Exposition sonore et risque auditif pour les professionnels de la musique et du son : revue bibliographique
Publication scientifique
Un état de l’art bibliographique a été réalisé afin de préciser l'ampleur du risque auditif auquel sont soumis les professionnels de la musique et du son. Il constitue la mise à jour d’une étude bibliographique menée par l’INRS en 2004. À partir de 1975, Cinquante-neuf publications ou articles s’intéressant à l’exposition sonore et/ou aux pertes auditives de ces professionnels ont été recensés et étudiés. Ils sont complétés par deux études de terrain. L’analyse distingue les musiciens d’orchestres symphoniques, les musiciens pratiquant la musique amplifiée, les techniciens exposés à la musique amplifiée et enfin les autres personnels travaillant sur des lieux de diffusion de la musique amplifiée. Deux volets de la problématique ont été étudiés : l'exposition sonore et les troubles auditifs de ces professionnels.
Les musiciens d’orchestre symphonique sont les moins exposés. Néanmoins, leur exposition quotidienne dépasse systématiquement 80 dB(A) et tous, à l’exception des pianistes, des joueurs de cordes basses et des chefs d’orchestre, sont exposés quotidiennement entre 85 dB(A) et 95 dB(A). Il en est de même pour les personnels travaillant dans les lieux de diffusion de la musique amplifiée, qui sont exposés entre 90 et 95 dB(A). Les DJs et les ingénieurs et techniciens du son sont exposés quotidiennement à 95 dB(A) en moyenne. Enfin l’exposition sonore quotidienne des musiciens pratiquant de la musique amplifiée est en moyenne de 102 dB(A).
Les pertes auditives permanentes dues à une exposition sonore trop élevée des professionnels du secteur de la musique et du spectacle sont avérées et les déficits peuvent être importants. Les musiciennes souffrent de pertes auditives moins sévères que les musiciens et de manière générale, l'oreille gauche semble plus vulnérable que l'oreille droite. Par ailleurs, les audiogrammes des musiciens présentent, pour beaucoup, et dès leur entrée dans la vie professionnelle, un scotome à 6 kHz qui semble être une caractéristique des pertes auditives induites par l’exposition à la musique. Enfin beaucoup des professionnels du secteur de la musique et du spectacle souffrent d'acouphènes et d'hyperacousie. Brian Johnson, Roger Taylor, Phil Collins sont quelques exemples emblématiques parmi de nombreux autres musiciens moins célèbres qui ont témoignés de leur surdité ou d'autres troubles auditifs handicapants. Cependant, les pertes auditives sont moins élevées que ce qui pouvait être craint compte-tenu du niveau élevé de l’exposition sonore, en particulier pour les professionnels pratiquant ou simplement exposés à la musique amplifiée. Ce constat doit être modéré pour les musiciens par les faits suivants : 1) leur audition est initialement meilleure que celle de la population générale 2) leurs capacités auditives les rendent plus performants lors des audiogrammes 3) parmi les musiciens étudiés, ceux souffrant de pertes auditives sévères ont dû arrêter leur activité professionnelle et sortent donc des analyses statistiques (biais du survivant).
Le constat est sans appel : l’audition des professionnels du secteur de la musique et du spectacle court un risque lié à une exposition sonore excessive reçue dans le cadre de leur activité et il convient d’appliquer à cette population de travailleurs les exigences du code du travail en termes de surveillance médicale, information, formation, protection collective et protection individuelle contre le bruit. Ainsi, la dernière partie de l’étude recense les documents guides pour la protection de cette population et en décrit les principales dispositions.
-
Fiche technique
Fiche technique
-
Année de publication
2020 -
Langue
Français -
Discipline(s)
Acoustiquebruit -
Auteur(s)
-
Référence
Note Scientifique et Technique de l’INRS, NS 370, Janvier 2020, 60 p.
-