Guide de lecture EFICATT
La base de données EFICATT (Exposition fortuite à un agent infectieux et conduite à tenir en milieu de travail) est constituée de fiches reprenant l’essentiel des données concernant certaines maladies infectieuses transmissibles à l’homme. Elle met à disposition des professionnels de santé les éléments utiles pour évaluer le risque, puis définir en cas d’exposition la conduite à tenir immédiate ainsi que le suivi médical à mettre en place.
Les fiches sont structurées selon 6 chapitres :
- Agent pathogène : caractéristiques de l’agent pathogène (nom, groupe de classement, réservoir, source, vecteur, viabilité, infectiosité).
- Données épidémiologiques : en population générale et en milieu professionnel avec une attention particulière sur les cas survenus en laboratoire.
- Pathologie : modes de transmission, période de contagiosité, incubation, description rapide de la maladie (clinique, diagnostic, traitement), populations à risque particulier dont la grossesse, immunité et prévention vaccinale.
- Que faire en cas d’exposition : définition d’un sujet exposé et principales professions concernées, conduite à tenir immédiate face à un sujet exposé et éléments nécessaires pour évaluer le risque et assurer la prise en charge et le suivi médical.
- Démarche médico-légale : existence d’une déclaration obligatoire ou d’un signalement et système de réparation avec notamment lien vers le tableau de maladie professionnelle quand il existe.
- Eléments de référence : coordonnées du centre national de référence (CNR) quand il existe, ainsi que les textes de références puis la bibliographie.
Date de mise à jour : cette date est modifiée chaque fois qu’une actualisation importante est réalisée.
Agent pathogène
Descriptif de l’agent pathogène :
- Type d’agent : indique s’il s’agit d’une bactérie, d’un virus, d’un parasite, d’un champignon ou d’un ATNC (Agent Transmissible Non Conventionnel).
- Descriptif de l’agent : on y trouve quelques éléments sur la taxonomie et le typage de l’agent infectieux.
- Groupe de classement : L’évaluation des risques infectieux, prescrite par le décret n° 94-352 du 4 mai 1994 relatif à la protection des travailleurs contre les risques résultant d’une exposition à des agents biologiques, est effectuée sur la base d’un classement des agents biologiques en 4 groupes en fonction de l’importance du risque d’infection qu’ils présentent (art. R.231-61-1).
Groupe |
Pathogénicité chez l’homme |
Danger pour les travailleurs |
Propagation dans la collectivité |
Existence d’une prophylaxie ou d’un traitement |
---|---|---|---|---|
1 |
Non |
- |
- |
- |
2 |
Oui |
Oui |
Peu probable |
Oui |
3 |
Oui |
Oui |
Possible |
Oui |
4 |
Oui |
Oui |
Risque élevé |
Non |
Réservoir et principales sources d’infection :
- Type de réservoir : homme, animal ou milieu (eau, terre…) où l’agent pathogène peut survivre ou se multiplier. L’homme ou l’animal peut être réservoir sans être malade (ex : salmonelles, méningocoques). L’infection d’un sujet réceptif (hôte) est possible à partir de ce réservoir selon différents mécanismes de transmission soit directement, soit par l’intermédiaire d’un vecteur.
- Source : lorsque le réservoir est un homme ou un animal, il s’agit des produits biologiques où l’agent infectieux est présent et qui peuvent être à l’origine de l’infection de l’hôte (exemple : sécrétions respiratoires dans le cas de tuberculose pulmonaire, sang dans le cas d’hépatite C, selles dans le cas de fièvre typhoïde). Si le réservoir est environnemental, il s’agira d’eau (légionellose) ou de terre (tétanos).
- Vecteuri: être vivant, le plus souvent un arthropode (moustique, tique) qui acquiert l’agent infectieux auprès du réservoir et le transmet à l’hôte réceptif. La présence de ce réservoir intermédiaire est indispensable à la transmission de l’agent pathogène : par exemple, l’anophèle pour le paludisme, la tique pour la maladie de Lyme.
Viabilité et infectiosité :
- Viabilité, résistance physico-chimique : survie, sensibilité et résistance notamment aux désinfectants, à la chaleur…
- Infectiosité : dose infectieuse, importance de la transmissibilité et taux d’attaque.
Données épidémiologiques
Population générale :
- Répartition de la maladie dans le Monde et en France.
Milieu professionnel :
- Episodes de transmission en milieu de travail, nombre de cas décrits liés au travail.
- En laboratoire : cas particuliers de transmission de la maladie dans le cadre de travaux d’analyse ou de recherche en laboratoire. Une revue générale des cas publiés jusqu’en 2005 a été réalisée (1-5). Elle est mise à jour ensuite au décours des actualisations.
Bibliographie laboratoire
- Faber Bouillot Kathy – 1985-2005 : un bilan des infections acquises dans les laboratoires médicaux. Thèse pour le Doctorat en médecine 2006
- Collins CH, Kennedy DA - Laboratory-acquired infections. History, incidence, causes and preventions. Oxford : Butterworth Heinemann ; 1999 : 324 p.
- Tarantola A, Abiteboul D, Rachline A. - Infection following accidental exposure to blood or body fluids in health care workers: a review of pathogens transmitted in published cases. Am J Infect control 2006; 34 : 367-75.
- Pike RM - Laboratory-associated infections : summary and analysis of 3921 cases. Health Lab Sci. 1976 ; 13 (2) : 105-114.
- Fleming DO, Hunt DL – Biological Safety : principles and practices. Third edition. Washington DC : ASM press ; 2000 : 784 p.
Pathologie
Transmission :
- Mode de transmission : la transmission est définie par le mécanisme de passage d’un micro-organisme du réservoir (le plus souvent un sujet porteur) vers un hôte susceptible. Pour qu’une infection survienne, l’agent infectieux doit pénétrer dans l’organisme par une porte d’entrée spécifique et ceci en concentration suffisante (dose infectante). Un même micro-organisme peut être transmis par plusieurs voies différentes.
- La transmission par contact :
C’est le plus important et le plus fréquent des modes de transmission, y compris professionnel. Il concerne les micro-organismes qui peuvent survivre, même de façon éphémère, dans l’environnement.
Ce type de transmission survient lorsqu’un micro-organisme est transmis par contact entre un produit contaminé (sang, sécrétions, eau souillée…) issu du réservoir et un hôte susceptible. Cette transmission peut se faire :
- lors d’un contact physique, d’une morsure, d’un baiser ou de relations sexuelles
- par l’intermédiaire de mains souillées
- à partir d’un support intermédiaire (objets souillés, surfaces contaminées)
- par projection de produits contaminés
Ce contact permet à l’agent infectieux de pénétrer dans l’organisme de l’hôte par une porte d’entrée spécifique. Selon le micro-organisme, il s’agira d’un contact avec :
- les muqueuses ORL et/ou oculaire (rubéole, VRS, grippe…)
- la muqueuse digestive (hépatite A, fièvre typhoïde…)
- une effraction cutanée (leptospirose, charbon, rage…)
- une peau saine (gale…)
- les muqueuses sexuelles (VIH, VHB…)
La transmission par accident exposant au sang (AES) ou à des liquides biologiques est une forme de transmission par contact. Un AES est un contact accidentel avec du sang ou un liquide biologique, survenant par effraction cutanée (piqûre, coupure) ou par projection sur une muqueuse ou sur une peau lésée (plaie, eczéma...).
- La transmission par gouttelettes (« droplets ») :
L’agent infectieux se trouve dans la salive ou les voies aériennes supérieures du patient réservoir. Des gouttelettes de grande taille (> 5 µm) sont générées lors de la toux, du mouchage, ou de la parole. Elles sont projetées à de courtes distances (< 1 mètre) et sédimentent rapidement. Elles peuvent se déposer sur les conjonctives, la muqueuse nasale et la bouche de l’hôte. Signalons que les gouttelettes se déposent également sur les surfaces qui peuvent, dans certains cas, être à l’origine d’une transmission par contact.
Ce mode de transmission concerne les agents infectieux présents dans la sphère ORL tels : VRS, virus de la grippe, méningocoque, streptocoque A, pneumocoque, B. pertussis, C. diphteriae....
- La transmission par aérosols (« droplet nuclei ») :
La transmission par aérosols implique des particules de moins de 5 µm (« droplet nuclei ») : ce sont des gouttelettes asséchées ou des poussières contenant des micro-organismes. Ceux-ci sont habituellement assez résistants dans l’environnement, pour rester viables dans les droplet nuclei.
Les droplet nuclei peuvent être véhiculées par les flux d’air sur de longues distances (plusieurs dizaines de mètres), et être inhalées par un hôte susceptible. Ce mode de transmission concerne notamment les agents infectieux de la tuberculose, la varicelle, la rougeole, la variole, le charbon.
- La transmission par vecteur :
Elle est exceptionnelle en milieu professionnel en France. Elle implique un vecteur vivant (moustique, rat, mouche, tique….), réservoir intermédiaire du micro-organisme indispensable à la transmission de la maladie (maladie de Lyme, paludisme…).
- Cas particuliers :
La transmission materno-fœtale : certains agents infectieux présents chez la femme enceinte peuvent se transmettre au fœtus par voie transplacentaire ou au moment de l’accouchement (rubéole, infection à CMV, toxoplasmose, infection VIH…).
La transmission par ingestion d’aliments ou d’eau contaminés : l’exemple type est la toxi-infection alimentaire collective (TIAC) à salmonelle où le réservoir est le personnel de la chaîne de préparation alimentaire, porteur digestif d’une salmonelle qui va se multiplier dans l’aliment manipulé, infectant ensuite le consommateur.
La transmission par transfusion de sang ou produits dérivés du sang : elle est devenue exceptionnelle (CMV, VIH, VHC, VHB, Parvovirus B19…) et ne concerne pas le milieu de travail.
- La transmission par contact :
- Période de contagiosité : période pendant laquelle le sujet infecté peut transmettre l’agent pathogène, indépendamment de la présence de symptômes.
La maladie :
- Incubation : délai entre le moment de la contagion et l’apparition des 1ers symptômes de la maladie.
- Clinique : cette rubrique contient quelques éléments cliniques essentiels avec une brève description des formes les plus fréquemment rencontrées.
- Diagnostic : sont décrits dans cette rubrique les principaux examens biologiques utilisés pour confirmer le diagnostic de la maladie.
- Traitement : y figurent à titre indicatif les grandes lignes de thérapeutique habituellement utilisées (il ne s’agit pas de recommandations de prescription car ce n’est pas l’objectif de ce guide).
Populations à risque particulier :
- Terrain à risque accru d’acquisition : ensemble des facteurs de risque (âges extrêmes, pathologies sous-jacentes, origine géographique…) favorisant l’apparition de la maladie chez un sujet non atteint au préalable.
- Terrain à risque accru de forme grave : ensemble des facteurs de risque contribuant à l’aggravation de la maladie chez un sujet atteint. Ces facteurs peuvent être les mêmes que ceux favorisant l’acquisition de la maladie.
- Cas particulier de la grossesse : précise d’une part si l’état de grossesse peut aggraver la maladie et d’autre part s’il existe un risque pour le déroulement de la grossesse et pour le fœtus.
Immunité et prévention vaccinale :
- Immunité naturelle : indique s’il existe ou non une immunité acquise du fait d’une infection.
- Prévention vaccinale : Cette rubrique informe sur l’existence éventuelle de vaccin(s) et dans ce cas propose un lien vers le calendrier vaccinal en vigueur.
- Immunité vaccinale : donne des précisions sur la protection conférée par le vaccin.
Que faire en cas d’exposition
Définition d’un sujet exposé :
Décrit les conditions nécessaires pour considérer qu’un sujet a été exposé au risque.
- Activités exposantes i: sont listées ici les professions plus particulièrement exposées.
Conduite à tenir immédiate :
Sont indiquées ici les mesures à prendre en urgence: 1ers soins, alerte, démarche afin d’éviter d’autres expositions…
Evaluation du risque :
Cette rubrique détaille les éléments à prendre en compte afin d’évaluer de façon plus précise l’importance de l’exposition et donc le risque encouru par le sujet. C’est sur de cette évaluation que reposeront les mesures à prendre (prophylaxie, suivi médical…).
- Selon les caractéristiques de la source et le type d’exposition : caractéristiques du cas source, produits biologiques pouvant être contaminés.
- Type d’exposition : principaux éléments à prendre en compte pour préciser l’importance du risque de transmission/proximité du cas, port d’EPI…
Lorsqu’il existe des conditions particulières d’exposition à l’agent biologique en cause à prendre en compte au laboratoire d’analyses cette rubrique en fait état. Par exemple attention au risque d’inhalation lors de la manipulation de cultures en milieu liquide (suspension bactérienne).
- Type d’exposition : principaux éléments à prendre en compte pour préciser l’importance du risque de transmission/proximité du cas, port d’EPI…
- Selon les caractéristiques du sujet exposé : caractéristiques susceptibles de modifier l’importance du risque de transmission/immunité vis-à-vis de la maladie, immunodépression…
Prise en charge du sujet exposé :
- Mesures prophylactiques :
Indique le traitement éventuel à mettre en œuvre, s’il dispose d’une AMM, ou sinon sur quelles recommandations il repose (cf. rubrique textes de référence).
Si, du fait de la nature particulière de l’exposition en laboratoire, le traitement post-exposition diffère, cette rubrique le signale. - Suivi médical :
Détaille les modalités du suivi à mettre en place si nécessaire, en individualisant le cas particulier de la prise en charge de la femme enceinte exposée. - Pour l’entourage du sujet exposé
Cette rubrique donne des recommandations éventuelles pour l’entourage du sujet exposé. On y détaille le cas particulier où le sujet exposé aurait dans son entourage une femme enceinte, un sujet fragile ou un petit enfant…
Démarche médico-légale
- Déclaration/signalement : indique si la maladie est à déclaration obligatoire ou non et si un signalement est nécessaire. Concernant les modalités de cette déclaration, un lien est fait vers le site internet de Santé publique France.
- Réparation : notamment lien vers tableau des MP-INRS quand il existe.
Eléments de référence
- CNR :
Quand un Centre National de Référence pour l’agent concerné existe, ses coordonnées sont précisées dans cette rubrique. - Texte(s) de référence :
Sont mentionnés à cette rubrique, lorsqu’ils existent, le ou les textes de référence (circulaires, avis du Conseil supérieur d’hygiène publique de France, conférence de consensus) sur lesquels se basent les recommandations de conduite à tenir figurant dans la fiche. En l’absence de ce type de texte, les recommandations sont issues d’un consensus des membres du comité scientifique du guide EFICATT (cf. groupe de travail EFICATT). - Bibliographie :
Regroupe les éléments de la littérature ayant permis l’élaboration de la fiche. - En savoir plus :
Liens vers des documents utiles sur le même thème.