Description clinique de la maladie indemnisable (novembre 2010)
I. Affections voies aériennes
Définition de la maladie
Sous cette dénomination, toute atteinte aiguë ou chronique des voies aériennes liée au caractère irritant du sélénium peut être admise.
Les voies aériennes comprennent l’ensemble des organes allant des fosses nasales aux alvéoles pulmonaires (nez, larynx, pharynx, trachée, bronches).
En raison du caractère irritant du sélénium et du délai de prise en charge de 5 jours, l’item retenu reprend plus vraisemblablement «les affections aiguës des voies aériennes».
Diagnostic
L’inhalation de fumées et de poussières de sélénium peut provoquer une irritation des muqueuses nasales avec épistaxis, douleurs nasales, anosmie et sensation de nez bouché.
Ces manifestations s’accompagnent ensuite d’hypersécrétion nasale, toux, dyspnée, souvent associés à des douleurs thoraciques. Elles peuvent se compliquer d’œdème pulmonaire, en particulier en présence d’hydrogène sélénié.
Certains auteurs retrouvent la notion d’une odeur alliacée de l’haleine. Cette odeur ne peut être un indicateur fiable de la quantité absorbée. Elle disparaît en 10 jours.
Evolution
L’ensemble des manifestations régresse habituellement sous traitement, après cessation de l’exposition.
Traitement
Il repose essentiellement sur la soustraction au risque, aussi précoce que possible. Le traitement est ensuite symptomatique.
II. Œdème pulmonaire
Définition de la maladie
L’œdème pulmonaire correspond à l’inondation des poumons par des sérosités provenant des capillaires pulmonaires.
Le sélénium et ses dérivés, en particulier l’hydrogène sélénié, sont très irritants et entraînent une altération de la membrane alvéolo-capillaire avec œdème pulmonaire lésionnel.
L'œdème pulmonaire peut apparaître 2 à 8 heures après l’inhalation (œdème pulmonaire d’apparition retardée).
Diagnostic
Le diagnostic positif est clinique.
Il existe de multiples causes d’œdème pulmonaire ; le diagnostic étiologique peut nécessiter de nombreux examens complémentaires.
L’exposition au sélénium s’accompagne d’une irritation aiguë des voies aériennes qui précède l’apparition de l’œdème pulmonaire.
Evolution
L’œdème régresse habituellement totalement, sous traitement, après cessation de l’exposition.
Des séquelles bronchiques sont possibles.
Traitement
Il repose essentiellement sur la soustraction au risque, aussi précoce que possible. Le traitement est ensuite symptomatique.
III. Brûlures et irritations cutanées
Définition de la maladie
L’irritation cutanée regroupe, par définition, toutes les lésions non immunologiques subies par la peau au contact avec les agents physicochimiques.
Dans cet item peuvent être retrouvées les brûlures provoquées par le sélénium (liées au caractère caustique, en particulier l’oxychlorure de sélénium), ainsi que les dermites d’irritation le plus souvent aiguës.
Diagnostic
Les brûlures par les différents métaux donnent, sur le plan clinique, des ulcérations dénommées pigeonneau.
Le caractère irritant et caustique du sélénium entraîne des ulcérations torpides, peu douloureuses, à fond sale et entourées d’un bourrelet kératosique.
Par ailleurs, le sélénium et en particulier l’anhydride sélénieux peuvent entraîner des dermatites d’irritation avec placards érythémateux ou érythémato-squameux sur la zone en contact. Ces placards sont «persillés» d’un semis de vésicules pouvant former des bulles.
Ces dérivés peuvent donner aussi des manifestations urticariennes.
En cas d’irritation chronique, il a été décrit des pertes de poils pouvant entraîner une alopécie, des onychopathies, une coloration rose des paupières.
Evolution
Les complications de ces manifestations cutanées sont essentiellement des surinfections bactériennes (furoncle, panaris, dermatites infectées).
Les manifestations irritatives disparaissent rapidement avec cessation du contact.
Traitement
Le traitement est purement local. L’utilisation de corticostéroïdes dépend du degré d’inflammation des lésions.
IV. Brûlures oculaires et conjonctivite
Définition de la maladie
La conjonctive est une muqueuse oculaire en contact avec l’atmosphère, qui protège l’œil contre les agressions extérieures. Elle tapisse la face antérieure du bulbe oculaire et la face interne des paupières et forme deux culs de sac supérieur et inférieur. La conjonctive réagit aux agressions selon un même processus quelle que soit leur origine ; la conjonctivite est l’affection la plus fréquente de la conjonctive. Les étiologies sont diverses, infectieuses bactériennes et virales, parasitaires, allergiques ou irritatives. Le sélénium peut être à l’origine de brûlures oculaires et de conjonctivites, par projection sur la face, à partir de gaz, vapeurs ou poussières.
Diagnostic
Les signes fonctionnels de la conjonctivite sont une sensation de gêne, de cuisson, de corps étranger, de sable dans les yeux, une douleur superficielle, une photophobie ou un prurit (évoquant plus particulièrement l’allergie). L’acuité visuelle est normale. Le principal signe physique est l’hyperhémie, avec une rougeur de l’œil (à un stade plus avancé peuvent apparaître des suffusions hémorragiques). Un œdème se manifeste par un gonflement de la conjonctive bulbaire (le chémosis) et plus rarement des paupières. Existe aussi un larmoiement réflexe. On note dans la conjonctivite au sélénium une coloration rose de la paupière.
La brûlure oculaire se manifeste plus particulièrement par des douleurs et une rougeur.
L’examen de l’œil doit être complet (cornée, paupières dont le bord libre, appareil lacrymal, recherche d’adénopathies loco-régionales). Les circonstances de survenue quasi-accidentelles, le danger connu, la coloration rose, l’irritation cutanée et respiratoire possiblement associées et l’odeur alliacée de l’haleine devraient faciliter le diagnostic étiologique.
Evolution
La conjonctivite et les brûlures au sélénium sont des affections aiguës qui devraient guérir. Les risques de séquelles en particulier oculaires sont liés à la présence ou non de lésions cornéennes.
Traitement
L’éviction temporaire du risque est nécessaire. Le lavage abondant à l’eau est indispensable, complété par des collyres.