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Trihydrure d’arsenic

Fiche toxicologique n° 53

Sommaire de la fiche

Édition : Octobre 2023

Recommandations

En raison de la très grande toxicité et des risques d’inflammation et d’explosion du trihydrure d’arsenic, des meures très strictes de prévention et de protection s’imposent lors de son stockage et de sa manipulation.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [28].
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • Interdire l'accès des zones où existe un risque d'exposition aux personnes non autorisées. Ne jamais travailler seul avec du trihydrure d'arsenic. Une autre personne au moins, entraînée pour les secours, devra être présente.
  • Contrôler en continu la teneur de l'atmosphè­re en trihydrure d'arsenic. Ne pas se fier à l'odeur caractéristique d'ail car ce gaz n'a pas d'odeur à l'état naissant.
  • Réduire le nombre de contenants (bouteilles notamment) au minimum nécessaire permettant d’assurer le bon fonctionnement du poste de travail.
  • Le flexible utilisé pour raccorder le contenant doit être adapté au trihydrure d'arsenic, à la pression et comporter des câbles de retenues correctement fixés. Utiliser des équipements dont les matériaux sont compatibles et résistants au trihydrure d’arsenic.
  • Assurer une bonne ventilation des locaux de manière à maintenir la teneur en trihydrure d’arsenic dans l’atmosphère inférieure à 4500 ppm (c’est-à-dire inférieure à 10 % de la limite inférieure d’explosivité). Ne pas travailler dans des locaux exigus et/ou mal aérés.
  • Manipuler les contenants avec soin pour prévenir les chocs.
  • Utiliser les bouteilles debout et attachées afin d’éviter leur chute.
  • Lors des déplacements de contenants, privilégier un dispositif de transport approprié (type chariot porte-bouteille) muni d’un système d’attache. Le robinet doit être fermé et surmonté de son chapeau de protection s’il existe.
  • Protéger les contenants du soleil et des sources de chaleur.
  • Ne jamais transvaser le trihydrure d'arsenic d’un contenant à un autre.
  • Fermer le robinet du contenant à chaque arrêt prolongé du poste (un flexible n'est pas conçu pour rester de manière prolongée sous pression).
  • Prévenir toute inhalation de trihydrure d'arsenic. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration du gaz à la source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [29].
  • Evaluer régulièrement l’exposition des salariés au trihydrure d’arsenic présent dans l’air (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
  • Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité de la substance trihydrure d’arsenic doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [30].
  • Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant du trihydrure d’arsenic doivent faire l’objet d’un permis de feu [31].
  • Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [32].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du trihydrure d’arsenic sans prendre les précautions d’usage [33].

La plupart des mesures préconisées ci-des­sus sont applicables aux opérations où le trihy­drure d'arsenic est susceptible de se dégager de façon inattendue. Ces opérations devront être réalisées uniquement par du personnel bien informé, respectant scrupuleusement les mesures de prévention et en particulier la pré­sence de deux travailleurs au moins sur le lieu de travail et le maintien, à proximité immédiate, d'un appareil de protection respiratoire pour chaque opérateur.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.

Les EPI ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [34, 35].

  • Appareils de protection respiratoire : Si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type B lors de la manipulation de la substance [36]Pour des interventions d'urgence, le port d'un appareil respiratoire autonome isolant est nécessaire.
  • Gants : La rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des matériaux pouvant être utilisés pour la manipulation de cette substance.
  • Vêtements de protection : Quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [37].
  • Lunettes de sécurité : La rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [38].

 

Stockage

  • Stocker les contenants (bouteilles…) de trihydrure d’arsenic debout et attachés, à l’air libre ou dans des locaux spéciaux frais (température de stockage inférieure à 50 °C), bien ventilés, construits en matériau incombustible. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelle, flamme nue, rayonnement solaire…). Dans tous les cas, il conviendra de se conformer aux préconisations du fabricant.
  • Ne pas entreposer avec des matières oxydantes, des substances comburantes ou tout produit chimique dangereux.
  • La zone de stockage sera balisée par une signalisation rappelant la nature du produit stocké et des risques qu'il présente. Seul le personnel autorisé et informé pourra y péné­trer. Il conviendra de limiter autant que pos­sible les quantités stockées.
  • Une procédure de réception des bouteilles sera établie et suivie à chaque nouvel arrivage (vérification de l'étanchéité des récipients, de l'étiquetage, de l'indication de la date de rem­plissage, de la concentration du produit...). Arrimer individuellement chaque bouteille.
  • Le stockage du trihydrure d'arsenic s’effectue habituellement sous forme de gaz liquéfié ; l’ogive de la bouteille est de couleur jaune [39]. Dans tous les cas, il convient de s’assurer, auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage, de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.
  • Les contenants vides doivent être identifiés et stockés séparément. Ils doivent être évacués régulièrement par le fournisseur.
  • Fermer soigneusement les contenants et ne pas laisser les flexibles sous pression. Surmonter le robinet de son chapeau de protection s’il existe.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
  • Pour éviter un échauffement, en cas d'incen­die par exemple, il conviendra de prévoir soit un système de refroidissement à eau, soit un dispositif de manutention rapide des récipients.
  • Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes pour intervention d'urgence seront disponibles à proximité des locaux ; le personnel sera formé au port de ces appareils.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Éliminer le trihydrure d'arsenic en l'introdui­sant lentement dans une solution aqueuse contenant une quantité adéquate d'hypochlorite de sodium ou de calcium, ou de permanganate de potassium.
  • Eviter les rejets de trihydrure d'arsenic dans l'environnement.
  • Dans tous les cas, traiter les déchets, résidus ou bouteilles endommagées dans les condi­tions autorisées par la réglementation (inciné­ration sous contrôle rigoureux ou évacuation vers un site spécialisé).

 

En cas d’urgence

  • En cas de fuite non enflammée, fermer l'arrivée du gaz. Si la fuite ne peut être stoppée, faire évacuer immédiatement les locaux, interdire l'approche pour éviter tout risque d'intoxication et d'inflammation (voiture, matériel électrique, feu nu...) et ne laisser intervenir que des personnes spécialement entraînées et munies d'équipements de protection appropriés. Éventuellement, abattre le gaz à l'aide d'un brouillard d'eau. Dans tous les cas, aérer la zone et éviter la formation de sources d'inflammation. Si la fuite provient d'une bouteille, essayer de la déplacer à l'air libre en portant une protection adaptée.
  • En cas de fuite enflammée, fermer l’arrivée du gaz si l'accès au robinet peut se faire sans risque ; si la fuite ne peut être stoppée, laisser brûler en refroidissant les bouteilles et les installations voisines exposées au feu à l’aide d’eau pulvérisée.
  • Si des bouteilles de trihydrure d’arsenic sont exposées à un incendie (sans que le trihydrure d’arsenic ne brûle lui-même), refroidir les contenants à l’aide d’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • En cas d’échauffement apparent d’une bouteille, ne pas s’en approcher et arroser abondamment la bouteille avec de l’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • Prévoir des moyens de secours appropriés contre l'incendie, à proximité immédiate du dépôt.
  • Des appareils de protection respiratoires isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité [40].
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Informer les travailleurs qui risquent accidentellement d'être exposés au trihydrure d'arsenic, du danger du produit même à très faible concentration. Les travailleurs seront également informés que les effets sur la santé peuvent apparaître quelques heures après l'inhalation du gaz et que les premiers symptômes peuvent être insidieux.
  • Lors des visites initiale et périodiques :
    • Examen clinique : rechercher plus particulièrement des signes évocateurs d'une atteinte hématologique (anémie, ictère, splénomégalie), rénale (hémoglobinurie détectable à la bandelette urinaire mais nécessitant une confirmation par électrophorèse) ou hépatique (hépatomégalie).
    • Examens complémentaires : la fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.

 

Conduites à tenir en cas d'urgence :

L'exposition aiguë au trihydrure d'arsenic peut conduire à une intoxication grave et doit être considérée comme une urgence médicale. Elle justifie l'appel systématique et immédiat du SAMU ou du centre antipoison.

Afin d’assurer l’efficacité de la prise en charge de la victime, un protocole précis d’organisation des secours en cas d’accident doit être établi de façon anticipée, par écrit, par le médecin du travail en collaboration avec les responsables de l'entreprise, le CSE, les secouristes et les organismes extérieurs de secours d'urgence. Ce protocole doit notamment comporter les précautions à prendre pour éviter les accidents en chaine (intoxications des premiers intervenants), les coordonnées des personnes et organismes à contacter en urgence, les modalités des premiers soins à donner aux victimes.

L’information et la formation régulière du personnel aux gestes de première urgence à appliquer lors de ce type d’accidents doit-être organisée. La présence de secouristes formés, entraînés et périodiquement recyclés doit également être prévue dans les ateliers où sont effectués des travaux dangereux.

Le matériel de secours nécessaire doit être placé à proximité des ateliers, en dehors des zones à risque, et doit être vérifié et entretenu régulièrement. Il comprend notamment des appareils de protection individuelle pour les secouristes, des douches pour la décontamination cutanée et oculaire, du matériel de ventilation assistée et surtout d’oxygénothérapie avec masque, dont les modalités d’utilisation seront précisées par le médecin du travail. En cas d’accident, la décision d’administration de l’oxygénothérapie ne sera prise qu’après avis médical, sur la base de la symptomatologie et/ou de la forte présomption d’intoxication et selon l'éloignement des services d'urgence.

  • En cas d’inhalation, appeler immédiatement un SAMU et faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation en évitant de pratiquer la ventilation assistée au bouche à bouche (ventiler au masque). Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).
  • En cas de contact cutané, appeler immédiatement un SAMU, et faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais (après une première décontamination sur place). Retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes.
  • En cas de projection oculaire, appeler immédiatement un SAMU, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées ; en cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste aussitôt après une première décontamination sur place, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
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