, antiseptiques exempts de cadmium...) et de l'acheminement (conservation, transport) au laboratoire. Pour cela, il est primordial que le médecin du travail prenne contact avec le laboratoire effectuant l'analyse (mais également avec celui qui fait le prélèvement s'il est différent) afin de se faire préciser les procédures de prélèvement et d'acheminement et les pièges à éviter. Dans tous les cas, les prélèvements doivent être réalisés en dehors des locaux de travail, au mieux après une douche ou le matin avant l'arrivée au travail et au minimum après lavage des mains pour limiter le risque de contamination, par un laboratoire participant au contrôle de qualité pour cet élément trace (risque d'erreur analytique non négligeable). Il est recommandé de réaliser les prélèvements urinaires et sanguins de cadmium, le matin, avant la prise de poste, quelque soit le jour de la semaine de travail.
Le tabac, l'alimentation (céréales, pommes de terre) et l'âge augmentent faiblement l'excrétion de cadmium urinaire ; on évitera de consommer abats et coquillages 3 jours avant le prélèvement (des taux jusqu'à 4,5 µg/g. de créatinine de cadmium urinaire peuvent être retrouvés). L'excrétion urinaire de cadmium est maximale le matin. Le tabac augmente les taux de cadmium sanguin.
Pour le dosage de la RBP urinaire (la RBP étant plus stable que la ß2M), il est nécessaire de faire appel à un laboratoire dont la méthode d'analyse est suffisamment sensible (limite de quantification < 50 µg/L). Les échantillons sont récoltés, à n'importe quel moment de la journée ou de la semaine, conservés au frigo à 4°C pendant 3 jours maximum avant envoi au laboratoire.
Pour le dosage de la ß2M, il est important de noter que les prélèvements urinaires doivent être effectués sur la deuxième miction du matin à n'importe quel jour de la semaine ; de plus, la ß2M se conservant mal lorsque le pH urinaire est acide, les échantillons doivent être tamponnés à pH 7 juste après le prélèvement.
L'excrétion de la RBP et de la ß2M est influencée par l'âge et par certaines pathologies rénales et par l'exposition à d'autres substances néphrotoxiques.
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Historique
Création de la fiche | 2003 |
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